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"La mauvaise vie" n'est pas seulement le coming-out littéraire de Frédéric Mitterrand ; c'est avant tout une excellente autobiographie romancée, que j'ai lue peu après sa sortie en 2005.

Par touches successives, l'auteur y évoque les drames de son enfance, ses débuts professionnels, ses rapports singuliers à la famille, sa solitude et bien sûr son homosexualité. Il se livre sans complaisance ni pathos, arrivant à prendre la juste distance pour décrire son vécu et ses sentiments sans que cela devienne inconvenant pour le lecteur. L'écriture est talentueuse et témoigne de la profondeur de cet homme public qui sait habituellement rester discret. J'ai ainsi appris que Frédéric Mitterrand connut un certain succès, enfant, en tournant au cinéma, qu'il eut ensuite du mal à revenir à une réalité plus modeste et à trouver sa voie professionnelle. Avec toujours, en fond, les tourments liés à son orientation sexuelle. Partant sans idées préconçues, j'ai découvert un personnage sensible qui préfère les petites gens aux mondanités attendues dans son milieu.

A juste titre, cet émouvant récit a été bien accueilli lors de sa publication. Ce n'est que 4 ans plus tard que survint la fameuse polémique sur un épisode précis de son contenu – polémique entretenue par des personnes qui n'avaient visiblement pas lu le livre en entier, voire pas lu du tout.
Êtes-vous déjà allés à Bangkok ? Celles et ceux qui se sont frottés à la foule grouillante, joyeuse et hétéroclite des marchés de nuit de Patpong savent qu'il est malheureusement aussi facile d'y acheter du sexe qu'un article de contrefaçon. Frédéric Mitterrand avouait donc dans son livre avoir connu en Thaïlande des relations tarifées avec un jeune homme. Ce n'est pas glorieux, plutôt choquant même, pour celui qui est devenu entre-temps un ministre de la République. Mais cet aveu, quoi que l'on pense de l'acte lui-même, est une preuve de franchise. Serait-il allé raconter cela s'il s'agissait de pédophilie ? Je ne le crois pas, et l'auteur a depuis apporté toutes les clarifications nécessaires.

Dans mon souvenir, "La mauvaise vie" demeure un poignant témoignage où, en couchant sa vie sur le papier, un homme tente de se réconcilier avec lui-même.
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Non loin de chez moi est une placette où je fais souvent escale lors de mes promenades urbaines, non pas pour user de ses bancs accueillants mais pour explorer le contenu de la Boite à Livre vermeille qui trône en son centre.
Ce jour là un couple entre deux âges m'avait précédé, je me mis à louvoyer discrètement entre les massifs pour patienter quand leurs échanges, portés par le vent, vinrent à écorcher mes tympans.
Pour des oreilles rodées aux rugueuses sonorités de Motörhead la sensation d'agression suscitée par ces paroles ne devait rien à leur charge en décibels bien entendu, jugez plutôt :
- Qu'est-ce que tu dis?
- Regarde moi ça.
- Quoi?
- Ca là!
- C'est incroyable ! les gens sont tarés ! laisser les frasques de cette pédale en pleine rue, à portée des enfants ! prends le, on le mettra à la poubelle.
- Mais on pourrait nous voir, viens on s'en va.

Et ils sont partis.
J'ai pu procédé à mon inventaire, d'ailleurs peu fructueux, et je suis parti avec l'objet de leur vindicte sous le bras.

Avant cet épisode je connaissait Frédéric Mitterrand essentiellement par cette lancinante voix off sur ARTE qui collait parfaitement à ses sujets.
Sa manière reste si prégnante que durant cette lecture, je me suis surpris à plusieurs reprises à l'entendre me lire ce que j'avais sous les yeux.
Quant à son passage au ministère de la culture, je n'en ai rien retenu mais je dois avouer un désintérêt croissant pour la pantomime politique en général.

Il me souvient quand même qu'on avait beaucoup glosé sur les ondes et les écrans à propos de ce livre en focalisant le débat sur les thèmes croustillants et vendeurs que sont le tourisme sexuel et les relations avec mineurs.
Qu'en est-il?

Frédéric Mitterrand préfère les hommes, à ma connaissance, il ne s'en est jamais caché ni ne l'a claironné à l'envi.
La découverte de cette orientation sexuelle et la manière dont il l'a vécue tiennent effectivement une part essentielle dans ce récit autobiographique.
Et c'est bien normal quand on songes aux complications sociales et professionnelles que cette orientation imposait et impose toujours aux "homos comme ils disent" que nous chantait Aznavour.

L'enfance, la vie et la carrière de Frédéric Mitterrand sont forgées par cette "différence" mais l'intérêt du récit ne s'arrête pas là, il permet une plongée dans le mode de vie de la grande bourgeoisie française de l'après-guerre jusqu'aux années 70.
Naïvement, je suis sidéré par ce que j'ai lu quand je le compare à mes propres souvenirs et aux récits qu'on a pu me faire de cette époque.

