Femme de carrière n'ayant jamais connu l'amour, n'ayant jamais ressenti le besoin de donner de l'amour même à son enfant!
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Je n’ai jamais su ce qu’était le bonheur. J’ai tenté d’apprendre maintes fois, j’ai toujours échoué. Je fais partie de ces êtres qui ne sont pas nés pour gagner. Perdre, perdre, toujours perdre, au point de me retrouver seule. Même toi, je t’ai perdu. Volontairement sans doute, mats perdu quand même. Et pourtant, si tu savais comme j’avais envie de t’aimer. Je t’ai donné mon sang, pas mes folles pensées, Dieu merci. Tu as grandi sans moi et je suis fière de toi. Ton père a réussi ce qu’on ne m’a pas appris. Donner de l’amour, pour en recevoir. Une leçon de vie qu’on n’apprend pas à l’agonie.
Je veux bien croire que le cœur est le coffret des sentiments, mais j’ai des besoins, des attentes. Je suis un homme, quoi! Je ne peux pas passer ma jeunesse à quémander pour ne recevoir à tous les trois mois que des miettes, Victoire. L’amour, c’est aussi faire l’amour, je crois. Je veux bien comprendre que tu ne sois pas portée sur la chose, comme tu le dis, mais de là à m’en priver où à te donner inerte, les yeux fermés, il y a une marge. Le corps n’est pas fait que pour faire des enfants et si c’était le cas… nous n’en avons même pas.
Elle s’éloignait de lui peu à peu et, pire encore, elle s’en détachait physiquement. Sa bête, son animal, malgré sa fougue et son eau de toilette, ne la faisait plus jouir. Comme si, assouvie dans sa folle passion, son cœur s’était couvert de granit. Victoire éprouvait à peine le besoin de se donner à celui qui, hier encore, pouvait la garder jour et nuit sur son oreiller. Charme rompu? Pire, les sens ne quémandaient plus.
Il avait accepté parce que, lorsque vêtue, Victoire était si belle qu’elle faisait l’envie de tous ses amis, La femme qu’on habille beaucoup plus qu’on ne déshabille. Celle qui. parfois, accomplissait son devoir comme on fait sa lessive. Une femme de chair qui, dès qu’elle était au lit avec lui, devenait mannequin de bois. Un aller sans retour. Rien, pas même quelques audaces, ne parvenaient à la sortir du marbre.
Seule, elle se devait d’admettre qu’elle n’aimait pas Clément comme on aime… quand on aime. Il lui plaisait, il était fort gentil et comme lui l’aimait, elle se disait qu’avec le temps, elle parviendrait peut-être à l’aimer. Elle s’en voulait de ne pas partager ses élans, ses soupirs, mais quelque chose l’en empêchait. Était-ce physique? Était-ce psychologique? Elle n’en savait rien encore, mais son cœur se fermait à l’idée d’être étreinte dans ses bras, à l’idée d’être embrassée avec passion. Dans ce jeu. ses sens ne répondaient pas. Doit-on aimer comme une damnée pour aimer? Comment répondre? Elle qui n’avait jamais aimé, elle qui, par inexpérience, ne pouvait discerner la force ou la faiblesse d’un sentiment. Ignare sur ce plan, elle se disait qu’elle l’aimait sans doute… normalement.
On aurait désiré lui adresser des mots aussi puissants que ceux qu'elle nous a transmis. Peine perdue. Comme toutes celles qui nous quittent trop tôt, la voix et la présence d?Hélène Monette manqueront à l?appel.
Nous souhaitons qu?exprimés à travers les voix de poétesses, de celles qui l?ont lue, la lisent ou la liront, ses mots résonnent dans toutes les chambres à coucher, dans les rues, dans les mémoires. Qu'ils soient forces et résistances pour toutes les femmes qui écrivent, qui pensent, qui luttent.
La soirée prendra la forme d'un cabaret de lectures de textes d'Hélène Monette. Vous y êtes convié.e.s pour 19h. Elle sera suivie d'une rencontre plus libre dans un lieu à déterminer.
Avec des lectures de :
Martine Audet, Nicole Brossard, Catherine Cormier-Larose, Carole David, Gabrielle Giasson-Dulude, Valérie Lefebvre-Faucher, Lili Monette-Crépô, Chloé Savoie-Bernard, Caroline Scott, France Théoret, Élise Turcotte, Nathalie Watteyne.
Animation : Marie-Ève Blais
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