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Premier Sang (et premier roman) de David Morrell publié en 1972 relate l'affrontement à mort de 2 égos qui vont se précipiter mutuellement dans une escalade de violence.
Comme l'écrit David Morrell dans sa note en fin de roman : il a l'idée "d'écrire un roman dans lequel la guerre au Vietnam rentrerait vraiment au Etats-Unis".
Il va imaginer la confrontation de 2 Amériques incarnées pour l'aspect conformiste et représentatif du rêve américain par Teasle, flic, héros de la guerre de Corée reconnu par sa communauté, et pour l'aspect anti-conformiste et hippie, par Rambo héros de la guerre du Vietnam, victime du stress post-traumatique qui ne trouve plus sa place dans l'Amérique bien pensante.
Le roman alternent les points de vues de Teasle et Rambo et décrit l'escalade et la partie d'échec cruelle et sanglante que les 2 personnages principaux ont entamé, presque sur un malentendu, car au final ils se ressemblent énormément, l'un pouvant être le père de l'autre.
J'ai aimé le style qui maintient tout au long du roman une tension égale puisque tour à tour le lecteur est dans la tête de chaque protagoniste mais j'ai eu un peu de mal a adhérer aux motivations sous-jacentes de ce combat à mort.
Ce bémol mis à part, ce roman tient le lecteur de bout en bout et il reste un des premiers à s'intéresser au retour des vétérans du Vietnam, un thème qui est, depuis, un incontournable dans la littérature américaine contemporaine.
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Comme tout le monde et sans vraiment l'apprécier, je connais le film, comment y échapper d'ailleurs il passe sans cesse à la télé depuis une quarantaine d'années.

Avant de lire une critique intéressante de ce "Premier sang" dans Le Monde Diplomatique, j'ignorais qu'un livre était à l'origine de ce succès cinématographique.

Après l'avoir lu, je reste dubitatif quant aux motivations des producteurs et du réalisateur. Pourquoi s'arroger les droits d'un livre pour en sortir une adaptation aussi éloignée qu'elle confine au sabotage.
Car il ne reste pas grand chose du roman de David Morrell dans ce film simpliste et manichéen au possible.

Morrell a développé à part égale ses deux protagonistes principaux, Rambo n'est pas un ange incompris et le flic n'est pas un plouc arrogant à la gâchette facile.
Ce policier rural, vétéran de la guerre de Corée s'avère être le personnage le plus intéressant du roman.
Morrell reste flou quant aux motivations et aux agissements de Rambo, le suggérant ainsi victime de déséquilibres psychologiques.
Je ne sais pas de quand date la notion de stress post-traumatique, Morrell semble faire ici office de précurseur.

Les fans de Stallone auront du mal à reconnaitre leur héros ici, les autres trouveront là un thriller haletant sur fond d'Amérique profonde.
Pas incontournable mais très lisible ne serait-ce que pour réhabiliter les personnages originaux si malmenés par le film.



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Autant l'annoncer de suite, je ne fais pas partie des millions de spectateurs qui ont découvert la légende de John Rambo à l'écran, et cela n'est sans doute pas plus mal car à mon avis le personnage de Rambo a dû sacrément être dévié pour l'adaptation cinématographique et l'acteur qui l'incarne.

D'une histoire somme toute banale, il va en découler une violence sanglante.
Parce que Rambo, jeune vagabond, refuse d'obéir au shérif Teasle lorsque celui-ci lui fait traverser la ville en voiture afin qu'il poursuive son chemin, et qu'il revient s'y installer, le shérif finit par l'appréhender et c'est au terme d'un interrogatoire musclé que Rambo va s'échapper nu du commissariat en laissant derrière lui le premier cadavre d'une longue liste : "Il s'était promis qu'il ne ferait plus jamais de mal à quiconque, et ce salaud l'avait poussé à tuer encore une fois. Si Teasle insistait, Rambo était résolu à se battre. Ce serait un combat que Teasle n'en finirait pas de regretter d'avoir déclenché.".
Il se réfugie dans la montagne mais le shérif Teasle se lance à sa poursuite, ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il a face à lui un ancien Béret Vert de la guerre du Viêtnam et qui en est revenu décoré de la plus haute distinction militaire.
Et si Teasle est un ancien de la guerre de Corée, Rambo est une machine à tuer formée par l'armée américaine et endurci par des mois de captivité dans des conditions inhumaines au Viêtnam, la survie il sait ce que c'est et il connaît, et désormais il n'a plus qu'envie : faire exploser cette ville qui n'a pas voulu de lui.

