« Les humains doivent se reconnaître dans leur humanité commune en même temps que reconnaître leur diversité tant individuelle que culturelle »
L'amour peut aller du foudroiement à la dérive. Il possède en lui le sentiment de vérité, mais le sentiment de vérité est la source de nos erreurs les plus graves. Combien de malheureux, de malheureuses se sont illusionnés sur "la femme de leur vie", "l'homme de leur vie" ! Mais rien n'est plus pauvre qu'une vérité sans sentiment de vérité. Nous constatons la vérité que deux et deux font quatre, nous constatons la vérité que cette table est une table, et non pas une chaise, mais nous n'avons pas le sentiment de la vérité de cette proposition. Nous en avons seulement l'intellection. Or il est certain que, sans sentiment de vérité, il est pas de vérité vécue. Mais justement, ce qui est la source de la plus grande vérité est en même temps la source de la plus grande erreur.
C'est pourquoi l'amour est peut-être notre plus vraie religion et en même temps notre plus vraie maladie mentale. Nous oscillons entre ces deux pôles aussi réels l'un que l'autre. Mais, dans cette oscillation, ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est que notre vérité personnelle est révélée et apportée par l'autre. En même temps, l'amour nous fait découvrir la vérité de l'autre....
Nous portons en nous un tel besoin d'amour que parfois une rencontre au bon moment - ou peut-être au mauvais moment - déclenche le processus du foudroiement, de la fascination.
C'est pourquoi l'amour est peut-être notre plus vraie religion et en même temps notre plus vraie maladie mentale.
Il faudrait aussi savoir méditer et réfléchir afin de ne pas subir cette pluie d'informations nous tombant sur la tête, chassée elle-même par la pluie du lendemain et ainsi sans trêve, ce qui ne nous permet pas de méditer sur l'événement présenté au jour le jour, ne nous permet pas de le contextualiser et de le situer. Réfléchir, c'est essayer, une fois que l'on a pu contextualiser, de comprendre, de voir quel peut être le sens, quelles peuvent être les perspectives. Encore une fois, pour moi, la ligne de force d'une sagesse moderne serait la compréhension.
« Enseigner la compréhension entre les humains est la condition et le garant de la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité . »
L'excès de sagesse devient fou, la sagesse n'évite la folie qu'en se mêlant à la folie de la poésie et de l'amour.
Dans le recours aux pratiques orientales... que finit-on tout de même par apprendre ?
Une certaine distanciation à l'égard de soi-même qu'est le fameux "lâcher prise", un effort pour se désagripper de ce que l'on veut tenir compulsivement dans les mains. C'est également la pratique d'une méditation qui consiste à faire le vide ou le silence en soi. C'est une pratique différente de notre méditation occidentale, qui consiste à réfléchir sur quelque chose, à faire par l'esprit ce que font les différents estomacs de la vache (ruminer, reprendre, transformer).
Plus nous croyons que la raison nous guide, plus nous devrions être inquiets du caractère déraisonnable de cette raison.
La vraie nouveauté naît toujours dans le retour aux sources.
Ce qui est tout à fait remarquable, c'est que l'union du mythologique et du physique se fait dans le visage. Dans le regard amoureux, il y a quelque chose qu'on aurait tendance à décrire en termes magnétiques ou électriques, quelque chose qui relève de la fascination, parfois aussi terrifiante que la fascination du boa sur le poulet, mais qui peut être réciproque. Et dans ces yeux qui portent une sorte de pouvoir magnétique subjugant, la mythologie humaine a mis une des localisations de l'âme....
La bouche devient quelque chose de tout à fait extraordinaire, ouverte sur le mythologique et sur le physiologique. N'oublions pas que cette bouche parle, et ce qu'il y a de très beau, c'est que les paroles d'amour sont suivies de silences d'amour.
Notre visage permet donc de cristalliser en lui toutes les composantes de l'amour. D'où le rôle, dès l'apparition du cinéma, de la magnification par le gros plan du visage, qui concentre en lui la totalité de l'amour.