Nous avons abandonné Nature et lui voulons apprendre sa leçon, elle qui nous menait si heureusement et si sûrement
Mais quand je rencontre, parmi les opinions les plus modérées, des raisonnements qui tendent à prouver combien nous ressemblons étroitement aux animaux, combien ils participent de ce que nous considérons comme nos plus grands privilèges, et avec quelle vraisemblance on peut les comparer à nous, certes, j’en rabats beaucoup de notre présomption, et me démets volontiers de cette royauté imaginaire qu’on nous attribue sur les autres créatures.
Quand bien même les animaux n'auraient pas ces avantages, il y a pourtant un certain égard et un devoir général d’humanité qui nous attache non seulement aux bêtes qui ont vie et sensibilité, mais aux arbres eux-même et aux plantes. Nous devons la justice aux hommes, et la bienveillance et la douceur aux autres créatures qui peuvent les ressentir. Il y une sorte de relation entre nous, et des obligations mutuelles. Je ne crains pas d’avouer la tendresse due à ma nature si puérile qui fait que je ne peux guère refuser la fête que mon chien me fait, ou qu’il me réclame, même quand ce n’est pas le moment.
La sagesse a ses excès et n'a pas moins besoin de modération que la folie.
« Les femmes ont raison de se rebeller contre les lois parce que nous les avons faites sans elles. »
Les maux de l'âme s'obscurcissent en leur force ; le plus malade les sent le moins.
Je n'aime quant à moi, que des livres ou agréables ou faciles, qui me charment, ou ceux qui me consolent et me conseillent pour régler ma vie et ma mort.
Dans cette école du commerce des hommes, j'ai souvent remarqué ce défaut, (à savoir) qu'au lieu de chercher à connaitre les autres, nous ne faisons effort que pour faire connaitre et sommes plus soucieux de débiter nos marchandises que d'en acquérir de nouvelles. Le silence et la modestie sont des qualités très favorables aux relations humaines.
Les inclinations naturelles sont aidées et fortifiées par l'éducation, mais on ne les change guère et on n'en triomphe guère.
Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiez, ce ne sont qu'accointances et familiaritez nouees par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos ames s'entretiennent. En l'amitié dequoy je parle, elles se meslent et confondent l'une en l'autre, d'un meslange si universel, qu'elles effacent, et ne retrouvent plus la cousture qui les a joinctes. Si on me presse de dire pourquoy je l'aymoys, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en respondant : Par ce que c'estoit luy, par ce que c'estoit moy.
Il y a au delà de tout mon discours, et de ce que j'en puis dire particulierement, je ne sçay quelle force inexplicable et fatale, mediatrice de cette union. Nous nous cherchions avant que de nous estre veus.
Notre esprit est un outil vagabond, dangereux et irréfléchi : il est difficile d'y introduire l'ordre et la raison