Il serait réducteur de considérer ce livre comme un face à face entre ces deux protagonistes, il n'y a pas d'un côté le bien : le shérif Teasle, et de l'autre le mal : Rambo, ou inversement, mais deux personnalités qui s'affrontent tout en ayant l'une envers l'autre une forme de respect.
Certes, le livre est basé sur ce combat extrêmement violent, mais c'est aussi une lutte pour la survie et il faut surtout savoir lire entre les lignes.
Ainsi, le fait que Rambo soit un ancien Béret Vert du Viêtnam n'est pas innocent, en un sens l'auteur rend une forme d'hommage aux américains qui se sont engagés dans cette guerre, tout comme celle de Corée d'ailleurs, mais il dénonce surtout les méfaits et les conséquences de ces dernières sur l'être humain.
Rambo n'a plus grand chose d'humain, c'est une machine à tuer forgé pour survivre et qui n'a ni hésitation ni scrupule au moment d'appuyer sur la gâchette ou de manier le couteau.
Sans l'entrainement subi et sans la guerre, particulièrement sa période de captivité, il ne serait pas devenu ainsi : une machine sous une enveloppe humaine, à la limite sans âme ni conscience.
Il fait ce pour quoi il a été formé : survivre à n'importe quel prix et par n'importe quel moyen.
Certaines scènes sont particulièrement dures car elles montrent le mental de Rambo qui continue malgré une présence en territoire hostile et dans l'obscurité complète à chercher une issue.
La scène se déroulant dans l'ancienne mine est sans doute la plus représentative de l'entrainement militaire et du mental que cela exige et à la lecture de certaines descriptions j'étais à la limite d'avoir le poil hérissé sur les bras.
C'est l'un des avantages du récit de David Morrell, c'est très vivant dans les descriptions et très visuel également, ce qui permet au lecteur d'être dans la même situation (ou presque) que les personnages.
L'auteur dénonce également l'absurdité de la guerre ainsi que le comportement paradoxal des américains : ils sont bien contents quand des jeunes gens s'engagent et vont se battre, mais quand ils reviennent complètement changés psychiquement ils les rejettent et n'en veulent pas, parce qu'ils offrent quelque chose qu'ils n'ont pas envie de voir : l'envers d'une guerre qui ne s'est pas déroulée sur leur territoire :
"- Moi, je ne tue pas pour vivre.
- Bien sûr. Mais vous acceptez un système où les autres le font pour vous. Et quand ils reviennent de la guerre, vous ne supportez pas l'odeur de mort qu'ils trimbalent avec eux. "
De façon plus générale, j'ai aussi perçu que cette absurdité s'appliquait en particulier à la guerre du Viêtnam.
Cette confrontation finit par prendre la forme d'une folie dans laquelle Teasle et Rambo finissent par plonger, chacun à sa manière. Ils repoussent les limites du corps humain pour aller au-delà de leurs capacités, dans le seul but que l'un finisse par anéantir l'autre, quitte à sombrer dans une forme de démence : "Je suis un, mais il ne pouvait se souvenir et il dut d'arrêter pour se reposer, le menton appuyé sur le bord d'un sillon, le soleil lui chauffant le dos. Pas s'arrêter. S'évanouir. Mourir. Bouge. Mais il ne pouvait pas bouger.".
Et puis, derrière toute cette histoire, il y a aussi l'importance de la figure paternelle, celle qui guide les choix et qui permet de devenir Homme.
Pour Teasle, elle prend la forme d'Orval, l'homme qui l'a élevé à la mort de son père; et pour Rambo il n'y en a pas vraiment mais son instructeur pourrait en quelque sorte tenir le rôle du père, Rambo vivant comme une sorte de trahison le fait qu'il se soit rallié aux policiers qui le traquent.
David Morrell a su créer une atmosphère et un climat oppressant qui trouvent leur paroxysme dans la fin du roman, une fin somme toute inévitable et prévisible dès le début mais qui arrive encore à surprendre le lecteur.

"Premier sang" de David Morrell est un roman efficace et violent sur l'affrontement de deux personnalités que tout oppose mais surtout un plaidoyer pour la paix dénonçant les absurdités de la guerre et ses conséquences, ainsi que la difficulté à se ré-adapter à la vie civile et en société.

