AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,66

sur 58 notes
5
3 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Vu de ma fenêtre, cette pièce est un OVNI.

C'est en effet la première fois que je vois un auteur répondre à la critique d'une de ses pièces par une autre pièce mise en abîme, où des personnages viennent d'aller voir la pièce précédente et débattent sur ses qualités (avec les arguments de Molière) et ses défauts (avec des arguments… volontairement débiles).
La première pièce est – vous l'aurez deviné – L'École des Femmes.

Cette pièce en un seul acte est assez brute de fonderie. Molière a mis dedans tout son agacement des critiques qu'il a lues ou entendues ; celles des gens qui n'y connaissent rien mais estiment qu'il est de bon aloi de trouver la pièce scandaleuse, et celles des gens du métier, qui valident la qualité d'une pièce comme des ingénieurs qualité à l'aide d'indicateurs soigneusement étalonnés, indicateurs qui éliminent tout jugement subjectif mais aussi toute notion de plaisir ressenti.

Molière défendait déjà la culture populaire, destinée à procurer un plaisir immédiat au plus grand nombre. Qu'une pièce soit rejetée parce qu'elle ne respecte pas les règles d'Aristote le hérisse au plus haut point et il ne se gêne pas pour le dire ici. le seul véritable jugement, c'est l'accueil du public. S'il se marre, la pièce est bonne, point barre.

Ce faisant, je me demande si Molière était contre l'idée de donner au public des clés de compréhension pour des oeuvres plus ambitieuses, de lui permettre de regarder une oeuvre selon divers angles ; bref contre l'idée qu'une oeuvre a souvent plusieurs grilles de lecture. Deux personnes qui débattent alors qu'ils se placent sur deux grilles différentes seront difficilement d'accord au premier abord, mais la discussion et l'échange entre elles ont de fortes chances de leur faire appréhender avec sympathie la grille de l'autre.

En fait je crois que ce qui révulse Molière est moins la nature des critiques que le ton employé. On peut dire « cette pièce n'est pas bonne pour telle ou telle raison » ou faire du Zemmour et Naulleau et attaquer par « je n'ai jamais vu une telle merde de ma vie ». le ton offense ou fait réfléchir. Et je suppose que les critiques de L'École des Femmes ne se sont pas gênés pour dynamiter la pièce dans les salons où l'on cause sérieux.

Une pièce plutôt marrante donc, mais dont on peut se passer.
Commenter  J’apprécie          339
Molière était un grand homme du théâtre. Un génie créateur. Avec cette petite pièce, Molière fait une suite à sa pièce L'école des femmes. Or ce n'est pas une suite à l'intrigue, mais une oeuvre singulière: il présente en les caricaturant les détracteurs de la première pièce; ces gens jaloux ou ridicules qui s'amusent à donner des avis faciles et personnels sur des oeuvres de maîtres. Certes ce n'est pas l'une des pièces majeures de Molière mais elle est issue d'une idée assez ingénieuse.
Je m'arrête là de peur d'être comparé à ces critiques hilarants dans cette pièce avec ce commentaire.
Commenter  J’apprécie          250
Pour la critique de sa propre pièce L'école des femmes, on s'attendrait à un véritable ennui, beuh, Molière nous surprend, le jeu qui se joue entre les personnages qui ont aimé la pièce et ceux qui n'ont pas aimé la pièce n'est que fabuleux. Les dialogues sont vivaces, à l'arrivée d'un nouveau personnage, , c'est toute une nouvelle couche de la société qui se présente, et qui développe son opinion partant de son regard et de son appartenance...
Commenter  J’apprécie          240
Créée fin décembre 1662, L'Ecole des Femmes a provoqué un scandale, a donné lieu à une tentative de cabale, des critiques, un débat de société. Cela a fortement contribué au succès de la pièce, qui a attiré un public nombreux. Molière était parfaitement conscient que tous ces débats, critiques, faisaient venir le public. Il annonce très vite, pour répondre aux mises en cause de sa pièce, une petite pièce qui répondrait à ses détracteurs, sous une forme amusante. Elle est évoquée dès le mois de janvier, puis en mars, mais se fera attendre. le rôle des petites pièces en un acte, complétant la grande pièce, était en effet de relancer la fréquentation, lorsqu'une pièce au bout de quelques temps attirait moins de monde. Et l'Ecole des Femmes a continué à faire venir le public jusqu'à la relâche de Pâques (les théâtres devaient s'arrêter pendant plusieurs semaines pour des raisons religieuses). La critique de l'Ecole des Femmes sera donnée le 1 juin, à un moment où les recettes des théâtres étaient en général faibles, et permet une envolée spectaculaires des recettes. le succès continue jusqu'à début août ; des soldats ont même été engagés en renforts des portiers pour protéger le théâtre des hommes armés voulant entrer sans payer. En renfort à la pièce, Donneau de Visé, homme de lettres proche de Molière écrit une pièce qui semble donner la réplique à Molière (La véritable critique de l'Ecole des Femmes). C'est une attaque de façade, les arguments sont faibles et débonnaires, et largement contrés, et bien plus brillamment par Molière dans La Critique de l'Ecole des Femmes. D'autres critiques plus résolues apparaîtront, dont le portrait du peintre (surnom de Molière) joué sur la scène de l'Hôtel de Bourgogne ; ce qui permettra à Molière de répliquer avec L'impromptu de Versailles, et de faire encore parler de sa pièce et d'attirer les spectateurs dans son théâtre. Une fois son rôle rempli, la pièce, de circonstance, disparaîtra des affiches.

