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J'ai renoncé à lire chronologiquement ces mémoires qui n'en sont pas. Fragments de vie qui reviennent dans le désordre, ordonnés par époques, lieux, centres d'intérêts. Je m'attendais à découvrir la genèse d'une des pensées les plus éclairées du siècle ; au lieu de cela, j'assiste aux rencontres innombrables d'un homme qui a côtoyé écrivains, philosophes, politiques, qui a aimé plusieurs femmes, florilège de moments intenses et anodins. E. Morin est un citoyen du monde engagé, d'abord au PC, avec lequel il prendra ses distances, puis dans une recherche holistique sur la connexion des savoirs. Presque centenaire, il montre un attachement viscéral à la vie, lui que sa mère a voulu faire passer. L'auteur est un sur-vivant. Sa culture est immense, sa joie de vivre communicative et étonnante, quelques que soient les circonstances. C'est aussi un fin observateur de la nature humaine, incarnée les grands et les petits noms. Nous traversons un siècle qui connut une guerre mondiale, la guerre en Irak, le printemps de Prague, le retour de la gauche au pouvoir en France, la révolution des œillets, la chute du mur de Berlin, la mondialisation, j'en passe, des pires (Covid 19, E.Morin intervient et rappelle les vertus de la solidarité) et des meilleures. En nous racontant sa vie par le menu comme par le grandiose, le sociologue, philosophe, cinéphile et bon vivant (gourmet) nous fait rêver, rire, réagir, admirer une existence extraordinaire, constituée également de voyages aux quatre coins de la planète. Donc, picorez au gré des intertitres et des chapitres, tel "Connais-tu le pays où fleurit les orangers ?" La narration est légère, agréable, un fabuleux gisement d'anecdotes dans le rayonnement de femmes et d'hommes d'exception.
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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La bienveillance clairvoyante, la tendresse à ciel ouvert émanant de son beau visage marqué par plus d'un siècle d'existence, témoignent de toute une vie passée à étudier les comportements de l'humanité. Égard Morin fait parti de l'histoire, mais il raconte aussi ce que d'autres ont vécu au gré de ses nombreuses rencontres. Il peut se déplacer comme bon lui semble dans l'espace du temps, tout en ayant accès au passé, au présent, et au futur de ses nombreux personnages.
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Alors que le personnage et sa pensée sont impressionnants, ce livre désordonné si ce n'est confus a tendance à partir dans tous les sens quitte à se répéter.
Il en a rencontré des personnages, Edgar ! Des petits et des grands : cet aspect du livre est à la fois intéressant par la qualité du regard et parfois fatiguant par la multiplicité des Paul, Jacques, François, ... et les autres.
Et puis le récit quasi permanent de ses rencontres sexuelles multiples et incessantes devient très vite lassant.
Il est infiniment plus intéressant à écouter lors de ses derniers entretiens télévisés qu'à lire ici, d'une femme à l'autre (fussent-elles sublimes ou brillantes !).
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Un livre de transmission qu'il faut aborder comme un recueil historique où se succèdent, par thèmes, les événements qui ont émaillé le dernier siècle. Des souvenirs, de l'émotion, de la rigueur, de l'authenticité.

Et les rencontres qu'il a faites durant ces 100 ans de vie parfois anecdotiques parfois passionnantes.



"De menus larcins avec des camarades dans les épiceries de Lyon sous l'Occupation, une fête arrosée de vodka à l'occasion d'une victoire militaire soviétique sur les nazis en 1943, la découverte de Hegel grâce à la rencontre fortuite d'un intellectuel hongrois dans un restaurant... C'est ainsi que cheminent les mémoires d'Edgar Morin. Nous sommes loin de l'épopée d'un jeune esprit, né en 1921, qui marche droit devant l'Histoire. La Résistance, l'engagement communiste, la sociologie puis la philosophie : le parcours de l'intellectuel, qui commença par des textes surprenants sur la mort, les yéyés ou la rumeur, pour finir par s'interroger sur le savoir du savoir, se déroule dans un doux vagabondage guidé par les intermittences du souvenir des rencontres. L'initiation philosophique de Jankélévitch au premier étage d'un café toulousain – où Morin rencontrera d'ailleurs sa femme Violette – côtoie, à quelques pages d'intervalle, sa fascination amoureuse pour Marguerite Duras et des moments troublés, comme cette expérience avec une prostituée à Pigalle. Les souvenirs remontent à la surface, les personnes défilent à une vitesse vertigineuse. D'autres reviennent, régulièrement, comme une petite phrase musicale. Par exemple, la comédienne québécoise Johanne Harrelle, qui deviendra aussi sa femme, ou encore le philosophe et psychanalyste Cornelius Castoriadis. Il y a, au fond, un jeu de miroirs entre le Morin philosophe et le Morin des mémoires. D'un côté, sa « pensée complexe » qui refuse de réduire l'être et le monde à des principes explicatifs figés. de l'autre, une vie qui ne se donne pas comme une oeuvre définitive animée par une force intérieure et se révèle comme totalement orchestrée par autrui." : philosophie magazine.