Je remercie Babelio et les Editions Gallmeister pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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RAMBO. John RAMBO. Ça vous dit forcément quelque chose? Impossible que vous ne connaissiez pas ce nom, qu'immédiatement vous n'ayez pas en tête l'image de ce personnage ,un poignard entre les dents ou un fusil d'assaut dans les mains.

Un film qui devait en annoncer d'autres nettement moins intéressants et qui devait lancer dans les étoiles la carrière d'un certain Sylvester Stallone.

Mais saviez vous que cette histoire n'était pas née dans l'esprit d'un scénariste Hollywood mais bien dans celui d'un écrivain? Cet écrivain, c'est David Morrell . Auteur canadien bien connu outre-Atlantique, qui a déjà signé plusieurs romans à succès.

Pour notre plus grand bonheur les éditions Gallmeister réédite cette année, dans une nouvelle traduction, ce premier roman de l'auteur qui date de 1972 . L'occasion pour le lecteur de découvrir ce personnage tel que David Morrell l'avait réellement imaginé.

Rambo est rentrée de la guerre. Il marche le long des routes, avec ce qu'il reste de sa vie en bandoulière et pour seule boussole son instinct qui le conduit à travers le pays. Mais dans cette région agricole qu'il arpente, on n'aime pas les vagabonds ni les cheveux longs.

Dans la petite ville de Madison, c'est au shérif Teasle qu'il incombe de veiller à ce que la quiétude des braves gens ne soit pas perturbée par la présence en ville de routards et autres marginaux en vadrouille. Aussi, quand il tombe sur Rambo, il l'invite prestement à monter dans sa voiture de patrouille et le reconduit immédiatement à la sortie de la ville.

De la rencontre de ces deux hommes viendra la déflagration. Rambo reviendra en ville, sera à nouveau intercepté par le shérif pour finalement être arrêté et déferré devant un juge. Jusqu'au drame qui va tout déclencher : Rambo tue un adjoint du shérif et s'enfuie dans la forêt toute proche.

Dès lors la chasse à l'homme peut commencer et les rouages du cataclysme à venir se mettre en branle.

Le roman de David Morrell est très différent du film qui s'en est inspiré. Il s'en démarque d'abord par la violence qui s'y déchaine. Si dans le film Rambo ne cherche pas à tuer, dans le roman, à l'inverse, il ne cherche pas à épargner . La mort est omni présente et les cadavres jonchent les chapitres.

L'autre différence tient à la peinture des personnages. Rambo n'est pas ce taiseux un peu bourrin qui ne serait juste qu'une machine à tuer tel qu'il est dépeint dans le long métrage. Il a une conscience assez aiguisée dans le texte de Morrell, il réfléchit aux raisons du drame qu'il est en train de provoquer et aux conséquence de ses choix.Il s'exprime, parle, ressent les choses jusque dans sa chair.

Quant au shérif, présenté comme un plouc, bête et méchant dans le film, c'est un tout autre personnage qui se dessine sous la plume de l'auteur.

Plus âgé que Rambo, c'est lui aussi un vétéran et un héros médaillé. Lui a gagné sa guerre ( de Corée) quand Rambo est en train de perdre la sienne ( au moment où le roman est écrit la guerre du Vietnam n'est pas encore terminée).

Un homme qui ne transpire pas la haine, mais qui fort de son autorité et de son expérience décide de ce qui est bon pour sa communauté, et qui ne supporte pas de voir celles ci remises en cause . Accroché à cet ordre qui semble tenir lieu de bouée à son existence , Teasle veille sur sa ville.

Malgré l'intransigeance du shérif vis à vis de Rambo, il aura pour lui une certaine compassion, avant que celle ci ne se transforme progressivement en un mélange d'admiration et de soif de vengeance. C'est un homme obstiné qui assumera jusqu'au bout ses choix, même au risque d'introduire la guerre au coeur d'une région qui s'en tenait jusqu'ici éloigné.

Dès lors on s'écarte de la vision manichéenne du film, et l' alternance volontaire des points de vue des deux protagonistes dans le livre va rendre difficile ,voire impossible l'émergence d'une empathie pour l'un des personnages .

Le lecteur assiste au cataclysme provoqué par ces deux hommes qui paradoxalement au fond d'eux ont une certaine forme de respect l'un pour l'autre, mais qui pris dans « leur » guerre iront jusqu'à une issue qui ne pourra qu'être funeste. Car ces deux hommes bien que vivants sont déjà, et depuis longtemps, de l'autre côté de la vie.

