« Je n’ai pas changé du tout ou pas vraiment. J’ai seulement été taillée et élaguée. Le vrai moi, celui du dedans, est toujours le même. »
« Tu ne jacasses plus autant qu’avant, Anne, et tu n’emploies plus autant de grands mots. Qu’est-ce qui t’arrive ? » (…)
« Je ne sais pas, je n’ai plus envie de parler autant, dit-elle en appuyant son menton sur son index. C’est plus agréable d’avoir de jolies et précieuses pensées et de les garder dans son cœur, comme des trésors. Je n’aime pas qu’on se moque d’elles ou qu’on s’en étonne. Et puis, curieusement, je ne veux plus employer de grands mots. C’est presque dommage, tu ne crois pas, maintenant que je suis assez grande pour m’en servir si ça me chante ? D’un certain côté, c’est agréable d’être presque adulte, mais ce n’est pas le genre de plaisir auquel je m’attendait. Il y a tellement à apprendre, à faire, à penser, qu’il ne reste plus de temps pour les grands mots.
C’est toujours pareil : ceux qui ont eu des enfants savent qu’il n’y a pas de recette miracle qui conviennent à tous, alors que ceux qui n’en ont jamais eu pensent que c’est aussi simple qu’une règle de trois - on place les chiffres comme il faut, et le résultat sera correct. Mais les créatures de chair et de sang n’obéissent pas aux règles de l’arithmétique (…)
Chap 5, p49 : Si la vie m'a appris quelque chose, c'est qu'on peut presque toujours profiter de tout si l'on est fermement décidé à le faire.
"Eh bien, encore un espoir qui s'envole. Ma vie est un vrai cimetière d'espoirs déçus. J'ai lu cette phrase quelque part, et ça me console de la répéter à chaque fois que je connais une nouvelle déception.
-Je ne vois pas en quoi ça peut vous consoler."
C'est si facile d'être méchant sans le vouloir, vous ne croyez pas ?
Les érables, disait Anne, sont des arbres si sociables, ils passent leur temps à bruisser et à nous murmurer des choses...
- […] Mais tu sais quoi, je crois que tout compte fait je ne me sens pas très à l’aise au milieu de tout ça. Il y a tellement de choses dans cette pièce et elles sont toutes si belles, qu’elles ne laissent pas de place à l’imagination. Ça fait au moins une consolation quand on est pauvre, il y a tellement plus de choses à imaginer.
« […] Il y a tellement d’Anne différentes en moi. Parfois, je me dis que c’est pour ça que je suis si pénible. Si j’étais une seule et unique Anne, ce serait vraiment beaucoup plus simple - mais aussi bien moins intéressant. »
Qu’il était plaisant de bringuebaler sur les routes humides dans les premières lueurs rougeoyantes de l’aube, qui s’avançait à pas de loup sur les champs moissonnés.