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2,97

sur 75 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quel texte ! Quel roman ! Je l'ai lu d'une traite, complètement happée par l'atmosphère glaçante qui s'installe progressivement, me demandant comment tout cela allait se terminer, relisant certains passages pour être sûre de bien comprendre ce qui se tramait.
Évidemment, le sujet y est pour quelque chose (je vous en parle dans deux minutes) mais je crois que l'écriture que j'ai trouvée fascinante, notamment à travers les métaphores poétiques de l'eau ou des structures syntaxiques audacieuses, contribue pleinement à créer cette impression d'être, nous aussi, progressivement, comme pris au piège. En effet, j'ai eu le sentiment d'avancer dans l'oeuvre avec la peur de découvrir le pire, de comprendre ce que tous les sous-entendus ou les images qui disent sans dire laissent deviner à demi-mot. J'ai même relu certains passages pour m'assurer que mon esprit ne s'égarait pas, que je n'inventais rien.
Un insupportable malaise s'installe peu à peu.
Et le piège se referme sur eux… les enfants.
En effet, c'est un livre sur la violence, une violence cachée, sournoise, qui ne porte pas son nom mais qui détruit les êtres.
Le sujet ?
Balthazar Béranger, médecin, est un homme de goût : il s'installe dans un ancien presbytère avec sa femme Sonia . Pour lui, « cela fait sens d'habiter dans un presbytère », comprenez que c'est un lieu qui a une âme et ça va avec l'idée que Monsieur se fait de la vie.
Les pièces sont vastes : il a de la place pour installer son piano et son clavecin. Car Monsieur est musicien. Et puis, il aime les vraies choses, les belles choses : l'Art, la Nature, la Littérature, la Culture, la Morale.
Et les couverts en argent lorsqu'ils brillent...
Quant aux enfants, Clément, Sébastien, Manon et Alice, vous pensez bien que Monsieur désire les élever dans la Beauté, en dehors de ce monde abject qui est le nôtre. Pas de télé « qui empêche les enfants d'épanouir leurs facultés d'imagination », pas de radio, pas d'école (inutile et vulgaire), pas de sucreries (un poison pour le corps), pas de foot (idiot), pas de jouets en plastique (clinquants et de mauvais goût), bref que toutes ces horreurs demeurent hors de sa vue et de celle de ses enfants.
A la place ? de l'Art, de la musique (ils apprendront le violon), des bonnes manières (on ne parle pas à table), de bonnes fréquentations (ah, ces nouveaux amis musiciens… des gens si sensibles).
« Je me soucie de votre âme » déclare Monsieur à ses enfants, éteints. Beau programme n'est-ce pas ? Ils se doivent d'être reconnaissants, ce serait la moindre des choses, non ?
Sonia se plie à ses exigences et se tait. Elle ne va pas voir ses petits qui pleurent la nuit, non, lui dit son époux, ils deviendraient capricieux. Balthazar consent tout de même à se plier à une certaine forme de modernité en achetant une machine à laver le linge mais, ah, quand même… avant…
« Tu n'aimerais pas - Balthazar pose la question sans la regarder, un sourire vague flottant sur ses lèvres - hein, étendre les draps dans le jardin, les soirs de lune… Bien, dit-il avant de quitter la pièce d'un pas rapide et de s'éclaircir la voix, pendant que Sonia, lentement, referme les portes de l'armoire. Non, je n'aimerais pas dit-elle doucement.»
Alors, Sonia tricote de jolis gilets de laine que les enfants enfilent sur des petits cols blancs. Les gens les trouvent adorables, n'est-ce pas là l'essentiel ?
Un jour, Balthazar parle à la maison d'un jeune ado maltraité par sa famille qui pourrait venir un peu au presbytère recevoir des cours de français donnés par Sonia. N'est-ce pas Sonia ? Ils se doivent d'accueillir ce pauvre garçon, eux, « des êtres de coeur, des êtres raffinés ». Tanguy va peu à peu faire sa place dans la famille, s'occuper des enfants qui l'adorent parce qu'il apporte un peu de joie, un peu d'ouverture dans cet univers austère et rigide où règnent silence et non-dit.
Je ne vous en dis pas plus mais sachez que tout ce petit monde bien raide et bien propre sur lui va tout doucement plonger dans l'horreur, la folie. Et encore une fois, l'écriture allusive, métaphorique et très minutieuse d'Ariane Monnier exprime parfaitement la façon dont cette famille va progressivement, sans même s'en apercevoir, sombrer dans la monstruosité.
J'ai beaucoup aimé le portrait de cet être insupportable, pervers, ce despote qu'est le père avec tous ses principes rigides et son autorité tyrannique : ses gestes, ses expressions, ses tics de langage rendent très crédible ce personnage abject, dominateur, destructeur, pour qui seules les apparences comptent. Donner l'image d'une famille parfaite, quitte à refuser de voir ce qui dérange, quitte à nier l'évidence.
Un huis clos étouffant et terrifiant écrit dans une langue magnifique, envoûtante : Ariane Monnier, un auteur à suivre !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Premier roman de cette auteure et on peut dire qu'il marquera cette rentrée tant le style et le récit sont particuliers.