Le roman de David Morrell est remarquable. Si le film dénonce le problème sociétal du retour au pays des soldats du Vietnam, le roman s'axe cependant davantage autour de ces deux hommes qui en conscience vont progressivement s'abandonner à leurs pulsions meurtrières et retrouver leur instinct guerrier, incapables de renoncer au scénario qu'ils sont en train d'écrire.

Un retour vers la bestialité symbolisé par un Rambo qui s'enfuira nu de la ville, comme s'il abandonnait derrière lui le peu d'humanité qui lui restait, et qui se réfugiera dans une grotte, comme un retour à l'âge primaire de l'Homme. le décors épuré et magistral qu'offre la nature sauvage des lieux viendra amplifier ce sentiment.

David Morrell ne nous offre pas un duel entre deux têtes brûlées, deux abrutis gonflés à la testostérone. Leurs rapports sont bien plus complexes que cela.

Affrontement de deux Amériques, opposition générationnelle, rapport d'une société à violence qu'elle fabrique, relation au père, le roman ne manque pas de symboliques.

Un roman bien loin du film de Ted Kotcheff qu'il convient donc de lire pour rencontrer le véritable Rambo que nous croyons tous connaître, mais qu'il nous reste à découvrir !
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En fait si on a l'impression que le film (Rambo, que je n'ai pas vu) suit scrupuleusement le scénario objectif du livre, si on est embarqué dans une course-poursuite haletante, totalement in-crédible mais à laquelle on croit quand même à chaque instant, si plus on avance, plus ça devient dément et violent, le livre est loin de n'être que cela. C'est beaucoup plus nuancé, il n'y a pas de vrai salaud, les héros, dont j'imagine que dans le film on peut croire qu'ils n'ont que des muscles, ici, ont un coeur et un cerveau..

Sous couvert d'action, le livre est une réflexion navrée, quoique enlevée, sur le thème : Regardez ce que nous faisons de ces hommes que nous envoyons à la guerre. La guerre ne fait pas que des morts au combat, elle nous détruit tous à petit feu (enfin, grand feu un peu dans le livre, hein...). Un jour au Vietnam ce sont nos héros, un jour aux USA ils devraient rentrer dans le moule qu'on leur a soigneusement fait quitter et il deviennent inacceptables .
On est impressionné par ces trois hommes pris dans des sables mouvants de haine, de fascination, de fierté et qui le paient le prix fort.
Et le dosage est plutôt habile entre la pensée et l'action.
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Décidemment branchés sur le cinéma en ce mois de juin, les éditions Gallmeister, après Délivrance, publient le roman dont a été tiré le premier – et seul bon – film mettant en scène John Rambo.
Une édition doublement intéressante : d'abord parce que l'on ne sait pas forcément qu'un livre est à l'origine du film, ensuite parce que l'on s'aperçoit que ce roman qui traite – superficiellement et avant tout au service de l'action et d'un message plus large sur la perception de la guerre du, certes – du syndrome post-traumatique chez les vétérans du Vietnam date tout de même de 1972, à un moment où le conflit n'est pas encore terminé. À ce titre, David Morrell fait indéniablement partie des précurseurs d'une vague qui ne déferlera vraiment que quelques années plus tard.

Premier sang est donc l'histoire de la rencontre entre John Rambo, ancien commando rentré traumatisé après sa captivité au Vietnam et qui vagabonde à travers les États-Unis, et le shérif Teasle, lui-même vétéran de la guerre de Corée, qui voit d'un mauvais oeil l'arrivée en ville de ce jeune homme chevelu. Bien vite, l'entêtement de Rambo à rester en ville et celui de Teasle bien décidé à la lui faire quitter mène à l'explosion. Après un passage crispant devant le juge local et une arrivée musclée à la prison de la ville, John Rambo commet l'irréparable et s'enfuit. Commence alors une chasse l'homme durant laquelle les chasseurs ne tardent pas à devenir gibier, pour le plus grand malheur de Teasle :
« Les cercueils alignés devant l'autel, couvercles clos, et la ville entière qui le regarderait lui, puis les cercueils, puis lui encore. Comment expliquer à ces gens le pourquoi de l'affaire ? Pourquoi il avait cru bon d'éloigner le gamin de la ville, pourquoi le gamin lui en avait voulu au point de le défier, et pourquoi, une fois pris dans l'engrenage, ni l'un ni l'autre n'avait pu se résoudre à céder. »

