Citations sur N'appartenir (20)
Ca avait l'air d'être le vrai marqueur de la liberté dans la région : posséder des esclaves. Tant que t'avais pas d'esclaves, dans ce coin du monde, t'étais pas vraiment libre, en fait. (p. 43)
Car il y a de la douleur à voir l'autre ne pas entrer dans le cadre commun, celui qui permet de dire : il est de mon sang, de ma foi, de mon côté, on partage quelque chose de précieux et de particulier. Il y a de la douleur à renoncer à ce qui nous unit. (p. 68)
...Je tournais sans cesse autour du même truc, l'appartenance. (...) L'ambivalence douloureuse et féconde de la bâtardise. (..) J'habite une étrangeté. Inquiétante, parfois. Ne jamais être exactement celui-là : the Arab in the Mirror. (...) N'être inclus dans rien, n'habiter aucune catégorie solidement établie. (p.18-19)
Tu as sept ans, six ans, neuf ans, pas cinquante comme aujourd'hui. Les mots te font défaut, et aussi les idées. La colère n'est pas encore née, qui te permettra de sortir et regarder. La honte le sait. Cette salope se nourrit du silence et du tabou.(p.7)
-Sliders-, je vous le dis. Un monde totalement bizarre dont tu ne connais pas les règles, et où tu voudrais t'excuser d'un truc dont t'es pas responsable alors que tout le monde s'en fout de ce que tu penses. Mais moi je voulais pas être ça, un oppresseur, un salaud, un ennemi de l'humanité. Moi esclavagiste ? Raciste arabe ? comment ça ? J'ai rien fait, j'étais pas là, je vous jure, j'ai un alibi. (p. 42)
Le mec assez dingue pour penser que sa colère seule suffirait à tout foutre en l'air: les identités, la haine, l'amour frelaté pour celui dont tu crois qu'il te ressemble. J'avais beau savoir qu'on ne change pas le monde avec un film, j'adorais l'idée d'avoir à ma disposition deux millions d'euros et quatre heures d'antenne pour tout déconstruire. Après mon passage, je rêvais de laisser les spectateurs en pièces détachées, obligés de s'inventer un nouveau schéma d'assemblage. Je rêvais, oui, et rien de tel ne se produirait. Mais un film qu'Est-ce d'autre que le rêve de partager un rêve ? (p. 17)
Et que reste-t-il ? Une fois larguées la foi des ancêtres, la race, l'ethnie. Que reste-t-il, hein ? Faut bien trouver un truc, pour s'ancrer. La politique pourquoi pas ? Mais non j'en voulais pas. (p.25)
ETRANGETE
Comment on fait pour être inclus ? par où on rentre ? Y a un guichet ? On peut s'inscrire quelque part ? Parce que, pour tout dire, se tenir à l'écart, planer au-dessus, ça fait du bien à l'ego. Ca oui. Mais on se sent seul aussi. (p.21)
J'apprendrais que ça n'existe pas un pays qui ne demande rien, une famille qui se contente de donner de l'amour sans rien attendre en retour. Mais là, confronté à l'injonction absurde et violente de choisir contre qui retourner mon fusil, je disais non. Car la question du service en contenait une autre qui ne tardait pas à s'exprimer le plus simplement du monde : " En cas de guerre entre tes deux pays, tu fais quoi ?" (p. 36)
Un gamin athée, de gauche, convaincu qu'il existe un truc appelé droits de l'homme, comme tout le monde en gros, en son lieu et en son temps. Téléporté donc, dans un pays où des êtres humains en possèdent d'autres, par héritage ou par achat. (...) On m'avait téléporté, pour de vrai, dans un putain d'univers parallèle, un monde invraisemblable, à une place, hmmm, inconfortable. Celle du salaud. (p.40)