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Citations sur Le Conformiste (62)

Marcello regarda longuement ces quatre ou cinq pétales de feu qui semblaient s'agiter et palpiter; puis ses yeux se fixèrent sur le talus du chemin de fer où se projetait , en même temps que son ombre et celle de Giulia, le faible éclairage du train et il éprouva brusquement une sensation aiguë d'égarement. Pourquoi était-il dans ce train? Qui était la femme debout à ses côtés? Où allait-il? Quel homme était-il? D'où venait-il? Cette sorte d'égarement n'avait rien de pénible. Il y retrouvait un sentiment familier qui constituait peut-être le fond de son être intime. "Ainsi donc, "pensa-t-il froidement, "je suis comme ce feu, là-bas, dans la nuit...je flamberai et m'éteindrai sans raison, sans suite...un peu de combustion suspendue dans la nuit."
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Quand on est méchant avec les bêtes, on est également méchant avec les chrétiens, dit la cuisinière, on commence par un chat et puis on tue un homme.
- Pourquoi ? demanda soudain Marcel en levant les yeux de son assiette.
- On dit ça...répondit la cuisinière en lui faisant une caresse. Pourtant, ajouta-t-elle en s'adressant à la femme de chambre, ce n'est pas toujours vrai...celui qui a tué tous ces gens à Pistoia... je l'ai lu dans le journal... sais-tu ce qu'il fait maintenant en prison ?... Il élève un canari...
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C'est curieux comme les déments se tiennent au courant des faits du jour...comme ils sont sensibles à tout ce qui touche la collectivité...nous avons le fascisme, le Duce...alors vous trouverez des quantités de malades comme votre père dont l'esprit se fixe sur le fascisme et le Duce...durant l'autre guerre, on ne comptait plus les malades qui se croyaient des généraux et voulaient remplacer Diaz ou Cadorna...Plus récemment, au temps du vol de Nobile au pôle nord, nous avions au moins trois pensionnaires qui savaient de source sûre où se trouvait la fameuse tente rouge et qui avaient inventé un appareil spécial pour aller au secours des naufragés...les fous sont toujours très actuels...au fond, malgré leur folie, ils continuent à participer à la vie publique et leur démence est justement le moyen qui leur sert pour y participer...bien entendu, en bons citoyens fous qu'ils sont.
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Il demeurait debout devant le trottoir de ciment sur lequel gisaient les lézards, tenant le jonc serré dans sa main; sur son corps et sur son visage il sentait encore l'excitation qui l'avait envahi pendant le carnage, non plus ardente comme alors, mais ternie par le remords et la honte.
En outre, il percevait que, à son habituelle sensation de cruauté et de puissance, s'était ajouté, cette fois, un trouble particulier, encore inconnu, inexplicablement physique, qui provoquait en lui, en même temps que le remords et la honte, un indéfinissable sentiment d'épouvante. Comme s'il découvrait en lui-même un caractère absolument anormal, dont il devait être honteux, qu'il lui fallait garder secret pour ne pas avoir honte également devant les autres et qui, en conséquence, le mettait à part de ses semblables.
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Cette erreur était née d'un instinct puissant ; malheureusement le conformisme vers lequel son instinct l'avait aiguillé n'était qu'une forme vide à l'intérieur de laquelle tout était normal et gratuit. Au premier choc, cette forme s'en était allée en morceau et son instinct si justifié et si humain avait fait, de la victime qu'il était, un bourreau. Son erreur en somme, avait été moins d'assassiner Quadri que d'avoir voulu oblitérer le vice d'origine de sa propre vie par de mauvais moyens.
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Les yeux brillants, tout son corps ouvert à une sensation de bien-être qui paraissait se confondre avec la vitalité du jardin luxuriant et plein de lumière, il se sentait heureux. Mais d'un bonheur agressif et cruel, comme désireux de se mesurer avec le malheur de autres.
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Puisque l'amour n'existait pas, et pour cette raison seule, il continuerait à suivre la voie qu'il avait suivie jusqu'alors, il irait jusqu'au bout de sa mission ; il persisterait dans son intention de se créer un famille avec la déconcertante et primitive Julie. C'était cela le conformisme ; ce pis-aller, cette forme vide. En dehors, tout n'était que confusion et arbitraire.
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Le trait le plus caractéristique du changement radical intervenu durant ces dix-sept ans était la disparition d'une sorte d'excès de vitalité constitué par le bouillonnement d'instincts insolites et peut-être anormaux. Tout cela était remplacé par quelque chose d'un peu terne, d'un peu médiocre : du normal.
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Encore une fois, c'était la règle qui l'attirait ; et d'autant plus qu'elle se révélait non fortuite, non assujettie aux préférences et aux inclinations naturelles de l'âme, mais préétablie, impartiale, indifférente aux goûts individuels, limitée et soutenue par des prescriptions indiscutables et toutes orientées vers un but unique.
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Le hasard seul avait voulu que le chat mourût à la place de son ami. Un hasard non absolument fortuit toutefois ; car on ne pouvait nier qu'il y eût progression des fleurs aux lézards, des lézards au chat, du chat au meurtre de Robert, pensé et voulu bien que non exécuté, mais encore possible et peut-être inévitable.
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