L'être humain, tout en reconnaissant la mort, la nie. C'est le seul animal qui ait conscience de la mort et qui, en même temps, la surmonte dans le mythe.
Les animaux se cachent pour mourir, je me cachais pour souffrir.
Hollande se voulait une président "normal" sans penser que l'époque n'avait rien de normale. Il était sans vanité, nullement grisé par le pouvoir, affable et généralement bienveillant. Pour lui, gouverner, c'était tenir le gouvernail, et naviguer se réduisait au cabotage. Il ne sentait pas qu'on était en pleine aventure dans un océan d'incertitudes, et que la nation avait besoin à la fois d'une pensée réformatrice et visionnaire. Du reste, il ne me consulta jamais, préférant demander leur avis à Gauchet ou Rosanvallon. Il me considérait sans doute comme un utopiste, sans se douter de l'irréalisme de son réalisme. Cet habile fut en même temps un grand naïf qui fit confiance à celui qui le trahissait. Ma sympathie initiale s'est enrichie d'une sympathie finale, car j'ai toujours vu l'homme sous le politique.
J'ai eu deux intuitions salvatrices dans ma vie. Pourtant, je ne suis pas un intuitif. Je n'ai pas pressenti la mort de ma mère, ni que le square du musée de Lyon était dangereux, et bien des événements m'ont surpris sans que je les aie vu venir.
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?
Lamartine, Le lac
"Tout observateur doit s'auto-observer en même temps qu'il pratique une observation"
P72
De l'enfance à l'âge adulte, nous vivons des âges esthétiques différents. Une fois adultes, nous devenons moins proches des œuvres qui ont charmé notre enfance. Mais les contes de Perrault, les romans de la comtesse de Ségur m'ont enchanté, et bien que désormais considérés comme enfantins, ils m'ont marqué en profondeur, même s'ils semblent dormir aujourd'hui dans un recoin de ma mémoire. En revanche sont toujours vivaces mes sentiments pour les indiens d'Amérique, pour les Noirs réduits à l'esclavage, entre autres grâce à La Case de l'oncle Tom, et les romans d'aventures de Gustave Aimard. La compassion pour la souffrance m'a également été transmise par les récits de Jack London, entre autres Michaël, chien de cirque.