Je suis certes un peu plus jeune que Frédéric Mitterrand, je n'en éprouve aucune amertumes mais le constat est abyssale, nous n'avons pas évolués dans le même monde.
L'homme semble néanmoins avoir développé une sorte d'imperméabilité à son milieu qui affleure par la modestie et l'autodérision dont il fait montre dans ces pages.

Quant à l'épisode du scandale et de tous les fantasmes, il doit tenir en 2 pages. Je comprends que sa teneur impudique et son caractère vénale aient pu heurter certaines sensibilités.
Pour autant je refuse de reprendre l'anathème entonné par les bonnes âmes à son encontre, ces bonnes âmes qui ne trouvent rien à redire et se pâment même d'admiration quand une star cacochyme du cinéma ou de la chanson s'affiche au bras d'une nymphette de 16 ou 17 ans.

Une lecture inattendue mais très intéressante.
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Remarquablement écrit, cet ouvrage dévoile une face de la personnalité de l'auteur que je ne connaissais pas. Ainsi, après avoir lu "La récréation" (sur son activité en tant que Ministre de la culture) tout aussi bien écrit avec beaucoup de recherche de style et un vocabulaire riche, j'avais le sentiment que l'écrivain était superficiel voire léger, prisonnier qu'il était de ses codes de langage bourgeois puisque, invariablement et de manière rébarbative chaque personne citée était affublée de superlatifs aussi communs que ridicules (le plus grand, merveilleux, grandiose, extraordinaire etc...). Ici, l'auteur se montre à la fois humain, lucide et sans artifices lorsqu'il parle de son enfance, de sa vie, de ses échecs et de ses frasques. Il va droit au coeur du lecteur. La nostalgie et la mélancolie ("Le bonheur d'être triste" dixit Victor Hugo) qui sont, ici, les fils conducteurs du récit autobiographique, y sont sans doute pour quelque chose.
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Ce livre tout en pudeur et franchise, et en rien glauque ni malsain quoique que certains puissent en penser de part certaines révélations (les bordels de Thaïlande par exemple qui furent pour certains une aubaine à scandale), montre simplement que toute personne est faillible, faible, incertaine, parsemée de regrets, de révoltes et de douleurs passées, présentes et peut être futures. Que cela peut s'allier à un esprit brillant, drôle et simple. Que l'on peut avoir des rêves toute sa vie, même des rêves de vie rêvée et que l'on se débat avec sa propre réalité et la réalité de la société.
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C'est un livre que j'ai lu lors de sa sortie !J'ai le souvenir d'une question lancinante "pourquoi Mr Mitterrand a t il eu besoin d'écrire ce livre ??"
Belle écriture certes ,du style oui ,mais glauque ,lourd par ce qu'il laisse supposer ,détestable en fait de par le sujet traité ,en tout cas pour ce qui me concerne ....
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Il faut reconnaitre à Frédéric Mitterrand une honnêteté et une qualité d'introspection hors du commun. Cette vie, sa vie dont il raconte des épisodes, il ne cherche pas à la justifier ou même à l'analyser véritablement. du coup, on la prend comme un gros coup de poing dans la figure. J'aimerais être capable de cette même clairvoyance.
Pour autant, tout n'est pas intéressant. Dans son dernier tiers, le livre se perd dans des branlettes intellos qui laisseraient penser que l'homme "en action" aurait laissé place à un être éthéré tout juste capable de consacrer son énergie à ses dévotions (Deneuve et Sagan notamment).
Un livre singulier
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J'étais passée complètement à côté de cet ouvrage lorsqu'il est paru la première fois, et à force d'entendre tout et n'importe quoi quelqu'un qui avait la flemme de le lire me l'a fourni contre lecture et avis.

Cet ouvrage, qui a d'ailleurs une suite dédiée aux paillettes cannoises, relate certains épisodes de la vie de Frédéric Mitterand, que ce dernier raconte aux fur et à mesure qu'ils viennent, par clichés, tantôt tendres et nostalgiques, tantôt révélateurs d'une misère humaine et d'une quête impossible. Un mal-être latent baigne le récit, le regard bruisse sur un lit de regrets, de non dits, de silences coupables et de larmes rageuses. Une enfance pleine de charme mais générant déjà son lot de tristesse et d'actes manqués. Une adolescence frémissant sous la séduction des interdits qui sont là, cerbères silencieux d'une société et d'un milieux alors terriblement conventionnels. L'âge adulte, ces élans sentimentaux maladroits et plein de ferveur, touchant de sincérité et de naïveté, ces épisodes glauques et misérables des bars gays de Bangkok et des bordels de Jakarta.

