J'ai été très intéressé immédiatement par ce premier tome, par la froideur qui s'en dégage à l'image du personnage principale, Naja. En premier lieu, celle ci porte le nom d'un serpent, animal de sang froid, elle a les cheveux bleus ( couleur froide) et ne s'exprime jamais, ou très rarement ( uniquement dans dernier tiers du récit et avec seulement quelques mots) avec des mots. Sa peau est d'une blancheur cadavérique, tout laisse penser à une morte ambulante. C'est comme si Naja était déjà morte, et d'ailleurs, le narrateur insiste bien sur le fait qu'elle fut une autre avant, et qu'elle est désormais Naja, tueuse impitoyable. C'est là une véritable machine à tuer. On la croirait dépourvue d'âme tant ses gestes et ses actions sont exécutés de manière mécanique, hyper contrôlée. Et pour couronner le tout, elle souffre d'une étrange maladie qui l'empêche de ressentir la douleur, et pourtant elle souffre intérieurement de cette absence de sensation.
En second lieu, c'est le graphisme qui donne toute sa froideur au récit, d'une part par le trait mais aussi par les ambiances. Les deux premiers tiers du récit se passent de dialogues, tout est dans les cases, les gestes, les mouvements, les regards, les expressions de visage. le fait que ce soit le narrateur qui présente naja créé une certaine distance entre elle et le lecteur ajoutant ainsi à sa froideur, et à sa dangerosité. Pourtant, on la sent fragile, survivante d'une catastrophe qui l'a marquée, changée à tout jamais, un événement traumatisant qui a fait d'elle la Naja qu'elle a choisi de devenir.
C'est fort, c'est émouvant, autant par les mots que par l'absence de mots, autant par les graphismes que par ce qu'ils suggèrent. C'est plutôt prometteur pour une série destinée à ne pas durer éternellement.
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