La pièce se passe dans un salon, (ou plutôt dans une ruelle, le mot salon n'étant pas encore en usage à l'époque de Molière), du beau monde parisien. Uranie, l'hôtesse reçoit des habitués, et on vient presque immédiatement à évoquer le sujet du jour, L'école des femmes. La pièce a ses défenseurs et ses détracteurs. Les défenseurs sont « honnêtes gens » et des détracteurs appartiennent à la catégorie des ridicules. Molière esquisse une stratégie de connivence avec son public, qui se reconnaît sur la scène, et qui forcément a plus envie de s'identifier aux personnages positifs des admirateurs de la pièce. Les adversaires appartiennent à des genres comiques que Molière va continuer à travailler : la précieuse et prude Climène, le marquis ridicule qui prétend juger de tout, et le pédant poète Lysidas. Ils sont des repoussoirs pour son public galant, qui recherche une convivialité sans heurts, sans excès. La prétention du marquis, l'exagération langagière et prude de Climène, l'excès du recours aux autorités d'Aristote et de l'Académie de Lysidas qui fait la leçon à l'auditoire, s'opposent au bon sens, à la juste mesure adoptés par Uranie et Dorante. Une pièce doit avant tout procurer du plaisir, faire rire dans le cas d'une comédie, qui n'est pas moins difficile à réussir qu'une tragédie, et un honnête homme ne doit pas bouder son plaisir, au nom de principes, surtout mal compris et digérés. Il y a plus précisément la défense de quelques points de la pièce, qui ont fait débat.

C'est vif, bien mené, même si évidemment mineur. Une partie du comique, basé sur les codes sociaux de l'époque nous échappe maintenant. Même si de circonstance, la pièce est tout de même une sorte de profession de foi d'un comédien-auteur, qui vise avant tout une efficacité scénique, une adhésion du public, en dehors des normes très strictes de ce devait être le théâtre pour ses théoriciens. D'un directeur de troupe, qui doit faire vivre ses membres et qui maîtrise parfaitement les règles de la communication pour donner envie au public.
Commenter  J’apprécie          202

