La montagne, il faut la partager. Avec les oiseaux, les isards, les fourmis, les abeilles, les insectes... et les ours. Non seulement il faut sauver ceux qui restent, mais il faut assurer la survie de l'espèce. Faire en sorte qu'il y ait toujours des ours dans les Pyrénées et qu'ils y aient leur place. Comme les hommes.
D'un seul coup, elle a pris conscience que la montagne n'est pas seulement un terrain de jeux pour citadins, mais un univers mystérieux et sauvage qui recèle mille dangers pour qui ne la connaît pas.
Jérôme la suit sur la plate-forme hors de l'abri.
Ils se sentent tous les deux terriblement ankylosés et ils ont mal partout.
-Hou! Hou! crie Jérôme.
-Plus fort, dit Lucie.
Et elle hurle:
-ON EST LA!
-ON EST LA, répète Jérôme.
On croit que la montagne est déserte, mais ce n'est pas vrai. Pas assez pour l'ours en tout cas, qui a besoin de grands espaces.
Il a des mains qui parlent.
Elle disent la montagne, la forêt, les sentiers, les pics, les lacs perdus qui gèlent au début de l'hiver, les névés qui habillent les creux secrets, le cri des oiseaux qui perce le silence, le bourdonnement des insectes au printemps, la solitude de l'hiver, l'été court et ardent...
Manquer de lecture, ça, c'est terrible.