Je lui dois non seulement de m'avoir évité la survie et d'avoir recommencé à vivre, mais je lui dois aussi, à plusieurs reprises, la vie elle-même.
La problématisation engendre le doute, véritable détoxifiant de l’esprit, lequel doit aussi savoir douter du doute. Le doute engendre l’esprit critique, qui n’est tel que s’il est aussi autocritique.
L’histoire humaine est relativement intelligible a posteriori mais toujours imprévisible a priori.
Une raison pure et glacée est à la fois inhumaine et déraisonnable. Aussi vivre est-il un art incertain et difficile où tout ce qui est passion, pour ne pas succomber à l'égarement, doit être surveillé par la raison, où tout raison doit être animée par une passion, à commencer par la passion de connaître.
Les hommes et les femmes traités uniquement comme objets statistiques cessent d'être reconnus comme êtres humains. On peut même dire que le primat du quantitatif des technocrates et des éconocrates, qui dissolvent l'humanité des humains dans les chiffres, ne fait que surexciter le besoin anthropologique de reconnaissance.
Il arrive, notamment dans notre civilisation, que la première aspiration, individuelle, devienne individualiste, puis égoïste, et que le Moi-Je s'impose avant toute chose. Il arrive aussi, et cela dans l'exaltation collective, que le Je s'évanouisse dans le Nous.
Mais mes espoirs européens se dégradèrent avec la subordination des institutions européennes aux forces techno-bureaucratiques puis financières.
L'élimination totale du risque conduit à l'élimination totale de la vie.
Comment peut-on avoir plusieurs identités ? Réponse : c'est en fait le cas commun . Chacun à l'identité de sa famille, celle de son village ou de sa ville, celle de sa province ou ethnie, celle de son pays, enfin celle plus vaste de son continent. Chacun a une identité complexe, c'est-à-dire à la fois une et pluriel.
L'humanisme régénéré, ce n'est pas seulement le sentiment de communauté humaine, de solidarité humaine, c'est aussi le sentiment d'être à l'intérieur de cette aventure inconnue et incroyable, et souhaiter qu'elle continue vers une métamorphose, d'où naîtrait un devenir nouveau. (p. 119)