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Citations sur Avant toi (516)

« Clark,
Quelques semaines se seront écoulées lorsque tu liras cette lettre (même avec tes compétences toutes neuves en matière d’organisation, je doute que tu puisses être à Paris avant début septembre). J’espère que le café est bon et fort, et les croissants frais. J’espère aussi qu’il fait encore assez beau pour s’asseoir dehors, sur ces chaises métalliques toujours condamnées à être plus ou moins bancales sur le trottoir. Le Marquis est une bonne adresse. La viande est bonne, si jamais ça te dit de revenir y déjeuner. Et si tu regardes un peu plus loin sur ta gauche, tu devrais voir L’Artisan Parfumeur. Après la lecture de cette lettre, tu devrais y aller pour essayer leur parfum qui s’appelle quelque chose comme « Papillon Extrême » (je ne suis plus très sûr du nom). J’ai toujours pensé qu’il serait parfait sur toi.
D’accord, fin des instructions. Il y a un certain nombre de choses que je voulais te dire, ce que j’aurais volontiers fait en personne, mais :
a) tu aurais été gagnée par l’émotion ;
b) tu ne m’aurais jamais laissé finir. Tu as toujours été bien trop bavarde.

Voilà : le chèque que tu as trouvé dans la première enveloppe que t’a remise Michael Lawler ne représente pas l’intégralité du montant. C’est juste un petit cadeau pour t’aider à voir venir dans tes premières semaines de chômage, et pour que tu puisses faire ce voyage à Paris.
Lorsque tu rentreras en Angleterre, porte cette lettre à Michael à son bureau londonien, et il te remettra tous les documents qui te permettront d’accéder à un compte qu’il a ouvert pour moi, à ton nom. Ce compte contient de quoi te permettre d’acheter un bel endroit pour vivre, de couvrir tes frais universitaires, et de subvenir à tes besoins pendant que tu étudies à temps plein.
Mes parents auront été prévenus de ces dispositions. J’espère que cette précaution, associée au travail juridique de Michael Lawler, permettra que tout se déroule sans encombre.
Clark, je l’entends pratiquement d’ici que tu es au bord de l’hyperventilation. Ne commence pas à paniquer, ou à faire des dons à droite à gauche. Cette somme est insuffisante pour te permettre de passer le reste de tes jours assise sur ton cul. Mais ça devrait être juste ce qu’il faut pour te permettre de te libérer, à la fois de cette petite ville qui nous rend claustrophobe et que nous appelons tous les deux « chez nous », mais aussi des choix que tu as eu l’impression de devoir faire jusqu’à présent.
Je ne te donne pas cet argent pour que tu te sentes mélancolique ou redevable envers moi. Ou que tu aies le sentiment qu’il s’agit d’un genre de mémorial.
Je te le donne parce qu’il n’y a plus grand-chose qui me rende heureux, mais toi, si.
Je suis conscient que le fait de croiser ma route aura été une source de douleur et de chagrin pour toi. Mais j’espère qu’un jour, quand tu seras moins fâchée contre moi et moins bouleversée, tu verras non seulement que je n’avais pas d’autre choix, mais aussi que ce geste te permettra de vivre une bien meilleure vie que si tu ne m’avais pas rencontré.
Pendant un certain temps, tu vas te sentir mal à l’aise dans ton nouveau monde. C’est toujours un peu étrange de se faire virer de sa zone de confort. Mais j’espère que tu te sentiras un peu euphorique aussi. Le visage que tu avais quand je t’ai vue revenir de la plongée sous-marine m’a tout dit : il y a une faim en toi, Clark, et une grande audace. Tu les as juste enfouies au plus profond de toi, comme le font la plupart des gens.
Je ne suis pas en train de te dire de te jeter du haut d’un immeuble ou d’aller nager avec les baleines (même si j’adorerais penser que c’est ce que tu fais), mais juste de vivre pleinement. Bouge, remue-toi, ne t’installe pas. Porte fièrement des collants à rayures. Et si un jour tu insistes pour te caser avec un mec ridicule, fais en sorte de cacher une partie de cet argent quelque part. Savoir qu’on a toujours une porte de sortie est un véritable luxe. Et savoir que c’est moi qui, peut-être, t’aurais offert cette porte me rend la vie plus douce.
Alors voilà. Nous y sommes. Tu es gravée dans mon cœur, Clark. Tu l’as été dès le premier jour où tu es arrivée, avec tes fringues à la con, tes blagues moisies et ton incapacité absolue à dissimuler ce que tu ressens. Tu as changé ma vie infiniment plus que cet argent ne pourra changer la tienne.
Ne pense pas à moi trop souvent. Je ne veux pas t’imaginer toute larmoyante. Vis bien.
Vis.
Avec toute mon affection,
Will. »
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On n’a qu’une vie, Clark. C’est le devoir de chacun de la vivre aussi intensément que possible.
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Ceux qui ont réponse à tout n'ont jamais été confronté aux vrais problèmes.
