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Gaston Renondeau (Autre)
EAN : 9782070371471
192 pages
Gallimard (14/11/1979)
3.89/5   334 notes
Résumé :
Noboru, garçon de treize ans, surprend les amours de sa mère, jeune veuve qui dirige une boutique de confection élégante à Yokohama, avec un officier de marine marchande, Ryûji. Noboru fait partie d'une bande de garçons de son âge qui se veulent des "durs".

D'abord admirateur , ainsi que toute la bande, de ce marin qui va être son beau-père, Noboru, sous l'influence du chef de bande, ne tarde pas à découvrir que celui dont il faisait un héros n'est ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
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Ryûji a pris la mer parce qu'il n'aime pas la terre. L'amour lui sera fatal, à ce marin qui sent la mort mais ne la pressent pas.
Le marin rejeté par la mer, est un très beau livre plein de poésie, de profondeur,de sensualité et d'une infinie cruauté. le piège de cette terre qu'il méconnaît, va se refermer sur le beau marin blanc! Une correction n'a pas été administrée, et voilà Ryüji condamné. La bienveillance ne paie pas, ou alors à un prix trop fort!
Ryüji, survivant des tempêtes et roi des mers va se perdre pour l'amour de la jolie veuve Fusako, mère de Noboru l'obsédé, le tourmenté. Noboru qui suit son psychopathe de petit chef.
Le marin rejeté par la mer, un roman triste et si beau comme les ports et la mer.
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Relire « le marin rejeté par la mer » m'a fait comprendre à quel point l'art de Mishima était abouti. Je savais qu'il s'agissait d'un meurtre abominable, je me suis donc transformée, au fil des pages, haletante, en une voyeuse ou plutôt lecteuse. Pourquoi n'existe-t-il pas un mot spécifique pour cette addiction faite de curiosité malsaine et de désir de continuer ? Lorsque certains lecteurs parlent de lecture en apnée, cela, à mon avis ne rend pas compte de la respiration d'un texte, et de notre respiration pendant cette lecture.

Je suis rentrée dans la pensée de ce jeune adolescent de treize ans, Noboru, travaillé entre ce qu'il sait et ce qu'il devine de ce qu'est la vie adulte : prêt à espionner sa mère à travers une plinthe avec vue sur sa chambre à elle, voulant être libre et dur, alors qu'il est tout juste sorti de l'enfance, il est, de plus, ami avec des garçons de son âge, dont l'un se déclare le chef, et dont la pensée réside en la reconnaissance, une fois pour toutes, que le monde est vide. Seul le meurtre parvient à remplir ces vides, ce non-sens de l'univers, de même qu'une fêlure remplit un miroir.
L'image de ce miroir revient, avec un art consommé, dans le roman : la mère, qui s'admire nue, l'amant, qui regrette, ou pas, ses années aventureuses de marin, et essaie de vérifier, en se contemplant, si son choix de rester à terre par amour est le bon.

Noboru a besoin de penser à sa force, il s'efforce de devenir insensible, de juger sa mère et l'amant de sa mère, et de leur faire le cinéma du petit docile.
« Il s'enivrait de cette menace tranquille et quand il tourna son coeur de glace vers les deux adultes un léger sourire comme celui qu'on verrait sur le visage d'un écolier qui vient en classe avec des leçons insuffisamment préparées mais avec la confiance en soi d'un homme qui s'élève du haut d'une falaise.»
La manière de dire, de suggérer, de nous faire attendre, de jouer avec nous, fait de ce roman (malgré les pages 62/66 : âmes sensibles, évitez de lire ça) un bijou de mise en scène du complexe d'Oedipe.

Mishima avait-il lu Freud ? Sûrement. Car plus la mère, et surtout l'amant, sont compréhensifs, moins le héros les respecte.

Mishima avait-il lu Nietzche ? Sûrement aussi. Car les garçons veulent se rendre maitres de l'existence, rompre avec le sentiment, s'exercer à la violence tranquille.

