Il ne savait plus quel homme il était.Il m'a dit qu'au bout d'un certain nombre d'années nous acceptons une vérité que nous pressentions mais que nous nous cachions à nous-même par insouciance ou lâcheté: un frère, un double est mort à notre place à une date et dans un lieu inconnus et son ombre finit par se confondre avec nous.
Il pensait qu'un photographe n'est rien, qu'il doit se fondre dans le décor et devenir invisible pour mieux travailler et capter – comme il disait – la lumière naturelle.
Une photographie peut exprimer le silence. Mais les mots? Voilà ce qui aurait été intéressant à son avis: réussir à créer le silence avec des mots.
… au bout d'un certains nombre d'années nous acceptons une vérité que nous pressentions mais que nous nous cachions à nous même par insouciance ou lâcheté …
Voilà ce qui aurait été intéressant à son avis : réussir à créer le silence avec des mots...
De tous les caractères d'imprimerie, il m'avait dit qu'il préférait les points de suspension.
Son visage s’était assombri et je sentais bien qu’il voulait me confier quelque chose. Enfin il s’était résolu à parler, mais avec une telle réticence que ses propos étaient embrouillés. D’après ce que j’avais compris, il s’était rendu aux consulats de Belgique et d’Italie pour obtenir un extrait d’acte de naissance et d’autres papiers dont il avait besoin en prévision de son départ. Une confusion s’était produite. D’Anvers, sa ville natale, on avait transmis au consulat d’Italie l’état civil d’un autre Francis Jansen, et celui-ci était mort.
On voudrait faire parler les morts, on voudrait surtout qu'ils reviennent pour de vrai et non pas simplement dans nos rêves où ils sont à côté de nous, mais si lointains et si absents... (p.77)
Dernière phrase du livre : Il (Jansen) m’a dit qu’au bout d’un certain nombre d’années nous acceptons une vérité que nous pressentions mais que nous nous cachions à nous-même par insouciance ou lâcheté : un frère, un double est mort à notre place à une date et dans un lieu inconnus et son ombre finit par se confondre avec nous.
Le matin, vous essayez de vous rappeler le rêve de la nuit, et il ne vous en reste que des lambeaux que vous voudriez rassembler mais qui se volatilisent. Moi, j'ai connu cette femme dans une autre vie et je fais des efforts pour m'en souvenir. Un jour, peut-être, parviendrai-je à briser cette couche de silence et d'amnésie.
Cette activité lui semblait être " la quadrature du cercle" le terme exact qu'il avait employé.
En effet, on écrit avec des mots, et lui, il recherchait le silence.
Une photographie peut exprimer le silence.
Mais les mots '?
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