Penser que les crèmes antirides fonctionnent c'est penser que les antidépresseurs guérissent. Si on efface le problème, il ne reste plus rien à vendre. Rien ne soigne, rien ne soulage, rien n'arrange, rien ne calme, de manière permanente. Si l'on commercialise des teintures dites permanentes, c'est qu'on sait qu'un buisson de racines repoussera. Rien de ce que l'on nous vend n'est permanent. Il n'y a que le besoin qui reste permanent. Le besoin d'avoir besoin. Besoin de quelque chose pour sentir qu'on n'a plus besoin de rien pour être bien.
On entend souvent les gens poser cette question éculée : « Pourquoi les femmes battues ne partent pas ? » Comme si la femme battue était un modèle robot. Une race de chien. Un sorte de fruit. Pourquoi les pommes noircissent une fois coupées en deux ? Pourquoi les femmes battues ne partent pas ? Comme s'il y avait une réponse universelle. Une explication évidente qu'on trouverait en tapant cette question sur Google.
Il n'y a pas de réponse à cette question parce que La femme battue n'existe pas. Il y a Des femmes. Qui se font battre.
À chacune sa réponse.
Le passé ne se répare pas. Il se range quelque part et fait semblant d'être silencieux.
On ne cesse jamais d'être un enfant. Il n'y a que la composition de la peau qui mute et s'épaissit. Que les os qui s'allongent puis s'affaiblissent. Mais l'Adulte est une utopie. Un concept. Un individu de légende qui n'existe nulle part.
L'écran est allumé sur un programme de télé réalité. La télé réalité c'est un peu l'art contemporain des handicapés intellectuels. Ça se regarde sans rien comprendre. C'est la « Merde d'Artiste » de Pietro Manzoni. Il paraît que les jeunes de mon âge adorent.
On ne cesse jamais d'être un enfant. Il n'y a que la composition de la peau qui mute et s'épaissit. Que les os qui s'allongent et s'affaiblissent. Mais l'adulte est une utopie. Un concept. Un individu de légende qui n'existe nulle part. Nous ne sommes tous jamais que des enfants vieillissants. Des mioches ridés avec cannes et dentiers.
Quelle incroyable torture que de vivre avec des sentiments… parfois je me dis que les robots ont la belle vie. Les objets aussi. Épargnés de conscience et d’émotions. Tout ce bouillon de sensations aux commandes de notre corps dont on ne sera jamais maître et qui n’existent que pour nous faire vaciller…
On n'appartient jamais à personne. On ne s'appartient pas à soi-même...
je suis très excité, ce matin. C’est l’aiguille de ma cyclothymie qui à viré de bord. Hier encore, je passais mes journées au lit. À me demander où suspendre la corde qui me brisera la nuque. Mais ce matin je suis le maître du monde.
la vérité c’est que les anniversaires, je les aime autant que les fêtes de Noël. Aucunement. Cette exaspérante manie qu’ont les gens de se féliciter d’exister ! Comme si ils y étaient pour quelque chose… Comme si leur présence terrestre était un accomplissement. Quelle société maladivement megalo ! Papa a bien baisé Maman il y a dix-huit ans, et maintenant tout le monde me doit un cadeau et un énorme gâteau !