Au départ de ce roman c'est un drame de la route qui lance l'histoire ; Clément, probablement alcoolisé se blesse grièvement au volant de son camion, il trouve refuge auprès de Sonia après une longue période de rééducation et le lecteur ne s'attend alors pas au long récit qui va suivre. 

Ce roman cauchemardesque est celui de la famille que Balthazar Béranger entend avoir avec une épouse soumise, aux failles psychiques réelles et  du long calvaire qu'indirectement ou directement il fera subir à l'ensemble des siens, sans exception sur des critères et des attentes dignes d'une rare perversité. C'est sous le toit d'un ancien presbytère où il dirige sa tribu et ses activités de médecin comme sa passion pour la musique et le clavecin que l'horreur est quotidienne et la pression psychologique extrême. Sonia, son épouse, battue régulièrement mais soumise et totalement sous sa coupe avec des vrais moments de bouffées délirantes contre ses quatre enfants. Ces derniers ; Clément, Sébastien, Manon et dans une moindre mesure Alice sont sous le joug d'un père autoritaire, violent qui, avec la complicité involontaire de son épouse, les tient sous sa coupe rétrograde où aucun écart ou maladresse n'est autorisé. Sans réel soutien, ces enfants perdent toute notion de normalité et vont de plus être livré à des amis de la famille comme à Tanguy, dont l'enfance martyre a ému Balthazar, aussi pervers l'un que l'autre et déviant. Plongé dans tant d'horreurs, les enfants vont à leur tour nouer des liens équivoques entre eux. 

Ariane Monnier va s'attacher à démonter les mécanismes, fausses excuses que Balthazar comme Sonia ou Tanguy vont défendre contre leurs propres enfants mais aussi les schémas que la perversité parentale va instaurer et vouloir normaliser.

Un style incantatoire, de nombreuses métaphores pour recouvrir l'innommable, une réelle connaissance des troubles psychiques humains, c'est la marque de fabrique d'Ariane Monnier avec la précision d'un chirurgien. Découpé en 5 parties, ce livre est un terrible récit qui ne peut pas laisser le lecteur insensible ni au bord de la nausée mais qu'il faut lire et même si parfois il est nécessaire de revenir sur certains passages, cela reste un livre à absolument lire.
Lien : http://passiondelecteur.over..
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Alors... comment dire ? C'est un roman que j'ai lu en apnée, par moment au bord de la nausée, mais avec intérêt quand même, pour le parcours étonnant de cette famille qui n'en peut plus de s'enfoncer.
Un père médecin respecté, autoritaire et pervers, une mère soumise et psychologiquement fragile, et des enfants qui entrent à leur tour dans cette spirale de violence, physique, morale. C'est difficilement soutenable psychologiquement, même si la violence n'est jamais décrite avec complaisance.
C'est un roman bien écrit, au style particulier, qui semble décousu, mais avance en fait à son propre rythme, eclaté, lent, qui étouffe les personnages et le lecteur peu à peu... il y a des romans qui ne sont pas aimables, mais qui sont peut-être nécessaires pour essayer de comprendre le quotidien de familles en souffrance, alors que personne ne voit rien dans l'entourage.
Un coup de poing dans cette rentrée littéraire.
Merci à l'éditeur et à Netgalley pour cette découverte en avant-première.
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Un jeune couple s'installe dans un ancien presbytère, fonde une famille de quatre enfants : un scénario des plus banals et pourtant... Les premières pages s'ouvrent par la fin, avec un jeune homme, victime d'un accident, en proie à la folie. Des pages intrigantes qui contrastent vivement avec la suite, où le presbytère semble être un lieu accueillant.

La mère, par sa folie douce, son désir compulsif de jouer et de se déguiser, m'a rappelée brièvement le personnage de En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeaut. Mais ici, pas de comique, juste une folie, une manière pour elle de se cacher la réalité. Quelque chose de malsain règne dans ce livre, des non-dits qui nous font peur. L'auteur tait les secrets de ses personnages tout en prenant soin de nous dire que quelque chose ne va pas, que le danger rode.

Habile, l'auteur intègre les dialogues dans le coeur même de son récit, privant les personnages de leur parole directe. Là encore, le non-dit domine pour eux, alors que le lecteur a compris la situation depuis longtemps : un décalage entre la situation des personnages et celle du lecteur qui met en colère, qui nous pousse à réagir.

