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Citations sur L'ennui (38)

La vie, au fond, n'était que ce continuel changement de position comme en un lit inconfortable dans lequel on ne peut dormir longtemps couché sur le même côté.
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Mais toutes nos réflexions, même les plus rationnelles, naissent d'une donnée obscure du sentiment. Et il est moins facile de se libérer du sentiment que des idées : celles-ci vont et viennent mais les sentiments demeurent.
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L'aspect principal de l'ennui était l'impossibilité pratique de rester en face de moi-même, seule personne au monde d'autre part de laquelle je ne pouvais me défaire d'aucune façon.
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Le lendemain matin, en repensant à la visite manquée de Cécilia, je me convainquis, ou plutôt je cherchai à me convaincre que son absence avait été due à des motifs qui n'avaient rien à voir avec nos relations. Car si je désirais encore me défaire de Cécilia, la Cécilia dont je voulais me défaire était une Cécilia amoureuse de moi, ou que j'imaginais telle, et non une Cécilia qui ne m'aimait plus et manquait à nos rendez-vous. Et ceci, non par ce genre particulier d'amour que l'on appelle amour contrarié, lequel fait que nous aimons qui ne nous aime pas et n'aimons pas qui nous aime, mais parce que la Cécilia qui m'aimait s'était révélée ennuyeuse, c'est-à-dire irréelle, tandis que la Cécilia qui ne m'aimait pas acquérait de plus en plus à mes yeux (par le fait même qu'elle ne m'aimait pas) un semblant de réalité.
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Brusquement, j'éprouvai comme une pincée au coeur et tressaillis avec un frisson de tout mon corps, car je venais de penser : "Je puis bien ruminer ce que je veux, mais en fait, elle n'est pas venue" et cette réflexion m'avait communiqué une sensation presque physique de la vanité de tout raisonnement en face de la réalité de l'absence.
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Je revins m'asseoir sur le divan et me mis à réfléchir. Pourquoi le retard de Cécilia me bouleversait-il ? Je compris que si jusqu'alors Cécilia n'avait rien été pour moi, ce retard la faisait devenir quelque chose. D'autre part, ce quelque chose, au moment même où il prenait consistance, m'échappait douloureusement parce qu'après tout Cécilia n'était pas venue. Ainsi Cécilia me paraissait absente lorsqu'elle se trouvait dans l'atelier et se serrait contre moi ; et maintenant qu'elle n'était pas là et que je savais qu'elle ne viendrait pas, je la sentais amèrement et obscurément présente.
Je m'efforçai de mettre plus de clarté dans mes pensées, mais sentis que cela m'était difficile parce que je souffrais.
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[ Incipit ]

Je me rappelle fort bien comment je cessai de peindre. Un soir, après être resté huit heures de suite dans mon atelier, peignant de temps à autre pendant cinq, dix minutes, puis me jetant sur mon divan et y restant étendu, les yeux fixés au plafond, pendant une ou deux heures, tout à coup, comme par une inspiration enfin authentique après tant d'efforts infructueux, j'écrasai ma dernière cigarette dans le cendrier rempli de mégots éteints, je fis un bond félin hors du fauteuil dans lequel je restais enfoncé, saisis un canif dont je me servais quelquefois pour racler ma palette et, à coups répétés, je lacérai la toile que j'étais en train de peindre et ne fus content que lorsque je l'eus réduite en lambeaux. Puis je tirai d'un coin une toile intacte de la même grandeur, je jetai celle que j'avais lacérée et posai la nouvelle sur le chevalet. Ceci fait, je m'aperçus pourtant aussitôt que toute mon énergie (comment dirais-je ?) créatrice s'était complètement épuisée dans ce geste de destruction furieux et au fond rationnel. J'avais travaillé à cette toile durant les deux derniers mois, sans trêve, avec acharnement ; la lacérer à coup de couteau équivalait finalement à l'avoir achevée, peut-être d'une manière négative, quant aux résultats extérieurs qui d'ailleurs m'intéressaient peu, mais positivement en ce qui regardait mon inspiration.
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