A la suite de reproches qui lui sont faits sur L'école des femmes, et pour relancer la pièce après la relâche du printemps, Molière écrit un acte unique, en prose, La critique de l'école des femmes.
Il met en scène quelques personnages dans un salon, qui ayant tous vu la pièce donne leur avis. On retrouve un marquis, figure désormais classique de son répertoire, une précieuse, un littérateur, tous choqués ou affectant de l'être par la pièce, tandis qu'un chevalier et deux jeunes femmes, l'une sur le mode ironique la défendent.
Si Molière défend souvent une vision plutôt moderne du statut des femmes, il blâme souvent les fausses prudes « … elles étaient plus chastes des oreilles que du reste du corps ». Ainsi Climène, présentée par Élise comme une insupportable précieuse, après avoir déclarée la pièce L'école des femmes qu'elle vient d'aller voir, grossière, se voit infliger par Uranie un sermon sur le ridicule qu'il y a à montrer une pudeur excessive et affectée.
Il ressort du dialogue que les détracteurs ont en réalité, peu d'arguments contre la pièce, et déclarent que tel mot les a choqués sans s'expliquer. Tandis que l'auteur de pièce de théâtre Lysidas est présenté comme un hypocrite : « Je la trouve fort belle. » plus loin « Il est vrai qu'elle n'est pas approuvée par les connaisseurs. », « Ma foi, Monsieur, ce qu'on y rencontre ne vaut guère mieux, et toutes les plaisanteries y sont assez froides à mon avis. ». Mais se fait remettre à sa place par le chevalier « Achevez, Monsieur Lysidas. Je vois bien que vous voulez dire que la cour ne se connaît pas à ces choses ; et c'est le refuge ordinaire de vous autres, Messieurs les auteurs, dans le mauvais succès de vos ouvrages, que d'accuser l'injustice du siècle et le peu de lumière des courtisans. Sachez, s'il vous plaît, Monsieur Lysidas, que les courtisans ont d'aussi bons yeux que d'autres ; qu'on peut être habile avec un point de Venise et des plumes, aussi bien qu'avec une perruque courte et un petit rabat uni ; que la grande épreuve de toutes vos comédies, c'est le jugement de la Cour ; que c'est son goût qu'il faut étudier pour trouver l'art de réussir ; qu'il n'y a point de lieu où les décisions soient si justes ; et sans mettre en ligne de compte tous les gens savants qui y sont, que du simple bons sens naturel et du commerce de tout le beau monde, on s'y fait une manière d'esprit, qui, sans comparaison juge plus finement des choses, que tout le savoir enrouillé des pédants. » le chevalier ici est très certainement le porte-parole de Molière. de même qu'il défend par la bouche d'Uranie, son travail d'auteur de comédies « Ce n'est pas mon sentiment, pour moi. La tragédie, sans doute, est quelque chose de beau quand elle est bien touchée ; mais la comédie a ses charmes, et je tiens que l'une n'est pas moins difficile à faire que l'autre. »
Là encore, Molière montre tout son talent à présenter des types, raisonnables ou cocasses, sans excès dans leurs paroles et leur jeu, leur ridicule venant naturellement de leur comportement.
Cet oeuvre provoquera d'autres réponses dont le portrait du peintre.

Commenter  J’apprécie          90
Quelques personnes se réunissent dans le salon d'Uranie et d'Elise : la conversation porte naturellement sur la dernière comédie qui se joue, L'école des femmes d'un certain Molière. La plupart la trouvent détestable, et choquante pour la vertu. Un écrivain la juge mauvaise pour son manquement aux règles essentielles du théâtre.

Seul Dorante la défend avec acharnement contre tout le monde, mettant en avant les rires du public, seul juge valable d'une oeuvre, et critique les gens qui veulent paraître instruit en méprisant systématiquement ce qui est apprécié par un trop grand nombre de gens.

La forme de cette pièce est assez inattendue : la mise en abîme n'est pas très courante, et parler de soi-même dans une pièce, il faut oser ! Molière est à mi-chemin entre l'auto-dérision et la moquerie (qui reste gentille) envers ses détracteurs.
Commenter  J’apprécie          90
La Critique de l'école des femmes se veut être une riposte aux détracteurs de L'Ecole des femmes. Elle a atteint son but puisqu'elle a déchaîné la contre attaque de ceux qu'elle visait ou de ceux qui se sentaient visés. Molière sera même agressé par un dénommé La Feuillade qui aura pris pour lui le fameux "tarte à la crème" répété X fois.

C'est une pièce audacieuse : qui oserait mettre en scène la critique de sa propre oeuvre ?

Molière met en scène la cour de l'époque dans toute sa splendeur : hypocrisie, moquerie, ignorance... Il aborde aussi la grande question des genres littéraire qui fait débat à l'époque : la comédie étant considérée comme un genre bas, indigne d'intérêt. Et ainsi, Dorante, défenseur de la pièce dit " Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire et si une pièce de théâtre qui a attrapé son but n'a pas suivi un bon chemin."