Lui, il est le maitre du récit d'une histoire d'amour, dont il déroule les fils qu'il nous met à la patte. Avec maestria.

LC thématique décembre : littérature étrangère
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Dans le port de Yokohama y'a un marin qui ne boit pas mais qui économise.
Dans le port de Yokohama y'a un marin qui ne pense pas aux dames mais qui espère rencontrer un jour la femme de ses rêves.

Officier trentenaire sur le Rakuyo, Ryûji croit en sa bonne étoile.
Un jour qu'il fait visiter son bateau à un adolescent de treize ans, Noboru, il croise le regard de la jolie femme qui accompagne son fils et sait immédiatement que c'est elle…
Veuve depuis deux ans, Fusako, dirige depuis la mort de son mari un magasin réputé d'articles de confection importés. Elle aussi a immédiatement le coup de foudre pour le beau capitaine Ryûji.

Lorsqu'ils se retrouvent deux jours plus tard, brûlants de désir, dans la chambre de Fusako, l'oeil scrutateur de Noboru les observe par un petit trou dans la cloison.
Noboru, bien qu'avenant, est le numéro trois d'une bande de six copains très hiérarchisée qui abhorre les adultes et se délecte d'atrocités sur les animaux.

« le marin rejeté par la mer » est sans doute un excellent ticket d'entrée dans l'oeuvre de Mishima. L'écriture de ce court roman est de toute beauté, la psychologie des personnages étudiée au plus près et l'histoire terriblement captivante et féroce.

Dans le port de Yokohama
Aux premières lueurs,
Avec Yukio Mishima
On nage dans le bonheur.

Dans le port de Yokohama
Aux dernières lueurs,
Avec Yukio Mishima
On baigne dans l'horreur.
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Roman glaçant et coupant, le dénouement arrive de loin, inexorable, implacable, tragique et monstrueux.

Le jeune Noboru, treize ans, a pris l'habitude d'observer en cachette sa mère, Fusako, jeune veuve, dans ses moments d'intimité physique avec Ryuji, son nouvel amour, marin au long cours. Au début, il le perçoit comme un héros, un aventurier glorieux...mais lorsque Ryuji fait finalement le choix d'abandonner la mer pour s'engager avec Fusako (ils se préparent à se marier), le roi est nu, il devient un être fade, vulgaire, sans personnalité, un père, insulte suprême aux yeux de Noboru. Celui-ci sous ses dehors d'enfant sage et réservé fait partie d'un groupe de six jeunes de son âge décidés à lutter contre le vide et la médiocrité de l'existence et des hommes. Ils sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. Au fil des observations de Noboru, le comportement de Ryuji est scruté, critiqué impitoyablement...Lorsque Ryuji, appelé un soir par Fusako à punir Noboro surpris dans l'espionnage de leurs ébats, fait preuve de mansuétude et de tolérance...il scelle son sort funeste. Les jeunes décideront de l'élimination de cet être sans consistance qui déshonore les hommes. Après s'être fait la main sur un chat, le groupe va entraîner Ryuji dans un piège, vers son Destin...

Ce roman est magistral. La progression est impressionnante, à l'image d'une tragédie grecque. Il est aussi obscur et inquiétant : il soulève beaucoup de questions sur la pensée de Mishima. Les comportements intolérants de ces jeunes, le culte de l'esthétisme, de l'héroïsme, font s'interroger quand on sait les idées politiques flirtant avec l'extrêmisme de l'auteur. Fascinante ambivalence chez lui entre le culte des valeurs du Japon éternel et l'intégration d'une modernité empruntée au monde occidental.
On ajoutera une écriture d'une rare beauté, s'exprimant particulièrement dans la description des cieux et ambiances portuaires de Yokohama à l'aube et au crépuscule, avec tout ce qu'on sait des regrettables déperditions liées à la traduction.
Une certitude pour moi en tout cas, cet écrivain est un géant de la littérature mondiale et je m'en vais découvrir plus avant son oeuvre immense !
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Noboru, un jeune garçon dont le père est mort, repère par hasard un trou aménagé dans le fond d’une commode par lequel il peut observer sa mère dans sa chambre. Il assiste aux amours de celle-ci avec un marin qu’il découvre être un homme simple et brave après l’avoir pris pour un héros. Déçu, il en parle à son groupe d’amis dont le chef, un garçon cruel et manipulateur, scelle le sort du futur beau-père de Noboru de la plus horrible manière.

