Rambo I First Blood (1982), Réalisation : Ted Kotcheff Trailer
Je suis un, mais il ne pouvait se souvenir et il dut d'arrêter pour se reposer, le menton appuyé sur le bord d'un sillon, le soleil lui chauffant le dos. Pas s'arrêter. S'évanouir. Mourir. Bouge. Mais il ne pouvait pas bouger.
-Moi je ne tue pas pour vivre.
-Bien sûr. Mais vous acceptez un système où les autres le font pour vous. Et quand ils reviennent de la guerre, vous ne supportez pas l’odeur de la mort qu’ils trimballent avec eux.
La guérilla, c'est son métier : il sait se débrouiller partout, il n'a pas besoin qu'on lui fournisse des vivres et de l'équipement, comme vous. Il sait ce que c'est que la patience: s'il décide d'attendre, il peut rester caché pendant toute une année. Il est seul, donc difficile à repérer, Il n'a pas d'ordres à suivre, pas d'unités avec lesquelles s'accorder; il peut se déplacer très rapidement, tirer, changer de secteur, se terrer quelque part et recommencer. Exactement comme mes hommes lui ont appris à le faire
- Très bien dit Teasle. Maintenant à vous de m'apprendre tout ça.
Decker lui tendit un morceau de papier.
"Mémorisez ce numéro de téléphone. C'est fait ? Très bien. Il emporta le morceau de papier spécialement traité à la cuisine, fit couler de l'eau dessus et le regarda se désintégrer et disparaitre dans le tuyau d'écoulement.
"Pour confirmer la rencontre, téléphonez à ce numéro à huit heures ce soir, ou, par la suite, toutes les demi-heures jusqu'à dix heures. Mais passé dix heures, laissez tomber. J'en déduirai que vous n'avez pas pu réunir vos contacts. Dans ce cas, essayez demain soir ou le soir d'après. Respectez les mêmes horaires tous les soirs pour téléphoner. Demandez Baldwin. Moi je répondrai Edward.
-- "C'est le numéro de téléphone de votre hôtel ?"
Decker le toisa. "Vous, vous commencez à m'inquiéter. Non, ce n'est pas le numéro de téléphone de mon hôtel. Et lorsque vous téléphonerez, arrangez-vous pour que ce ne soit pas d'ici".
-- Je connais la musique.
Il s’en voulait de n’avoir pas remarqué combien tout était étrange. Tandis qu’il s’approchait du motel, le bruit des vagues sur la plage, à deux rues de là, lui avait semblé anormalement fort. Un souffle de vent avait étalé du sable sur le trottoir délabré, entraîné des feuilles mortes sur la chaussée craquelée. Mais le bruit dont Balenger se souvenait le mieux, et qui, selon lui, aurait dû le faire fuir, était un sinistre martèlement métallique qui résonnait dans les rues abandonnées. C’était un son sec et discordant, comme celui d’une cloche fêlée ; il allait bientôt apprendre son origine, et constater qu’il était l’écho précis de l’angoisse dans laquelle il allait plonger.
Est-ce que son esprit aussi était ramolli en même temps que son corps sur les lits d'hôpital ? Jamais il n'aurait dû escalader cette falaise. Il méritait de se faire prendre. Et s'il se laissait prendre, il mériterait toutes les saloperies que lui ferait Teasle.
Et lorsqu’il trébucha et tomba encore, il resta étendu, le nez dans l’herbe détrempée.
Il l’avait perdu. Il avait dépensé tant de temps, tant de forces, il était arrivé si près et voilà qu’il l’avait perdu. Le visage lui brûlait. Ses côtes étaient en feu, ses mains à vif, ses habits en lambeaux, son corps lacéré. Et il l’avait perdu. Étendu de tout son long, il laissait la bruine le rafraîchir. Il inspirait profondément, retenait son souffle et, lentement, il expirait, goûtant la pesanteur qu’il sentait envahir ses membres à chaque respiration – et pleurant, pleurant sans bruit, pour la première fois depuis si longtemps qu’il avait oublié.

Mercredi 10 juin 1840.
La reine Victoria exigeait que son emploi du temps quotidien fût communiqué à la presse. Sur le trône depuis simplement trois ans, la jeune monarque voulait se démarquer de ses prédécesseurs que personne ne voyait jamais. Déterminée à nouer un lien avec son peuple, elle se déplaçait fréquemment en carrosse dans les rues de Londres et le faisait annoncer : occasion pour tous ses sujets de la voir et l’acclamer.
Sa sortie la plus régulière se déroulait, sauf rare exception, chaque jour à dix-huit heures, dans un carrosse ouvert, avec le prince Albert qu’elle avait épousé quelques mois auparavant. Au sortir de Buckingham Palace, l’itinéraire était toujours le même : le couple royal prenait Constitution Hill sur la gauche, longeait Green Park, puis gagnait Hyde Park et achevait sa boucle en rentrant au palais. Deux cavaliers les escortaient.
(…)
Ainsi, les milliers de personnes qui venaient ovationner Victoria avant son mariage avec Albert n’étaient plus que quelques centaines. Il arrivait même que des sifflets se fissent entendre. Quand le carrosse était vide, certains n’hésitaient pas à lancer des pierres.
En cette douce soirée de juin, un homme manifesta son désaccord de manière plus catégorique. Au moment où le cortège passait devant Green Park, l’individu sortit de la foule et brandit un pistolet. Il se tenait à cinq mètres quand il tira.
D'ailleurs, comment pourrait-il en vouloir à ses hommes ? C'étaient des gars qui, pour 5700 dollars par an, réglaient la circulation et les délits mineurs d'une petite ville, redoutant la difficulté, habitués à recevoir de l'aide à la première complication. Et, tout à coup, ils se trouvaient parachutés dans les montagnes les plus sauvages du Kentucky, sans personne pour les aider, face à un tueur expérimenté - ce n'était déjà pas si mal qu'ils aient tenu le coup si longtemps.
J’ai tourné la page sur le passé. Je veux regarder l’avenir. Avec toi. Ce n’est plus le passé qui compte, mais le présent.