Et nous, individus, nous, humanité, dépendons totalement des ivresses, fureurs et cruautés de ces monstres ouraniens. Le sort de la planète est entre leurs mains. C’est bien des États-nations que vient la menace suprême qui pèse et sur les individus en tant qu’individus (l’aliénation totalitaire) et sur l’humanité en tant qu’humanité (l’anéantissement total).
La crise de la planétarisation, c’est la crise de l’humanité qui n’arrive pas à se constituer en humanité, et du coup, la crise du monde encore incapable de devenir monde, la crise de l’homme encore impuissant à s’accomplir homme...
Partout, en tout, les incertitudes ont progressé. C’est dire que si les prophètes peuvent prophétiser, si les voyants peuvent voir, les diagnostiqueurs ne peuvent plus bien voir et les pronostiqueurs ne peuvent plus prédire. Le présent est en perdition. La planète vit, titube, roule, rote, hoquette, pète au jour le jour.
Nous sommes dans un monde dont la crise porte en elle, non seulement de multiples guerres, mais aussi la menace de la guerre ultime et suprême, menace qui, mettant elle-même la guerre en crise, ne nous permet d’espérer que dans ce qui désespère...
En fait, il y a toujours un jeu rétroactif entre présent et passé, où non seulement le passé contribue à la connaissance du présent, ce qui est évident, mais aussi où les expériences du présent contribuent à la connaissance du passé, et par là le transforment.