J'ai écouté
Lancaster et je remercie Volume pour leur confiance.
La voix de la lectrice ou plutôt les voix de la lectrice s'adaptent parfaitement aux situations et surtout sa diction corrobore parfaitement l'horreur des faits !
Nous sommes ici dans un True Crime, dont c'est largement inspiré l'auteur, celui du meurtre d'une adolescente type des « laissés pour compte » de la classe ouvrière de Pennsylvanie aux Etats Unis.
Evidemment nous savons dès le début que Connie a tué Carol oui mais pourquoi cette jeune fille a été prise d'une telle hargne ? Folie passagère ? Préméditation ?
L'auteur va remonter les fils du crime avec la présentation du déroulé de l'enquête, les interrogatoires psychologiques de la coupable et surtout les rapports d'autopsie.
J'ai la chance de connaitre l'anatomie et j'ai pu me concentrer sur les faits car je peux vous dire que rien n'est laissé au hasard par Michel Moati, la barbarie du crime est tellement forte que l'esprit a tendance à partir, à essayer de trouver les raisons de cette cruauté dans la psyché de Connie, dans son enfance faite de violences même si je comprends ses pulsions, grâce aux explications du processus mental qui est décrit dans le roman, Je n'ai pas réussi à m'attacher à elle et pourtant l'auteur dissèque chaque agissements depuis son entrée dans la communauté amish par le biais d'une amitié/amourette qui aurait dû lui donner un semblant d'humanité, jusqu'à son regard sur le couloir de la mort.
J'ai été par contre déçu que Michel Moati ne dépeigne cette communauté que sous l'angle rustre de leurs personnages principaux et seulement avec des voix patriarcales, j'aurais aimé en connaître plus, écouté l'avis des mères, d'abord celle du petit copain de Connie, et aussi celle de Carol, qui subit la perte de sa fille avec trop d'éloignement.
Même si les règles de cette communauté sont dures, je suis sure que la compassion de ces mères aurait dû être plus mis en avant.
L'écriture est puissante, factuelle, presque distante et heureusement car certains passages sont douloureux mais d'une précision chirurgicale. Ce roman est d'une noirceur implacable et Moati nous entraîne dans les limbes du cerveau d'une jeune femme dont la construction n'a pas été terminée et à été dégradée dès le plus jeune âge.
Ce roman noir est intéressant par le choix de l'écriture mais difficile à suivre, à vivre et n'est pas à mettre entre toutes les mains, il faut le recul nécessaire et encore le bouleversement qu'il procure est intense.
Je ne suis pas prête d'oublier cette écoute et j'ai bien envie de découvrir d'autres romans pour voir comment il traite des genres différents.