Au ruisseau La Durèze
Ruisseau charmant, au doux murmure,
Bordé de fleurs à la belle saison,
Dans les bassins que te fit la nature,
Le bélier plonge sa toison.
L'inconstante bergeronnette
Vient se mirer dans tes limpides eaux ;
Prima dona jolie et point coquette
Bâtit son nid sur tes arceaux.
Ton flot, espoir de la prairie,
Parfois se gonfle et passe sur tes bords ;
Avec amour, l'herbe déjà flétrie
Accueille ses riches trésors.
Aux premiers rayons de l'aurore,
Avant-coureurs du céleste flambeau,
L'humble berger sur ta rive sonore
En chantant conduit son troupeau.
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Sur tes rives, dans mon enfance,
Je façonnais des barques de roseaux ;
Mon cœur pourvu des dons de l'innocence,
Goûtait le calme et le repos.
Il était pur comme ton onde,
Et plus joyeux que tes petits poissons ;
Mais nous, mortels sur la scène du monde,
Devant le mal nous fléchissons.