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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ryûji est marin.
Problème : il n'aime pas trop la mer.
Explication : il déteste encore plus la terre.
Alors des deux maux, il choisit le moindre et continue à arpenter les mers, sans attaches, sans but et sans gloire. Jusqu'à sa rencontre avec Fusako. Bien évidemment elle vit à terre, avec son fils Noburu. Vendeuse de son état, elle traîne à sa suite son mal-être de jeune veuve.
Ils font connaissance, passent la nuit ensemble et prévoient de se revoir (♪ Well, all you need is love and understanding ♫). D'ailleurs, preuve que ce n'est pas juste un one night stand, Fusako ne tarde pas à présenter Noburu à son amoureux de marin. Une découverte pour Ryûji mais pas pour le jeune ado qui connaissait déjà l'existence du matelot transi d'amour pour avoir espionné ses ébats avec sa mère par un trou dans le mur reliant leurs deux chambres. Et Noburu – coup de bol – adore la mer, rêve de se faire moussaillon et voit en Ryûji le possible modèle paternel qui semblait manquer à sa vie.
Oui mais voilà, l'attitude de Ryûji le déçoit, prêt à abandonner les flots pour une histoire de coeur. La déchéance ! Sans compter, et ça Noburu ne l'encaisse pas, qu'un jour en croisant Ryûji dans un parc, ce dernier pas habillé impeccablement et usant d'un langage familier aux oreilles du garçon, lui a foutu la honte devant sa bande de copains.
Sa bande de copains, parlons-en. Des ados s'entraînant à nier toute émotion, torturant et tuant d'inoffensifs animaux jusqu'à ne plus ressentir la moindre humanité, avec à sa tête un petit caïd, genre de mini-leader charismatique qui décide d'un seul coup que ce serait plutôt chiadé de tuer quelqu'un, non ? Et pourquoi pas Ryûji ? Après tout, ce marin d'eau douce qui risque, par sa liaison amoureuse, de finir en beau-père de Noburu qui à la réflexion n'en veut pas, autant s'en débarrasser. Et puis d'ailleurs, quel genre de pauvre type peut préférer l'amour d'une femme à l'amour de la mer ? Faut vraiment être faiblard.
Et le plan diabolique de ces lardons se met en place en parallèle de la chute de Ryûji dans l'estime de Noburu, en quête inconsciente d'un héros qui n'existe que dans le fantasme qu'il entretient de la figure paternelle qu'il n'a jamais connu.

Pas à dire, Yukio Mishima sait comment instiller le poison du malaise.

Pour un auteur dont personnellement j'attends toujours beaucoup (ce qui ne me semble pas trop demander pour une pointure pareille) j'avoue un poil de déception à la lecture de ce marin rejeté par la mer.
L'écriture est toujours belle, sachant se faire tendre ou tranchante à l'envi, sur elle rien à redire mais l'histoire franchement moyenne et limite crédible m'a fait considérer cette oeuvre comme plutôt mineure dans la bibliographie de ce conteur hors pair.
Puis curieusement, sans chercher à lui attribuer plus d'éloges qu'il ne mérite, je me rends compte que cette lecture remonte à la fin de l'été indien et que, malgré tout, elle revient régulièrement me trotter dans le sinoquet. Pourtant, je le redis, pour moi on est loin du chef-d'oeuvre, mais force est de l'admettre : un Mishima, même modeste, est toujours troublant et s'assure de ne jamais se faire oublier facilement.
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Tout est dit dans la présentation de Babelio...Fusako, jeune veuve depuis cinq ans fréquente Tsukarazi, un officier de marine marchande et pense pouvoir reconstruire sa vie auprès de cet homme solide et fiable, qui pourrait être la figure masculine qui manque à son fils de treize ans. D'abord admiratif de cet homme auréolé du prestige du grand voyageur, le jeune Noboru va assez rapidement rejeter cet homme qu'il méprise. Influencé par une bande d'amis prêt à se défier mutuellement, il va s'enferrer dans une logique de rite sacrificiel, justifiée par des griefs imaginés et fantasmés.
Le marin rejeté par la mer est le récit dérangeant et glaçant, qui met en lumière le manque d'empathie et la psychopathie naissant dans l'esprit d'un jeune garçon influençable, enfermé dans une logique de recherche d'idéal et de pureté jusqu'à perdre pied avec la réalité.
Un conte monstrueux que l'on peut lire grâce à la beauté de l'écriture de Mishima, mais qui reste effrayant.
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Si, comme moi, on ne lit pas les quatrièmes de couverture avant d'avoir fini le roman, on a du mal à se figurer dès l'abord où l'auteur nous emmène. L'écriture est fluide, raffinée et le dépaysement culturel agréable a priori. Mais on est entraîné malgré soi sur un chemin funeste et on voudrait ne pas se sentir impuissant à infléchir le cours de l'histoire, de cette histoire qui fait froid dans le dos rien que d'y repenser.
C'est avec ce roman que j'aborde cet auteur mais je connaissais un peu sa biographie et en particulier son suicide qui a fait grand bruit. Je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a quelque chose d'autobiographique dans ce récit, trouvant certains points communs au récit et à la vie de Mishima tels les idéaux de pureté et d'insensibilité ainsi que la mise en scène du sacrifice humain qui amènerait une sorte de rédemption du péché de faiblesse.
C'est un roman très court mais extrêmement efficace. Je me promets de revenir à cet auteur pour m'en faire une meilleure idée.
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Sombre et somptueuse tragédie autour d'un trio que la mer vient jeter les uns contre les autres, chacun charriant avec lui des aspirations irréconciliables: un marin qui dépose sur la jetée ses rêves de gloire, un garçon qui phantasme un père puissant,entre eux sa mère qui attend l'amour. Pendant que l'homme s'assouplit dans l'acceptation d'un bonheur familial, l'enfant,déçu et frustré, durcit ses nerfs fragiles dans un projet de revanche.
Je découvre Mishima avec ce texte tout en nuances, d'une délicatesse épurée dans les scènes de mer et de port sous la lune, et d'une violence sourde, proche du malaise, dès que paraît l'enfant. Un récit qui m'a à la fois envoûtée et mise mal à l'aise, semblant révéler un auteur implacable et torturé.
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Premier livre de Mishima que je lis. C'est un indéniable conteur, pour nous narrer ainsi l'indicible et la cruauté qui découle du code d'honneur japonais.

