Ils avaient une identité ethno-religieuse sépharade et une identité de cité, Salonique, oasis paisible dans l’Empire ottoman depuis 1492, où la majorité de la population était juive.
Les œuvres sont devenues comme ma drogue quotidienne, drogue nourricière et salubre qui m'a fait découvrir la réalité du monde dans lequel je vivais tout en y échappant.
« Donne de la vie à tes jours plutôt que des jours à ta vie. »
Rita Levi-Montalcini,
Prix Nobel de médecine
Mon erreur se fondait sur l'illusion que les concessions modéreraient et humaniseraient le nazisme en lui donnant satisfaction, alors qu'elles l'incitaient au contraire à aller toujours plus loin. J'oubliais ou ne souhaitais pas voir que bien plus que du nationalisme allemand traditionnel ou qu'une soif de revanche, il s'agissait du déchaînement d'une puissance animée par une conviction de supériorité raciale, laquelle allait la conduire de victoire en victoire, de massacre en massacre , jusqu'au désastre. (p. 124)
De ma chance de vivre est venue la suprême malchance, le malheur de perdre ma mère à l'âge de dix ans.
Mais cette affreuse malchance, sans cesser de demeurer en moi une blessure jamais totalement refermée, même à mon âge, m'a poussé dans l'adolescence, et dès mes dix ans, à m'évader dans la littérature et le cinéma, puis la musique. Les oeuvres sont devenues comme ma drogue quotidienne, drogue nourricière et salubre qui m'a fait découvrir la réalité du monde dans lequel je vivais tout en y échappant. C'est ainsi que j'ai construit pendant mon adolescence solitaire ma culture et mes vérités. (p. 30)
J'en viens maintenant aux moments historiques qui m'ont donné ce sentiment éminemment poétique qu'est l'enthousiasme. Dans mon adolescence, j'ai vécu la grève générale de juin 1936 comme une grande vague de fraternité et d'espoir. La fraternisation fut effective, mais l'espoir illusoire. (p. 62)
Qui suis-je, finalement ?
j'ai mis plusieurs pages à me décrire, sachant que cet autoportrait lacunaire comporte aussi l'absence de ce que je vais indiquer maintenant.
Je ne suis pas seulement une minuscule partie d'une société et un éphémère moment du temps qui passe. La société en tant que Tout, avec sa langue, sa culture et ses moeurs est à l'intérieur de moi. Mon temps vécu aux XXe et XXIe siècles est à l'intérieur de moi. (p. 27)
Mon émotion est grande de ressentir la merveille d'un amour quotidien, du baiser du matin au baiser du soir, de penser que sa tendresse attentive accompagne mes pas vers un centenaire incertain. (p. 23)
Toute vie est incertaine, elle rencontre sans cesse l’imprévu. La malchance peut devenir chance et la chance peut devenir malchance. L’adversité peut apporter des bienfaits ; le malheur peut susciter du bonheur.
L’impossibilité d’éliminer l’aléa de tout ce qui est humain, l’incertitude de nos destins, la nécessité de s’attendre à l’inattendu, telle est l’une des leçons majeures de mon expérience de vie.
Je pense que la convivialité est un élément capital de la qualité de vie, qu'elle est poétisante, et qu'elle permet de répondre dans le quotidien au besoin de reconnaissance que nous avons tous et qui trouve une première satisfaction dans le bonjour que nous adresse des inconnus de rencontre.