Une bonne pièce, à lire en complément de L'Ecole des femmes.
Commenter  J’apprécie          30
J'ai lu La Critique de l'Ecole des Femmes juste après le Discours sur l'utilité et les parties du poème dramatique de Corneille et j'ai trouvé que bien que les deux visions de l'art des deux hommes se rapprochent la manière qu'a Molière d'exposer ses idées est bien plus efficace que celle de Corneille qui se veut savante.

Dans les deux oeuvres, on y parle d'Aristote, d'Horace, de tragédie, de comédie, de moeurs, de personnages peints avec naturel, de vraisemblance, etc.

Mais revenons plutôt sur La Critique de l'Ecole des Femmes ? On remercie d'abord la querelle qui a permis à la pièce de voir le jour, comme quoi parfois, les critiques peuvent avoir du bon. Pour vous la résumer rapidement, on se trouve dans un salon parisien en compagnie de deux cousines Elise et Uranie (très joli prénom soit dit en passant) et de leurs connaissances qui sont le sot Marquis, l'humble Dorante, le pédant Lysidias, la précieuse ridicule Climène, l'ironique Elise et la simple Uranie. Tous parlent de la pièce l'Ecole des femmes qui défraie les maisons parisiennes depuis déjà 4 jours. Si le Marquis qui n'a même pas écouté la pièce, mais l'a juste vu, Lysidias prend le parti de la critique tandis que Dorante prend le parti qu'il partage avec Uranie du "laissons-nous aller au rire populaire".

En premier lieu, je remercie aux personnages d'Uranie et Dorante d'exister parce qu'ils m'ont détendu face à ce que disait parfois Lysidias à savoir que par exemple, le défaut de la pièce résidait dans le fait qu'elle ne suivait pas les sacro-saints préceptes d'Aristote et d'Horace. de plus, Molière a fait un excellent choix de forme pour adresser sa critique, à savoir celle de la pièce en un seul acte. Il a su y allier une présentation de sa vision dramatique, comédie, mais aussi portraits des points de vue que l'on peut avoir sur la pièce.

Au final, les dernières paroles des personnages comme quoi Molière ne chercherait dans ses pièces que le profit et non pas les critiques ont été assez amusantes. Bien sûr qu'il ne cherche pas à s'inquiéter des critiques avec la Critique de l'Ecole des Femmes, mais plutôt à continuer de faire venir du monde, à faire discuter la société parisienne sur les moeurs et sur les comédies, miroir du public.
Commenter  J’apprécie          10
Quelle dommage que cette pièce soit soit séparée de l'Ecole des femmes ! Chez Hachette est-ce qu'on a pris la peine de lire le livre ? C'est à se demander ! Surtout quand on sait que la pièce était jouée à la suite de l'Ecole des femmes. Vous voulez lire la Critique de l'école des femmes ? Alors prenez soin de le faire à la suite, ne tardez pas, où alors vous allez galérer (clin d'oeil à Scapin en passant) à tenter de vous rappeler de quoi on cause.... Pour en revenir au sujet proprement dit, c'est encore une bonne moquerie des c*ns de l'époque, ne vous en faites pas, on a les mêmes aujourd'hui. Oui, oui, les mêmes...
Commenter  J’apprécie          10
J'ai déjà fait une critique de "l'Impromptu de Versailles" mais je voudrais donner mon avis sur "La Critique". Cette pièce est unique en son genre puisqu'il s'agit comme son nom l'indique de la critique d'une autre pièce du même auteur. Pièce intelligente, qui questionne, qui souligne nos préjugés et nos doutes, pièce drôle aussi qui caricature certains types de personnes, cette pièce est un régal. A lire seulement après "l'école des femmes" naturellement.
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (136) Voir plus



Quiz Voir plus

Molière

Quel est le vrai nom de Molière ?

Jean Coquelin
Jean-Baptiste Poquelin
Baptiste Gravelin
Molière Troiquelin

10 questions
1101 lecteurs ont répondu
Thème : MolièreCréer un quiz sur ce livre

{* *}