Un roman glaçant qui parle du rejet du père, d’êtres supérieurs, gardiens de l’ordre du monde, qui doivent procéder au sacrifice de leurs pères pour ne pas leur ressembler ; une idéologie extrême qui n’est pas sans rappeler les idées nationalistes de Mishima. Une oeuvre magnifique marquée par sa fascination de la mort et par les difficultés relationnelles avec son père qui refusait son homosexualité.
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Tout en répétant : "N'avez-vous pas froid?", Ryûji ne cessait de s'interroger lui-même : "Vas-tu vraiment abandonner? Le sentiment de l'océan, la sombre ivresse qu'entraîne le roulis incessant, le pathétique des adieux? Les douces larmes que te faisait verser ta chanson favorite! Vas-tu abandonner la situation qui t'a détaché du monde, qui t'a porté aux plus hauts sommets que peut atteindre l'homme que tu es? La nostalgie de la mort qui se cache dans ta poitrine brûlante. La gloire qui est là-bas; la mort qui est là-bas? De toute manière cela a toujours été là-bas, incontestablement là-bas. Vas-tu abandonner tout cela?"
Le coeur torturé par son combat incessant avec la houle sombre, avec la lumière sublime tombant du bord des nuages, arrêté dans des élans mais repartant audacieusement, incapable de faire une distinction entre les sentiments nobles et les sentiments vils, il mettait sur le compte de la mer ses mérites et ses défauts. "Vas-tu abandonner cette liberté lumineuse?"
Au cours de son voyage de retour, Ryûji avait découvert qu'il avait le dégoût des misères de la vie de marin, et de l'ennui qu'il ressentait. Il avait la conviction qu'il avait tâté de tout, et qu'il ne lui restait plus rien à goûter. Il n'y avait qu'à regarder. Il n'y avait plus de gloire à glaner nulle part au monde. Pas dans l'hémisphère Sud. Même pas sous cette étoile dont rêvent les marins, la Croix du Sud!
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La sirène du Rakuyo retentit dans un dernier adieu secouant le port tout entier, se répercutant dans toutes les fenêtres de la ville, assaillant les cuisines où l’on préparait le dîner, les chambres d’hôtel borgnes dont les draps n’étaient jamais changés, les pupitres attendant le retour des enfants à la maison, les courts de tennis et les cimetières, plongeant tout dans un moment de malaise, déchirant sans pitié le cœur de ceux qui n’en pouvaient mais.
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Les pères !... Parlons-en. Des êtres à vomir ! Ils sont le mal en personne. Ils sont chargés de tout ce qu'il y a de laid dans l'humanité. Il n'existe pas de père correct. C'est parce que le rôle des pères est mauvais. Les pères stricts, les pères doux, les pères modérés, sont tout aussi mauvais les uns que les autres. Ils nous barrent la route dans l'existence en se déchargeant sur nous de leurs complexes d'infériorité, de leurs aspirations non réalisées, de leurs ressentiments, de leurs idéaux, de leurs faiblesses qu'ils n'ont jamais avouées à personne, de leurs fautes, de leurs rêves suaves et des maximes auxquelles ils n'ont jamais eu le courage de se conformer ; ceux qui sont les plus indifférents, comme mon père, ne font pas exception à la règle. Leur conscience les blesse parce qu'ils ne font jamais attention à leurs enfants et finalement ils voudraient que les enfants les comprennent.
