Hercule marche et marche encore. Il traîne sa massue derrière lui, trop épuisé pour la jeter sur son épaule comme il en a l'habitude. Il est d'autant plus désespéré que, cette fois-ci, Eurysthée lui a donné un travail quasiment impossible : lui rapporter les pommes d'or du jardin des Hespérides.
Ce jardin, on ignore où il se trouve. Ce que l'on sait en revanche, c'est que nul ne peut y pénétrer !
Ses mains ont bougé.
Ses jambes aussi.
Promethee a contemplé son oeuvre, enchanté, et s'est aussitôt mis à l'ouvrage, modelant et modelant encore des dizaines de figurines semblables à la première.
C'est ainsi que le monde s'est peuplé d'hommes.
Tout au fond de celle-ci, il ne reste qu'une seule chose : l'espérance. Petite lumière fragile cachée dans l'ombre de la jarre, elle permettra aux hommes de continuer à vivre.
Que va-t-il faire ?
Il sait déjà qu'il ne retournera pas auprès des hommes. Il leur a enseigné bien des savoir-faire, mais depuis qu'il est enchaîné au rocher de nombreuses générations se sont succédé, et les hommes ont développé de nouvelles techniques. Désormais, ils savent se débrouiller et n'ont plus besoin de lui.
Prométhée ne doit plus rien à ceux qu'il a crées.
Itylos déambule dans la foule avec le taureau. Chacun veut toucher l'animal, destiné à être offert en sacrifice. Une partie en reviendra aux hommes, qui la feront griller sur le feu et s'en régaleront, et une autre aux dieux, qui, en échange, protégeront les hommes.
Mais une fois le taureau sacrifié, au moment du partage, une dispute éclate.
- Gardons la viande pour nous ! crient les uns. Nous avons travaillé dur et nous la méritons.
- Pas question, protestent les autres. Nous ne pouvons priver les dieux de la meilleure part...
Alors que le monde n'était peuplé que d'animaux, Prométhée a eu une curieuse idée.
Par un matin ensoleillé, il a ramassé un peu de terre. D'abord, il l'a laissé filer entre ses doigts et la terre est retombée sur le sol. Il en a ramassé une autre poignée qu'il a commencé à malaxer d'un air songeur. Il avait plu la veille et des flaques d'eau subsistaient. Il s'est agenouillé auprès d'une flaque, a prélevé un peu d'eau dont il a aspergé sa motte de terre.
Peu à peu ses doigts ont modelé une forme : un corps, des bras, des jambes, une tête. Il a contemplé son travail avec satisfaction : sa figurine ressemblait aux dieux ! Il aurait pu s'arrêter là, mais non. Il a modifié sa tête de façon que le visage puisse se tourner vers le ciel.
Il a joué un moment avec cette poupée de terre puis, doucement, il a soufflé dessus.
La terre de la figurine s'est transformée en chair.
Voilà des jours qu'Hercule avance dans cette contrée sinistre et son espoir de réussir a fondu. Soudain, il se fige. Quelque chose de curieux vient de surgir à l'horizon. Enchaîné à un piton rocheux qui se dresse vers le ciel, un géant se tord de douleur. Hercule comprend pourquoi: un aigle est agrippé à son ventre! Il se précipite, prêt à aider l'inconnu, mais le malheureux l'arrête.