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Citations sur Tar Baby (11)

Elle connaissait ce que redoutent les insomniaques - non pas de rester éveillée mais bien les pensées qui remplissent comme un tic-tac l'espace que devrait occuper le sommeil.
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A un certain moment de la vie, la beauté du monde suffit. On n'a pas besoin de la photographier, de la peindre ni même de s'en souvenir. Elle suffit. On n'a pas besoin d'en garder des enregistrements ni d'avoir quelqu'un pour la partager ou pour en parler. Quand cela arrive - cet abandon - on abandonne parce qu'on le peut. Le monde sera toujours là - quand on dormira, il sera là - quand on se réveillera il sera encore là. Aussi on peut s'endormir et on a une raison pour se réveiller.
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Il n’avait pas suivi les femmes. Il ne les avait même pas vues clairement, seulement leurs dos sveltes. S’il était allé vers la maison, c’était pour un peu d’eau. Pour trouver un robinet extérieur, un puits, une fontaine, n’importe quoi pour étancher la soif provoquée par les moustiques, la nuit chaude et la chair d’un avocat adolescent.
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That was the sole lesson of their world (the white, ndlr): how to make waste, how to make machines that made more waste, how to make wasteful products, how to talk waste, how to study waste, how to design waste, how to cure people who were sickened by waste so they could be well enough to endure it, how to mobilize waste, legalize waste and how to despise the culture that lived in cloth houses and shit on the ground far away from where they ate. And it would drown them one day, they would all sink into their own waste and the waste they had made of the world and then, finally they would know true peace and the happiness they had been looking all along.
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Pas le temps de rêver, bien que parfois, tard dans la vie, entre la trentième et la quarantième générations, elle puisse sentir le vent d'un orage d'été. Son parfum envahira son palais et elle se souviendra de la violence du vent sur son ventre - l'étendue d'ailes nouvelles, l'attente aveugle et elle-même, là, en l'air, suspendue, ouverte, confiante, effrayée, déterminée, vulnérable - gamine même, pendant une seconde entière, puis une autre et encore une autre. Alors, elle lèvera peut-être la tête et tendra son sceptre en direction de l'endroit où l'orage d'été entre dans son palais et dans la lassitude que seules connaissent les reines qui règnent, elle se demandera peut-être s'il est mort subitement. Ou s'il a lentement dépéri ? Et, si oui, s'il lui est resté un peu de temps, a t-il pensé à quel point le monde était méprisable, ou a-t-il comblé cet espace de temps en pensant à elle ? Mais les fourmis soldats n'ont pas le temps de rêver. Ce sont des femmes et elles ont tant à faire. Pourtant cela serait dur. Si difficile d'oublier l'homme qui baisait comme une étoile.
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Qu'est-ce que tu essaies de prouver ici ? Pourquoi te coupes-tu de tout le monde et de tout ?
- C'est simplement parce que j'ai entrepris cet énorme changement dans ma vie qui s'appelle mourir.
- La retraite ce n'est pas la mort
- Une distinction sans différence.
- Eh bien moi, je ne suis pas en train de mourir.Je vis.
- Une différence sans distinction.
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Elle cru entendre un bruit, très doux, comme une vitesse bien huilée qu'on passe. Pas un bruit en réalité - plus une impression de son imagination, comme si elle était un grain de poussière qui regarde un oeil cligner. Un ouragan de cils traversant les airs et le choc lourd d'une paupière contre une paupière.
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Les nuages se rassemblèrent et restèrent immobiles en observant le fleuve se perdre sur le sol de la forêt, s'écraser tête baissée sur les reins des collines sans du tout savoir où il allait, jusqu'à ce que, épuisé, malade et souffrant, il ralentisse et s'arrête à une vingtaine de lieus avant la mer.
Les nuages se regardèrent puis se separèrent dans la plus grande confusion. Les poissons entendirent le galop de leur sabots alors qu'ils s'en allaient porter la nouvelle du fleuve qui avait perdu l'esprit, au sommet des collines et à la cime des arbres à marguerites. Mais il était trop tard. Les hommes avaient rongés les arbres à marguerites, jusqu'à ce que, ecarquillant les yeux hurlant, ils se casserent en deux et touchèrent le sol. Dans le silence fantastique qui suivit leur chute, des orchidées tombèrent en tourbillonnant pour les rejoindre.
Quand ce fut fini et qu'à leur place des maisons poussèrent sur les collines, pendant les années qui suivirent, les arbres qu'on avait épargné rêvèrent de leurs camarades et leurs marmonnements de cauchemar excédèrent les crotales-diamants qui les quittèrent pour de nouveaux arbres poussant dans des endroits que le soleil voyait pour la première fois. Puis la pluie changea et ne fût plus la même. Maintenant, il ne pleuvait plus pendant une heure chaque jour au même moment, mais pendant des saisons entières, trompant encore plus le fleuve. Pauvre cours d'eau devenu fou. Maintenant il restait assis à la même place comme une grand-mère et il devint un marais que les Haïtiens appelèrent Sein de Vieilles. Et c'était un vrai téton de sorcière : un ovale frippé noyé de brume, d'où s'écoulait une substance noire et épaisse auprès de laquelle les moustiques eux-mêmes ne pouvaient vivre.
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Dans sa serre, il pensait à l'innocence et il savait qu'il était coupable parce qu'il avait vécu avec une femme qui avait fait s'agenouiller quelque chose en lui la première fois qu'il l'avait vue, mais dont il ne savait rien; il avait vu son fils grandir et parler mais il n'en savait rien non plus. Et il y avait quelque chose de tellement répugnant, de tellement révoltant dans le crime d'innocence que cela le paralysait. Il n'avait pas su parce qu'il n'avait pas pris la peine de savoir. Ce qu'il savait le satisfaisait. En savoir plus était dérangeant et effrayant. Comme un seau d'eau sans fond. Si l'on sait marcher dans l'eau, on n'a pas à s'inquiéter de l'absence de fond.
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Par la fenêtre en bas, il vit le dos d'un homme penché, en train de couper ou de creuser. C'était le Noir qu'il voyait de temps en temps sur la propriété. Il regarda fixement son dos. Journalier, l'avait-elle appelé. C'était le dos de Journalier. Il connaissait bien les dos, il les observait parce qu'ils révélaient tout. Pas les yeux, les mains ou les bouches, mais le dos parce qu'ils se trouvaient simplement là, à découvert, sans qu'on puisse les protéger ou les manipuler, comme le dos de Journalier, tendus comme un lit d'asile où les clochards passaient la nuit. Un dos sur lequel pesait la douleur de chaque ulcère, de chaque nerf de la nuque coincé, de chaque mal de dent, de chaque train rentrant chez soi qu'on rate, de chaque boite à lettre vide, de chaque gare routière fermée, de chaque pancarte ne-pas-déranger et siège-réservé depuis que Dieu a créé l'eau.
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