Cet affrontement entre deux personnages obstinés, mais aussi entre deux Amériques et deux générations prend rapidement des proportions d'autant plus dantesques que les éléments viennent s'en mêler. Dans cette petite ville amorphe du Kentucky, bien loin du Vietnam, la guerre entre de plain-pied et la population se trouve confrontée de force à un conflit jusqu'à présent lointain et virtuel. Entrés dans une impasse, ni Rambo ni Teasle ne pourront plus reculer et si David Morrell sait dépeindre ses deux personnages principaux avec finesse, il maitrise aussi le suspense et l'action et qui donnent son rythme au livre et accrochent résolument le lecteur. Sans être dénué de défauts, en particulier quelques passages où l'auteur, à trop vouloir expliquer l'action et les pensées de ses personnages, se montre un peu trop démonstratif, Premier sang est toutefois un excellent premier roman et une intéressante redécouverte (le livre a été traduit une première fois en français chez Belfond en 1983) qui mérite le détour.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Dans une petite ville tranquille du Kentucky, débarque un jeune vagabond qui a pour nom: Rambo. Il a à peine plus de 20 ans, les cheveux longs, la barbe fournie et trimbale ses quelques possessions roulées dans un sac de couchage qu'il porte à l'épaule.
A son arrivée en ville, le chef de la police, Wilfred Teasle, aperçoit le gamin; et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'aime pas trop ce genre d'individu. Il questionne Rambo, lui fait comprendre qu'il serait bon de ne pas s'éterniser dans les parages et finit par le déposer à la sortie de la ville. le jeune homme n'entend pas être traité de cette manière, non pas encore, et décide de retourner en ville. Après plusieurs avertissements vains, Teasle boucle Rambo et le ramène au poste, bien décidé à mater ce petit insolent. Après un interrogatoire musclé, Rambo n'arrive plus à se contrôler,les choses dégénèrent: il tue un policier et s'évade. S'engage alors une chasse à l'homme mortelle dans les montagnes et les forêts du Kentucky.

Avec une dizaine d'hommes et des chiens, le shérif se lance à la poursuite du gamin. Mais ce qu'il ne sait pas encore, et il va l'apprendre à ses dépens, c'est que Rambo est un ancien Béret vert, rentré du Vietnam depuis six mois et décoré de la médaille d'honneur du Congrès.
C'est devenu malgré lui une véritable "machine à tuer", pouvant survivre dans les milieux les plus hostiles. Pour Teasle, ce qu'il ne pensait être qu'une simple traque, tourne au cauchemar, tous ses hommes y passent et il se retrouve à son tour la proie...
Je ne vous en dirais pas plus pour ne pas gâcher votre lecture (surtout que le scénario du livre et du film sont très différents, notamment la fin).

David Morrell a su rendre ses deux personnages principaux attachants et sympathiques. Rambo est un jeune homme détruit, la guerre lui a laissé des traces indélébiles. Hanté de cauchemars sur ce qu'il a fait pendant la guerre, aigri par l'indifférence et parfois même l'hostilité de ses concitoyens alors qu'il a sacrifié une partie de sa vie au nom de son pays; Rambo est un personnage complexe. Il en va de même pour Teasle (loin de du gros bouseux sans coeur qu'on voit dans le film), c'est un bon flic, qui fait appliquer la loi. Il vit une période difficile, sa femme l'a quittée, il promet de venger ses hommes morts dans les montagnes et se battra jusqu'au bout pour capturer Rambo. Ces deux hommes, si différents au premier abord, ont quelques points communs, ils sont tous les deux des vétérans de guerre (Teasle est une héros de la guerre de Corée), ils finissent par se comprendre et chacun entre dans la tête de l'autre pour anticiper le moindre mouvement de son adversaire.

Dans ce roman, Morrell met en opposition la guerre du Vietnam (Rambo) et les réactions de l'Amérique (Teasle). La fin du récit est intéressante, l'auteur montre que l'escalade de la violence conduit au désastre mais qu'au final personne ne gagne. Dans les années 1970 et au début des années 1980, ce livre était étudié dans plusieurs lycées et universités du pays. Ne vous laissez pas influencer par le film, le livre est bien meilleur, l'aspect psychologique est fondamental dans l'oeuvre de Morrell.

