Citations sur Voyage de noces (39)
Depuis longtemps déjà - et cette fois - ci d'une manière plus violente que d'habitude - l'été est une saison qui provoque en moi une sensation de vide et d'absence qui me ramène au passé . Est - ce la lumière trop brutale , le silence des rues , ces contrastes d'ombre et de soleil couchant ?
Quelle drôle d'idée de venir se suicider ici, (à Milan), quand des amis vous attendaient à Capri... Il y avait peut-être à ce geste un motif que j'ignorerais toujours.
Il arrive aussi qu'un soir, à cause du regard attentif de quelqu'un, on éprouve le besoin de lui transmettre, non pas son expérience, mais tout simplement quelques-uns de ces détails disparates, reliés par un fil invisible qui menace de se rompre et qu'on appelle le cours d'une vie.p.118/119
J'étais ailleurs, dans un autre été, de plus en plus lointain, et la lumière de cet été là a subi une curieuse transformation avec le temps : loin de pâlir, comme les vieilles photos surexposées, les contrastes d'ombre et de soleil se sont accentués au point que je revois tout en noir et blanc. (p. 38)
Pourquoi, vers dix-huit ans, ai-je quitté le centre de Paris et rejoint ces régions périphériques ? Je me sentais bien dans ces quartiers, j'y respirais. Ils étaient un refuge, loin de l'agitation du centre, et un tremplin vers l'aventure, l'inconnu. Il suffisait de traverser une place ou de suivre une avenue et Paris était derrière soi. J'éprouvais une volupté à me sentir à la lisière de la ville, avec toutes ces lignes de fuite... La nuit, quand les lampadaires s'allumaient place de la porte de Champeret, l'avenir me faisait signe. (p. 96)
J'ai éprouvé un vague remords : un biographe a-t-il le droit de supprimer certains détails, sous prétexte qu'il les juge superflus ? Ou bien ont-ils tous leur importance et faut-il les rassembler à la file sans se permettre de privilégier l'un au détriment de l'autre, de sorte que pas un seul ne doit manquer, comme dans l'inventaire d'une saisie ?
A moins que la ligne d'une vie, une fois parvenue à son terme, ne s'épure d'elle-même de tous ses éléments inutiles et décoratifs. Alors, il ne reste plus que l'essentiel : les blancs, les silences et les points d'orgue. (p. 53-54)
Il arrive qu'un soir, à cause du regard attentif de quelqu'un, on éprouve le besoin de lui transmettre, non pas son expérience, mais tout simplement quelques-uns de ces détails disparates, reliés par un fil invisible qui menace de se rompre et que l'on appelle le cours d'une vie.
Il me semble que c’est l’un des rares moments de ma vie où j’ai éprouvé une sensation de bien-être que je pourrais même appeler : Bonheur.
(...)
Le contact de son bras et de son épaule me donnait une impression jamais ressentie encore, celle de me trouver sous la protection de quelqu’un. Elle serait la première personne qui pourrait m’aider. Une sensation de légèreté m’envahissait.
Moi aussi j'aurais aimé partir au lieu de tourner en rond dans la périphérie de cette ville, comme quelqu'un qui ne parvient plus à trouver de sorties de secours.
Puis elle a baissé le bras et la porte s'est refermée sur elle. Ce bras qui tombe brusquement et le bruit métallique de la porte qui se ferme m'ont fait pressentir qu'il arrive un moment, dans la vie, où le cœur n'y est plus.