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Ces souvenirs sont des rencontres. Rencontres avec des femmes et des hommes, des villes, des pays, des cultures, des idées. Morin écrit agréablement. Les lignes qu'il consacre à la résistance sont passionnantes. Sa période communiste - banale après la guerre - est finalement assez brève : la lucidité reprend rapidement le dessus, à la différence de certains autres intellectuels dont l'aveuglement prolongé fut inexcusable.
Guère de nostalgie dans ces 700 pages, à l'exception de la période "de la rue Saint Benoît" marquée par un compagnonnage étroit avec Duras, Mascolo et Antelme, dont on devine qu'elle fut l'une des plus heureuses de sa vie. Morin nous fait connaître les innombrables amis, collègues, compagnes et conquêtes, lieux qui jalonnent son parcours. Il ne pratique pas l'autosatisfaction et ne nous cache rien des désillusions auxquelles le conduisirent nombre de ses engagements.
Il se montre inlassablement bienveillant, curieusement discret sur ses mésententes ou les controverses auxquelles il a participé. Il expédie Sartre en quelques paragraphes cruels (dont la savoureuse formule "Grand écrivain, philosophe moyen, politique nul"). Cependant on eût aimé, par exemple, connaître plus précisément son avis sur Malraux, Sollers ou Aron. Il est excessivement prudent à l'égard de Mitterrand. Mais pourquoi n'évoque-t-il De Gaulle qu'au travers de la résistance, de l'indépendance de l'Algérie et du "Québec libre" ? A contrario, pourquoi cette sympathie incompréhensible à l'égard de l'insignifiant Hollande ?
Se dessine le portrait d'un intellectuel touche-à-tout, "jouisseur de la vie", aimant les femmes, danser et boire avec ses amis, voyager, écrire, rencontrer... C'est d'un intérêt parfois inégal et d'une franchise touchante.
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Sur la première page de couverture, Edgar Morin présente son beau visage ridé. Pas de lunettes, quelques cheveux grisonnants, un regard d'une vivacité incroyable. Il a 97 ans.
Au cours des mois qu'il a consacrés à l'écriture de ses souvenirs, il a voyagé. Beaucoup. Amérique du Sud, Californie, Bretagne – qu'il se soit rendu à ces endroits ou à d'autres, peu importe ; ce qui compte, c'est qu'il y a trois ans, il était encore alerte au point de se déplacer au bout du monde. Les festivités organisées en son honneur au cours des dernières semaines et que les médias ont retransmises montrent qu'à 100 ans, il a encore l'esprit aussi vif qu'un gaillard. Quelle joie d'avoir démarré – et terminé – cet essai de son vivant ! A-t-il trouvé la fontaine de jouvence ?
Il commence ses souvenirs par ses rencontres avec la mort au fil des âges, comme s'il voulait la narguer. de manière probablement volontaire, cette entrée en matière lui permet déjà de tracer les grandes lignes de sa vie. La perte de sa mère, la résistance, les voyages, la maladie et les femmes.
Les femmes… Dès les premières pages, on se perd dans les prénoms. Violette, Magda, Edwige, Sabah, Johanne et toutes celles que j'oublie ou qu'il ne nomme pas… Mais quel homme lubrique, cet Edgar ! Un des avantages de vivre cent ans, j'imagine, c'est qu'on peut parler du pétillant de sa vie sans craindre de blesser qui que ce soit. Elles ont toutes disparu, celles qu'il a cocufiées, remplacées, prises sur un simple croisement de regards, en tout cas c'est la facette de ses péripéties qu'il choisit de montrer. Il me plait de penser qu'aucune mémoire n'étant infaillible, il a dû lui arriver plus d'une fois de se tromper de prénom au cours de ses nuits coquines ou de ses réveils douloureux, avant de recevoir le retour de bâton qu'il méritait.