PS: les éditions Gallmeister ont intégré, à la fin du livre, un texte de David Morrell d'une dizaine de pages, sur la génèse de l'oeuvre et son rapport aux films. Très enrichissant.
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'Souvenir de lecture' loin de la SF aujourd'hui, avec "Premier Sang", le roman à l'origine du film "Rambo" - mais l'on est ici plus dans le psychodrame que dans la survie.
Un livre prenant, vraiment touchant, sur la solitude d'un homme face à l'incompréhension du reste du monde: "L'enfer, c'est les autres", aurait pu dire John Rambo... s'il avait lu Sartre.
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Qui aujourd'hui ne connaît pas John Rambo ? le cinéma en a fait une icône sous les traits de Sylvester Stallone (entre 1982 et 2008, quatre films mettront en scène les aventures de Rambo). Mais qui connaît véritablement Rambo (le prénom n'est jamais mentionné dans le roman), le personnage imaginé par David Morrell ?

Déjà en voyant le film (et d'autres films sur la guerre du Vietnam) j'avais été choqué par l'accueil réservé aux vétérans. Je ne me prononcerai pas sur la justification ou non du conflit à proprement parler, mais ces gars se sont battus au nom de leur pays, ils ont vécu un véritable enfer et bon nombre sont morts là-bas. La moindre des choses serait d'avoir un minimum de respect et de reconnaissance pour ce qu'ils sont : des soldats certes, mais aussi des hommes dont la plupart n'avaient pas idée du merdier dans lequel ils foutaient les pieds.

Dès les premières pages, j'ai été pris du même sentiment d'injustice, du coup mon empathie est allée directement vers le personnage de Rambo. S'il se montre plus vindicatif et impitoyable que dans le film (conformément à son entraînement, il frappe pour tuer), il est aussi (même si cela peut paraître paradoxal) plus humain, se livrant à de longues introspections, parfois sûr d'être dans son bon droit, mais pas forcément d'avoir fait le bon choix et loin d'être indestructible.

Si dans le film Teasle apparaît comme un plouc relativement basique, le roman lui rend davantage justice. En lui donnant voie au chapitre, en alternance avec Rambo, l'auteur permet au lecteur de mieux appréhender le personnage et ses motivations (pendant toute la première partie de la traque, qui verra de nombreux policiers mourir, il ignore à qu'il a à faire à un héros de guerre que l'armée a formé pour survivre et tuer). Non seulement cela pousse le lecteur à comprendre Teasle, mais ça fait surtout barrage à tout manichéisme (ni lui ni Rambo ne sont exempts de torts).

Rapidement la confrontation entre Rambo et le chef Teasle (lui-même vétéran de la guerre de Corée) va prendre une tournure personnelle, un duel à mort va s'engager entre les deux hommes. Deux hommes qui vont finir par se haïr sans toutefois pouvoir s'empêcher d'éprouver un réel respect l'un pour l'autre.

Je craignais que l'écriture ait pris un coup de vieux, mais, et je suppose que la nouvelle traduction y est pour beaucoup, il n'en est rien. le récit vibre d'une rare intensité de la première à la dernière page. Pour un premier roman, on peut dire que l'auteur a placé la barre haut, très haut… du coup ça me donne envie de me pencher sur son travail.

Vous l'aurez compris, je vous encourage vivement à découvrir ce Premier Sang, surtout si vous avez vu le film. N'allez surtout pas croire que c'est juste un récit bourrin où on se flingue à tout va ; c'est violent, c'est noir, mais il y a aussi une réelle dimension humaine tout au long du roman.

Le roman est complété par un article écrit par David Morrell en 2000, Rambo et moi, un court essai dans lequel il nous explique comment est né le projet et quelles furent ses répercussions, non seulement pour lui-même, mais aussi pour tout un pan de la société américaine. Bien entendu il évoque aussi les adaptations cinématographiques autour de son personnage.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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Je connaissais le film bien sûr mais pas le roman et en général la lecture qui suit la projection est souvent décevante ce qui n'est pas le cas pour "Premier sang" . On y retrouve bien sûr les grands moments du film mais les personnages sont bien différents et plus complexes .Des personnages avec une histoire , un passé souvent douloureux et surtout des doutes. Un récit très violent bien sûr mais une violence beaucoup plus réaliste que celle présente dans le film.
Un récit beaucoup moins manichéen que le film avec un final bien différent également .
Un excellent moment de lecture .
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