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Les pères!... Parlons-en. Des êtres à vomir ! Ils sont le mal en personne. Ils sont chargés de tout ce qu'il y a de laid dans l'humanité. Il n'existe pas de père correct. C'est parce que le rôle des pères est mauvais. Les pères stricts, les pères doux,les pères modérés, sont tout aussi mauvais les uns que les autres. Ils nous barrent la route dans l'existence en se déchargeant sur nous de leurs complexes d'infériorité, de leurs aspirations non réalisées, de leurs ressentiments, de leurs idéaux, de leurs faiblesses qu'ils n'ont jamais avouées à personne, de leurs fautes, de leurs rêves suaves et des maximes auxquelles ils n'ont jamais eu le courage de se conformer ; ceux qui sont les plus indifférents, comme mon père, ne font pas exception à la règle. Leur conscience les blesse parce qu'ils ne font jamais attention à leurs enfants et finalement ils voudraient que les enfants les comprennent.
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Depuis la plus haute antiquité les femmes ont répété des paroles d’acceptation résignée du pouvoir de la ligne d’horizon, de vénération aveugle pour cette ligne azurée, des paroles prononcées aussi bien par des femmes à l’orgueil le plus élevé que par les prostituées dans leurs moments de tristesse, d’espérance vaine, d’aspiration à la liberté et qui s’expriment par ces mots : « Tu me quitteras déjà demain ».
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Vidéo de Yukio Mishima
Yukio Mishima (1925-1970), le labyrinthe des masques (Toute une vie / France Culture). Diffusion sur France Culture le 20 février 2021. Un documentaire d'Alain Lewkowicz, réalisé par Marie-Laure Ciboulet. Prise de son, Philippe Mersher ; mixage, Éric Boisset. Archives INA, Sandra Escamez. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. 25 novembre 1970 : Yukio Mishima, écrivain iconoclaste japonais âgé de 45 ans, met en scène sa propre mort ; alors qu’il s’apprête à quitter le monde, il livre à son éditeur "La mer de la fertilité", véritable testament littéraire et spirituel de cet auteur tourmenté, fasciné par la mort rituelle. Cet homme nostalgique, avec son goût du vertige et de l'absolu, son amour des corps vierges et des âmes chevaleresques, sa quête effrénée des horizons perdus laisse une œuvre considérable qui raconte sans aucun doute la recherche d’une pureté illusoire et la laideur du monde. Lectures de textes (tous écrits par Mishima) : Barbara Carlotti - Textes lus (extraits) : "Patriotisme. Rites d’amour et de mort" (film de et avec Yukio Mishima, 1965. À partir de "Yūkoku", nouvelle parue en 1961) - "Confessions d’un masque" - "Le Lézard noir" - "La Mer de la fertilité". Archives INA : Ivan Morris et Tadao Takemoto - Flash info annonçant la mort de Mishima le 25 novembre 1970. Extraits de films : "Mishima" de Paul Schrader (1985) - "Le Lézard noir" de Kinji Kukasaku (1968) - Extrait du discours de Mishima juste avant son seppuku, le 25 novembre 1970.
Intervenants :
Pierre-François Souyri, professeur honoraire à l’université de Genève spécialiste de l’histoire du Japon Fausto Fasulo, rédacteur en chef des magazines "Mad Movies" et "ATOM" Tadao Takemoto, écrivain, spécialiste et traducteur de Malraux au Japon et vieil ami de Mishima Dominique Palmé, traductrice de Mishima chez Gallimard, spécialiste de littérature japonaise et de littérature comparée Julien Peltier, spécialiste des samouraïs, auteur de plusieurs articles parus sur Internet et dans la presse spécialisée, en particulier les magazines "Guerres & Histoire (Sciences & Vie)" et "Actualité de l'Histoire". Il anime également des conférences consacrées aux grands conflits de l'histoire du Japon Thomas Garcin, Maître de conférences à l’Université Paris 7 - Diderot, spécialiste de Mishima et de littérature japonaise Stéphane du Mesnildot, critique de cinéma, et spécialiste du cinéma japonais
Source : France Culture
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