Parce que, évacuons tout de suite ce qui fâche. Qu'Edgar Morin envisage chaque femme qu'il rencontre d'un point de vue charnel – un jouisseur de la vie, a dit de lui une de ses filles – soit. Mais qu'il ne parle d'elles que sous cet angle-là, je ne décolère pas. Monsieur Morin ne lira pas mes mots, je les écrits tout de même. Lui, le scientifique, l'observateur des civilisations, le père de la pensée complexe… le père de la pensée complexe ! Comment se fait-il que pas une seule fois, il n'évoque la Femme dans toute sa subtilité, jamais ? Ma mère, lorsque nous en avons débattu, l'a défendu et m'a dit « ah mais si, regarde comment il parle de Marguerite Duras ! » Duras, oui. La seule dont il mentionne des statuts d'écrivain, de philosophe, de communiste, de rebelle… Il n'a pas couché avec elle, en effet, et ne se lasse pas de le répéter, d'ailleurs, avec regret. Donc, si on suit sa logique, Marguerite Duras mérite des pages entières dans ce recueil de souvenirs parce qu'elle s'est refusée à lui ? Même Marceline Loridan-Ivens n'a le droit qu'à une petite ligne dans le texte. Elle a du caractère, pourtant, Marceline. Des idéaux. Des combats, qui me semblent proches de ceux d'Edgar Morin. Un passé pas si éloigné du sien, aussi. Alors ? Elle n'existe pas, en tant que personne ? Que sont les femmes, pour Edgar Morin ? de simples partenaires sexuels ? Sommes-nous donc aussi dangereuses que ça ?
Ce sont avec les hommes qu'Edgar Morin observe le monde et débat. C'était le fonctionnement de la France jusqu'à l'éveil du féminisme, on le sait bien. J'aurais attendu d'un sociologue émérite une phrase, rien qu'une, qui m'aurait confirmé que le changement est en marche. Je ne suis pas une féministe militante, mais je finirai par le devenir, si je lis encore un écrit de sociologie contemporain aussi vide sur le sujet.
Une amie auprès de qui j'ai libéré ma colère a hoché la tête et a complété : « et il ne cède pas non plus la place aux Africains, j'imagine, pour plaider leur cause ». Sur ce terrain, je dois dire qu'Edgar Morin n'a pas autant de scrupules qu'avec les femmes. Pas de penseurs africains dans son essai, c'est vrai, mais pour une bonne raison, c'est que s'il a passé de nombreux séjours dans divers pays des continents européen et américain, il n'est pas allé en Afrique ou très peu (il semble s'est arrêté au Maroc), et seulement à de rares occasions en Asie. Or il n'évoque dans ses souvenirs que ce qu'il connait. Force est de constater qu'il n'est pas avare de citations de Mexicains ou de Brésiliens ou encore d'Argentins, lorsqu'il évoque ses voyages dans ces pays-là. Pas de chauvinisme, donc. Juste du machisme.
Ne nous y trompons pas, l'ouvrage est intéressant. Cet homme qui a traversé un siècle entier avec courage, curiosité et esprit critique ne peut, au bilan de sa vie, que dresser un portrait passionnant de la société. La vivacité avec laquelle il raconte son glissement dans la résistance rend ces pages lumineuses. Son analyse du communisme français d'après-guerre est brillante. Elle est autocentrée, bien sûr. Son inimitié avec Jean-Paul Sartre et Jorge Semprun ne laisse aucune place à de l'admiration pour ces hommes et leurs écrits. Il décrit les jeux de pouvoir, les années Thorèz… Une véritable leçon d'histoire. Dans la suite de ses souvenirs, il relate ses voyages sous l'oeil infatigable de l'observateur du monde. Mêmes ses anecdotes, légères pour la plupart, permettent de saisir la complexité de ce qui nous entoure. Edgar Morin, en grand spécialiste de la pensée (masculine) complexe, la prouve dans chacune de ses phrases.
Ce texte est peut-être sa dernière dissertation sur la pensée complexe. Il ne la définit pas, il la prouve dans sa narration. Seules les femmes en sont exclues.
Lien : https://akarinthi.com/2021/0..
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