Un coup de coeur, pour son style maîtrisé et pour les émotions qu'il provoque
Lien : http://troisouquatrelivres.b..
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Mis à part un scénario qui fait un peu trop la part belle aux rebondissements improbables et quelques incohérences d'un point de vue psychologique, ce premier roman est vraiment réussi. L'écriture maîtrisée, la convocation d'images très originales, et le déroulé implacable des relations humaines dans un huis clos passionnant confèrent à ce roman une atmosphère inoubliable.
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Un superbe roman que je n'ai pas réussi à lâcher avant la fin.
Pourtant adepte des romans à suspens, jamais encore un livre ne m'avait procuré de telles sensations. Je l'ai lu le souffle court, impatiente de découvrir le(s) drame(s) qui se tramai(en)t dans cette famille très particulière.
L'écriture est subtile. le ton léger, en total décalage avec l'horreur vécue par les personnages, confère au roman une atmosphère angoissante. La lecture devient addictive dès les premières pages. L'auteure utilise de belles images poétiques pour décrire la détresse des personnages et les cruautés dont ils sont victimes. du tout grand art !
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"Huis clos acide" écrit Leïla Slimani à propos du roman "Le Presbytère" dans une chronique du Monde...

Ariane Monnier réalise en effet le tour de force d'un huis clos au style précis qui introduit le malaise avec subtilité dans une vie de foyer. L'idée de de spectacle vient ainsi faire tanguer l'édifice familial et subvertir les représentations, au-delà de la façade d'une belle demeure. Ariane Monnier fait preuve d'un style personnel et déjà d'une certaine maturité, d'un gothique tout à fait maîtrisé, qui élude avec intensité et taraude savamment...
Je le recommande !
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Premier roman de cette auteure, écrit dans un style très particulier, il peut dérouter le lecteur.
Pour ma part, cela ne m'a pas dérangée, bien au contraire ! J'ai accroché de suite à l'histoire :

A la fin des années 1960, un médecin fraîchement diplômé s'installe avec sa jeune épouse quelque part en province. Ils choisissent d'acquérir un ancien presbytère, vaste demeure aux multiples pièces, enfouie dans un grand jardin. Les années passent, Balthazar et Sonia ont quatre enfants et sont élevés d'une façon très particulière. Nous comprenons rapidement que les parents n'ont pas l'air très équilibrés.

Et pour ne rien dévoiler de plus…je n'en dirais pas plus.

Dans ce roman, plusieurs sujets forts sont abordés : parents manipulateurs, abus, secret et déni.
Un livre très intéressant par les thèmes abordés, et j'étais en effet, curieuse de voir comment l'auteure allait les mettre en « scène » mais j'étais loin d'en connaitre tous les aboutissements.
Une prouesse qu'Ariane Monnier par son écriture arrive à introduire dans son roman, d'une façon subtile et ce, par des menus faits inquiétants, allusifs ou ambigus. Presque un huit clos où l'on ressent un fort sentiment de malaise, elle nous plonge dans un univers suffocant où les apparences cachent l'horreur absolu !

Je le conseille vivement.

Lien : https://leslecturesdeclaudia..
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Un roman d'une force incroyable.
Un couple, quatre enfants et une maison baptisée le Presbytère.
Lentement, de manière imperceptible le père est de plus en plus sujet à des colères blanches, son autoritarisme et son intransigeance se révèlent dans l'éducation des enfants à qui il ne passe rien.
Le couple reçoit quelques invités, un jeune homme au passé douloureux qui fait quasiment aussi partie de la famille et va s'amuser à faire découvrir aux enfants des fragments du monde. Les jeux et friandises sont leur secret, parfois trop lourd à porter.

Ce roman m'a mise mal à l'aise par le portrait de la naissance de la maltraitance, l'aveuglement des parents et l'exposition des enfants aux dangers certainement perceptibles mais que l'on se force à ignorer.
Ce premier roman est foudroyant, Ariane Monnier fait vibrer ses mots d'une puissante profondeur, l'atmosphère est angoissante et dès les premières pages on s'attend à ce que la situation empire puis dégénère, jusqu'au pire.
Je n'ai pas pu lâcher ce livre jusqu'à la dernière page, j'étais glacée d'effroi et on ressent une empathie terrible pour les enfants devenus proie laissée à l'abandon.
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On ressent très vite le malaise de ces enfants à travers le style de l'écriture qui illustre bien la folie du père abject et plein de violence pour avoir une famille idéale à ses yeux et la soumission quasi totale de son épouse.
Très bon roman oppressant tout de même.
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