Le roman est bref et bien mené. Beaucoup de choses sont suggérées y compris la fin par le titre, et c'est, ma foi, malgré les atrocités commises par ce groupe d'enfants en mal de héros, une lecture agréable.

Je tenterai certainement une autre incursion dans l'univers de cet auteur.
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« A treize ans, Noboru se figurait avoir du génie (tous les membres de sa bande pensaient de même), il croyait que la vie se résumait à des symboles et des décisions simples, que la mort prenait racine au moment de la naissance… » Et voilà le genre d'idée que le chef de bande plante dans sa tête et celle de ses camarades : « Nous permettons l'existence des maîtres, des professeurs, des écoles, des pères, de la société, de tout ce tas d'ordures : ce n'est pas parce que nous manquons de puissance, mais permettre est notre privilège à nous, et si nous éprouvions la moindre pitié nous ne serions pas capables de consentir notre permission à tout cela d'un coeur insensible. »

Les garçons n'éprouvent en effet aucune pitié lorsqu'ils massacrent un jeune chat pour le disséquer consciencieusement. Depuis que Noboru s'est éclipsé une nuit pour rejoindre ses amis, sa mère l'enferme dans sa chambre chaque soir. Fusako est veuve bien qu'encore jeune. C'est une belle femme, propriétaire de surcroît d'un magasin de vêtements de mode. Elle débute une relation avec un officier de marine marchande, Ryüji, qui s'imagine un avenir glorieux par-delà les mers. C'est en découvrant derrière un tiroir de sa commode un trou donnant sur la chambre maternelle que Noboru va surprendre une nuit les deux amants, et qu'une image fantasmée du marin naîtra dans son esprit. Mais bientôt, le garçon se rend compte avec une cruelle déception que Ryüji n'a rien du héros qu'il s'imagine, qu'il n'est qu'un homme simple, honnête et droit sincèrement amoureux de sa mère…