Mais jamais le lecteur ne finit vautré dans le stupre où la fange car une pudeur sensible, une retenue touchante de l'auteur maintiennent une certaine distance.

J'aurais voulu être un autre, vivre une autre vie.


Concernant l'écriture, j'ai personnellement bien aimé le flot plein d'images parfois oniriques qui parcourait ces pages, ça reste fluide en dépit de quelques lourdeurs occasionnelles, et on a de vrais moments d'émotions. Quelques mots crus mais assez peu. Bien sûr, il ne faut pas s'aventurer dans un tel récit si le principe même de l'exorcisme par l'écriture vous rebute, ou si les autobiographies vous agacent. Cet ouvrage m'a offert de beaux instants, mais je ne pense pas oursuivre l'aventure avec la suite.

François Xavier du littéraire.com est très décu et estime que « ce n'est pas sur la place publique que l'on règle ses problèmes », mais « avec sa conscience et, accessoirement, l'aide d'un praticien » (Pourtant le quart de couverture est très explicite sur ce point… ) A titre personnel j'estime que cette maxime quelque peu fermée tendrait à verser au rebus tout un pan de la littérature, celle qui analyse et exorcise son auteur.

Les critiques libres sont au mieux dubitatives, au pire assommées par le livre.

Mais il y a (aussi de bons échos). Ainsi le Nouvel obs salue « le mélange de courage dans l'aveu et de retenue dans l'expression. Aucun déballage obscène. Tout est dans l'allusion, dans le non-dit, dans ce frémissement fiévreux et timide », Olympia parle de style plein de grâce et d'aisance

Liens disponibles sur le billet du lab.
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Ce livre m'a vraiment époustouflé, je m'attendais à une sorte d'autobiographie pleine d'anecdotes drôles et un peu indiscrètes, très bien écrite, fine et spirituelle, que j'avais eu envie de découvrir car j'éprouvais une incontestable sympathie pour Frédéric Mitterrand, mais en somme rien de révolutionnaire ni marquant. Et j'ai découvert une grande oeuvre, à l'écriture fabuleuse, avec une construction littéraire originale et forte. L'auteur a en fait divisé son récit en chapitres dont chacun évoque une personne qui a comptée pour lui, dont il nous parle ou à laquelle il s'adresse, et de cette façon il nous dévoile ses sentiments, ses ressentis, ses blessures, son moi le plus intime, mais d'une façon qui n'a rien d'impudique, puisque la personne au centre du chapitre permet à l'écrivain de se mettre légèrement en arrière plan et de dire ainsi des choses très personnelles sans en avoir l'air. Les personnages qu'il a choisies pour nous parler de lui, sont soit des inconnus, soit des célébrités, mais ces dernières ne sont que des vagues relations pour lui, et ce qu'il nous livre de ces personnes que nous reconnaissons, n'a rien d'indiscret.

J'ai trouvé ce livre bouleversant, car Frédéric Mitterrand dit dans sont texte son inaptitude absolue au bonheur, sa détestation de soi, sa solitude même au milieu des activités sociales les plus étourdissantes, son incapacité à savourer le présent, lui préférant la nostalgie du passé dans lequel il n'était pourtant pas plus heureux. Et tout cela sans le moindre apitoiement sur soi-même, dans une sorte de fatalisme résigné, d'acceptation de la personne qu'il est et de ses limites, d'une attitude de spectateur triste et consentant de sa vie. Et sans la moindre trace de méchanceté ni de ressentiment vis-vis de qui que ce soit.
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Ce livre m'a beaucoup touchée.
D'une grande pudeur et très touchant.
Un livre sur la solitude et les séparations, séparation de ses amours de jeunesse, amour impossible, impossible à vivre, impossible d'en parler. Solitude des adolescents confrontés à la fois à leurs désirs homosexuel et à l'hostilité de l'entourage et de la société .
Frédéric Mitterrand se livre à coeur ouvert et de manière très claire sur une partie de sa vie.
Le livre est très bien écris et se lit très facilement.
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Un livre qui se lit d'une traite... une ébauche d'autobiographie, par touches successives relatant certains épisodes de sa vie, les plus marquants où Frédéric Mitterand se dévoile. Je ne l'avais pas lu à sa sortie. C'est en lisant La récréation que m'est venue l'envie de le lire. Je ne comprends pas la polémique qui a eu lieue. Certes, il a fait du tourisme sexuel, mais il l'avoue et il est en gêné. Pour moi, c'est un livre où il parle ouvertement de son homosexualité, de son enfance et de sa jeunesse qui l'ont façonné. Et d'une certaine façon, il aura passé sa vie à se détester et à passer à côté de certaines choses. Un livre empreint de mélancolie et de nostalgie. En tout cas, je trouve qu'il a un style bien à lui.
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