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Citations sur Les étrangers (23)

Certaines femmes possèdent le don, en exécutant un simple geste comme celui d'ôter leurs gants, de provoquer magiquement l'illusion d'un déshabillage total, dépouillant l'un après l'autre leurs doigts ensorceleurs de leur vêtement intime avec une liberté impudique pour que jaillisse enfin la chair. Alors le dos de la main se découvre entièrement, révélant sa nudité soignée et banale, la main elle-même s'étale sur la table, les doigts s'étirent et c'est comme si cette partie du corps mise à nu disait : eh bien, me voilà. La main qui s'était effeuillée ici et offerte en public était osseuse, un peu brutale, dotée de doigts d'une longueur moyenne, une main entretenue, laborieuse et obéissante, aux ongles coupés assez court.
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"Le peuple" dansait, la ville s'ouvrait et l'on sentait partout l'odeur euphorique de l'Histoire. "Le peuple", pensa t-il, et maintenant qu'il en était si proche, il lui prit l'envie de sauter de la voiture. "Le peuple", éternellement leurré par le même appât trompeur, "le peuple" avait cent trente-sept ans, cent trente mille ans, et il dansait ici sur des podiums, en haillons et en célébration de la "Liberté", il tournoyait presque sagement, dans l'ivresse amère d'une naïve et triste bacchanale officiellement tolérée. Car tout ce qu'il voyait du taxi était bridé par une discipline implacable, la foule en tourbillon spectral, les guirlandes enluminées qui entrelaçaient la ville de leur scintillement bon marché et transformaient en cérémonial à l'eau de rose ce qui jadis avait été un bain de sang, un bal nocturne de sang et de corps démembrés et décapités - les boissons multicolores et la musique geignarde, tout cela s'organisait de façon civilisée, et la rue semblait domestiquée par une retenue morbide, une bienséance frémissant d'une vibration nerveuse issue des profondeurs.
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Peut-être cela faisait-il partie du charme de Paris que le voyageur sensible n'éprouve pas l'impression d'être un nouveau venu mais qu'il se mette d'emblée à vivre dans la ville comme s'il y était né et en était resté éloigné pendant longtemps.
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La salle des faits divers, songea-t-il, en suivant du regard la femme aux cheveux jaunes, se rappelant la rubrique des "Faits divers" du "Figaro", avec un souvenir aigu des formes typographiques, puis il posa son regard sur la rangée des lits. Tout ce que Paris avait écrasé, tabassé, tout ce qui avait été poignardé dans la poitrine et atteint au ventre par une balle, la nuit, le jour, était couché ici, les yeux vitreux, les visages de cire empreints d'une expression d'attente et d'une douloureuse attention - tout ce qui était résumé en deux lignes dans les journaux, avec le nom, l'âge et les faits. Ils se turent avec recueillement. Les faits divers se taisaient également, seuls quelques faibles gémissements sourds filtraient de derrière les paravents
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Le craquement d'une allumette la nuit est un moyen aussi sûr de tirer quelqu'un de son sommeil qu'un coup de canon et obtient le même effet.
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Les jours les plus rares de la vie sont ceux où nous avons conscience d’être heureux.
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Bref, c'est une bonne engeance que ces nouveaux Français, qui ont tous un petit grain dans la tête, catholicisme, surréalisme et paneuropéanisme, il paraît même qu'ils écrivent des livres amusants...d'après ce que je sais, ils ont d'ailleurs produit toute une littérature sur la futilité de la littérature.
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Combien de millions de Tchèques, de Roumains, de Bulgares, d'Albanais, de Serbes, de Russes, d'Italiens, d'Autrichiens, d'Espagnols, de Suédois, de Norvégiens et de Hongrois, en route pour Paris, avaient-ils ressenti, quelques heures avant leur arrivée, cette même perplexité et, installés dans leur compartiment, en regardant le paysage, avaient-ils tous éprouvé la même angoisse et la même incertitude, tous étrangers et tous membres d'une seule famille, compliquée et désunie : les Européens... Eh bien, quoi qu'il en soit, une famille malgré tout : même lointain et provincial, je suis de la famille, songea-t-il à présent.
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Imaginez seulement ce qu'ils ont sur le dos quand ils décident de se mettre à peindre un tableau aujourd'hui : Clouet, Poussin, Ingres, Chardin, Delacroix, sans parler de Monet et Manet, ainsi que Courbet, Watteau, Lautrec, Fragonard et David, accessoirement Chassériau, Corot et je ne sais trop qui encore. Et de même quand ils s'installent pour écrire un livre, ils ont sur les bras trois douzaines de noms et ici, même les révolutions ont une forme et une tradition, on ne peut pas sauter comme ça sur une barricade mon vieux !
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Il existe un ordre supérieur, Kant, la loi, les étoiles dans le ciel. C'est à cela que je pense, moi aussi. Je pense qu'il faut rester fidèle à notre boussole interne et que nous devons suivre notre direction quoi qu'il advienne. Je ne sais pas qui je suis. Je ne sais pas ce qui m'arrivera. Le métier ? Ce n'est pas si important, il y en a tant. Qu'on soit chapelier, vendeur de parapluies ou professeur duniversité, finalement on vit de quelque chose .Moi c'est autre chose qui m'intéresse. J'aimerai savoir qui je suis.
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