Dans ce roman, je retrouve l'esprit et la plume savamment ciselée de Mishima, que je n'avais pas reconnus dans « le tumulte des flots ». L'histoire d'un amour et d'une relation à la mer encore, mais sous un angle radicalement différent. Des sentiments purs habitaient « le tumulte des flots », des visions corrompues colonisent « le marin rejeté par la mer ». Un récit à la fois triste et cruel, effrayant et oppressant aussi lorsque se révèlent les intentions de ces jeunes garçons pervertis par une doctrine malfaisante.
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Un petit roman de 183 pages ,lu rapidement .
Comment un jeune garçon de 13 ans :Noboru,vivant seul avec sa mère : Fusako,jeune veuve,va t- il réagir lorsque sa mère lui présente son futur beau père: Un officier de Marine Marchande:Ryüji.
Un brave homme qui est prêt à tous les sacrifices par amour pour la belle et riche Fusako,patronne d'un magasin de vêtements haute couture.
Il renoncera à reprendre la mer ,car un mariage se profile et lorsqu'il l'annonce à Noboru ,le monde de l'adolescent s'écroule.
De cet homme, il s'en était fait un héros, mais il s'aperçoit que c'est un homme simple et à l'annonce du mariage ,il réagit très mal ,aidé en cela aussi par sa bande de copains.
Un roman sombre,surtout dans les réflexions et le comportement de cette bande d'ado.Issus pour la plupart d'un milieu favorisé mais qui ont une vision très noire de la vie,et veulent se montrer des durs auprès des autres ,surtout le N°1 ,le chef qui aura une très mauvaise influence sur Noboru.
Un roman étrange ,dur et froid et je n'ai pas été étonnée d'apprendre que l'auteur s'était donné la mort par Seppuku ( Hara-kiri.)suite à un coup d'État raté.
On ressent ce mal -être et ce mal de vivre tout au long du roman ,et la fin oscille entre frustration et délivrance.
Je viens de m'apercevoir que j'ai un 2ème livre de cet auteur Japonnais: le soleil et l'acier qui est en fait une confidence sur une partie de sa vie. À lire plus tard ,dans un état d'esprit au top, car il ne faut être dépressif pour ce genre de roman.⭐⭐⭐⭐
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Dans ce roman, nous suivons un jeune garçon, sa mère et l'amant de cette dernière. le garçon fait partie d'une bande de jeunes désabusés par la vie, qui ne lui trouve pas d'intérêt, qui pensent être meilleurs que leurs pères et qui veulent concrétiser leur vie en faisant quelque chose de sensationnel même si cela veut dire nuire à autrui. La mère tente de vivre sa vie de femme, d'être comblée dans l'amour tout en gérant son entreprise et en s'occupant de son fils. L'amant, marin, vogue sur les mers en aspirant trouver une lumière, un destin qui le sortirait de la banalité.

C'est un roman assez court dont j'ai beaucoup aimé l'écriture et la psychologie des personnages. Mishima parvient à mettre à nu totalement ses personnages, à mettre en avant leurs plus grandes peurs et angoisses, leurs aspirations. Il crée une ambiance tamisée, parfois angoissante où tous les personnages sont à la recherche d'un peu de lumière, qui serait une source salvatrice, un moyen d'échapper à leurs vies mornes. On ne peut s'empêcher de faire des parallèles entre le gamin, le marin et Mishima, à la conquête de cette vie palpitante, rêvant d'une vie sensationnelle, et d'une mort inoubliable.

Attention aux âmes sensibles : scène de tortures sur un chat.
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Ce roman écrit dans les années soixante nous dépeint le désarroi d'une partie des tout jeunes adolescents japonais dans une période que l'on devine encore marquée par l'après-guerre que ces jeunes de treize ou quatorze ans n'ont pas connue. Bons élèves et enfants en apparence sans problèmes, ils sont en fait, à l'insu de leurs parents et éducateurs, prêts à tous les extrêmes, dans une forme de quête de sens et d'absolu. Mishima nous décrit la rencontre, peut-être devrais-je écrire la collision de cette jeunesse avec un homme, un marin qui entretient une sorte de relation mystique et complexe avec la mer et son métier, une sorte d'attirance-répulsion qui ne dissimule peut-être, là aussi, qu'un mal de vivre face à une existence souvent vécue comme absurde.
Ce récit ne m'a pas passionné, mais il reste l'écriture de Mishima, qui ne se fait parfois sèche et discrète que pour mieux révéler des pépites, des fulgurances nichées au creux d'un paragraphe. Un texte à découvrir, assez court, et une porte d'entrée accessible dans l'oeuvre complexe de Mishima.
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Dans une banlieue de Yokohama, dans les années d'après-guerre, Noboru, un orphelin de 13 ans, rejoint une bande de sociopathes qui méprisent la futilité de l'humanité, en particulier ses parents, et tue et dissèque plus tard un chat pour pratiquer son détachement absolu.

Une nuit d'été, la mère occidentalisée de Noboru, Fusako, reste avec le marin Ryuji, dont le garçon admire l'indépendance. Mais lorsqu'il échange sa gloire de marin contre une vie domestique en épousant Fusako, le gang commence à punir ce qu'ils considèrent comme sa disgrâce.

Cette histoire courte et obsédante sur la masculinité montre le désir masculin de grandeur, d'extase de la vie, que Ryuji espère pouvoir réaliser dans la mort.

Mishima explore les peurs masculines primaires et relie la perte de statut du Japon sous l'occupation américaine à la force émasculatrice du mariage et à l'impuissance déchaînée de la jeunesse.
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