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"_Les choses évoluent plus vite qu'on ne le pense. Après tout, votre soeur finira peut-être par décider qu'elle ne veut plus rentrer tous les week-ends. Elle finira peut-être pas rencontrer quelqu'un. Des millions de choses peuvent arriver."
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Il y avait bien des choses que je n'aimais pas chez ma soeur. Quelques années auparavant, j'avais même griffonné des listes entières à ce sujet. Je la détestais pour ses cheveux - longs, raides et épais alors que les miens devenaient cassants dès qu'ils m'arrivaient aux épaules. Je la détestais parce qu'on ne pouvait rien lui dire qu'elle ne sache déjà, et parce que pendant toute ma scolarité les professeurs n'avaient cessé de m'expliquer sur le ton de la confidence à quel point elle était brillante - comme si, par voie de conséquence, son brio ne m'avait pas condamnée à vivre en permanence dans son ombre. Je la détestais parce qu'à l'âge de vingt-six ans, j'étais obligée de vivre dans une chambre minuscule pour qu'elle puisse prendre son fils illégitime avec elle dans la grande chambre. Mais, de temps en temps, j'étais infiniment heureuse qu'elle soit ma soeur. (p. 166-167)
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Qui peut imaginer combien il est dur de ne rien dire? Quand chaque atome de mon être me pressait de faire le contraire.
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"- Je sais que, pour la plupart des gens, la vie que je mène est ce qui peut arriver de pire. Mais ca peut être pire encore. Je pourrais finir par ne plus être en mesure de respirer par moi-même. Par ne plus être en mesure de parler. Je pourrais avoir des problèmes de circulation sanguine qui nécessiterait qu'on m'ampute. Je pourrais finir dans un hôpital pour toujours. Ma vie n'est pas vraiment une vie, Clark. Mais quand je pense à la pire version de ce quelle pourrait être, certaines nuits, allongé sur mon lit, je finis par ne plus pouvoir respirer, a-t-il avoué en se raclant la gorge. Et vous savez quoi ? Personne ne veut entendre ça. Personne ne veut entendre parler de la peur, de la douleur ou de l'angoisse d'être terrassé par une infection stupide qui frappe par hasard. Personne ne veut entendre ce que ça fait de savoir qu'on ne pourra plus jamais faire l'amour, plus jamais manger un plat préparé de ses mains, jamais porter ses enfants dans ses bras. Personne ne veut savoir que, parfois, je deviens tellement claustrophobe à être coincé dans ce fauteuil que la perspective d'y passé une journée de plus me donne envie de hurler comme un fou. Ma mère est à bout et elle ne peut pas me pardonner de toujours aimer mon père. Ma sœur m'en veux de lui avoir encore volé la vedette - et, à cause de mes blessures, de ne plus pouvoir me haïr comme elle me hait depuis notre enfance. Mon père n'attend plus qu'une chose : que tout soit fini. Au bout du compte, ils veulent prendre la vie du bon côté. Ils ont besoin que j'en fasse autant. Ils ont besoin de croire qu'il existe un bon côté, a-t-il ajouté après une hésitation."
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C'est cette dimension de la maternité qu'on ne saisit jamais vraiment tant qu'on n'a pas été mère soi-même, qui fait que ce n'est pas l'homme adulte qu'on voit - ce rejeton maladroit, mal rasé, malodorant, aux idées bien arrêtées - avec ses contraventions, ses chaussures mal cirées et sa vie amoureuse compliquée.
Non, ce qu'une mère voit, ce sont toutes les personnes que son fils a été au fil de sa vie rassemblées en un seul et unique individu.
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Comment vivre quand on sait qu'on ne fait que compter les jours jusqu'à sa propre mort ? (p. 152)
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"- Eh bien, ma mère peut très précisément dater mon penchant pour les chaussures hors normes. Cela remonte à mes trois ans. Elle m'avait acheté une paire de petites bottines en caoutchouc d'un bleu turquoise brillant. A l'époque, elles étaient pour le moins originales. les enfants portaient généralement des bottes vertes ou rouges pour les plus chanceux. Et elle m'a raconté que du jour où elle me les avait données, je n'ai plus voulu les retirer. Pendant tout l'été, je les ai gardées aux pieds, au lit, dans le bain, à la garderie. Ma tenue préférée; c'étaient ces petites bottines avec mes collants de bourdon.
- Vos collants de bourdon?
- A rayures noires et jaunes.
- Superbe....
- Ca c'est un peu rude comme remarque.
- C'est pourtant vrai. Ils devaient être ignobles.
- Ils peuvent vous sembler ignobles, mais aussi étonnant que cela puisse paraître, Will Traynor, toutes les filles ne s'habillent pas dans l'unique but de plaire aux hommes.
- Foutaises.
- Non certainement pas.
- Tout ce que les femmes font, c'est en pensant aux hommes. Les actes de chacun d'entre nous répondent à une motivation sexuelle. Vous n'avez pas lu La Reine Rouge de Matt Ridley ?
- Je n'en ai même jamais entendu parler. Mais je peux vous assurer une chose, c'est que je ne vous ai pas chanté la "Chanson du Molahonkey" assise sur votre lit dans l'espoir d'une partie de jambes en l'air". p117
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