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Un groupe d'amis, des intellectuels progressistes, tente de survivre sous la surveillance de la police politique, dans la Roumanie totalitaire de Ceausescu.
Beaucoup ont écrit sur la dictature. Personne ne l'a fait comme Herta Müller.
Dans une interview elle parlait de "...la langue de bois du régime qui avait détourné le langage à son profit. D'où notre vigilance pour éviter les mots ou les concepts violés ou souillés par le politique. Ils renvoyaient à une réalité qui n'était pas la nôtre."
Elle a donc inventé elle-même un langage qui nous rende perceptible la vie dans un régime totalitaire : un langage de dénuement, de contrainte, de censure.
Des phrases courtes et descriptives, qui nous enferment aussi efficacement qu'une geôle.
Un langage dénué d'émotion, froid, qui fait naître la terreur aussi sûrement que de se voir suivi par un agent du régime.
Un texte ciselé, qui nous oblige à être attentif au moindre détail, à la moindre trace, comme dans un logement surveillé par la Securitate.
Ça n'est pas facile d'entrer dans ce roman. Tout y est hostile : "Les peupliers découpent l'air brûlant. Les peupliers sont des couteaux verts."
C'est puissant.
C'est très difficile à lire.
C'est magistral.
C'est ardu.
C'est exceptionnel.

Traduction de Claire de Oliveira.
Challenge Globe-Trotter (Roumanie)
Challenge Nobel
LC thématique de juin 2022 : "Titres à rallonge"
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Une langue déroutante jusqu'au malaise, construite de phrases comme : "La lampe du plafond regarde au lieu d'éclairer", ou "Son oeil agrandit les entrailles sous la peau jusqu'à ce qu'elles soient froides".
Un monde où tout est gris, sans lumière ni chaleur ni perspective, et où la vie semble venir des choses, pas des hommes.
Un climat d'oppression latente, de vide désespérant.
Pas de repères, peu de points d'appui narratifs, une succession d'images glauques, ternes et froides, que domine l'omniprésente photo de l'oeil noir et la mèche du dictateur.

J'ai failli arrêter cette lecture plusieurs fois, tant était épuisant ce sentiment de s'y mouvoir comme dans la vase. Mais c'est à la moitié du roman, quand un semblant "d'action" apparait, que toute cette première partie très déstabilisante a pris tout son sens pour poser le décor profond et contribuer à faire ressentir ce qu'a été le quotidien des Roumains sous le régime de Ceausescu, le dénuement organisé, les passe-droits, l'ombre permanente de la Securitate, la peur, la résignation, l'absence de perspectives.

Un travail d'écriture prodigieux au service d'un témoignage indispensable tel que seule la littérature peut en offrir, sous la plume d'une auteure que l'Académie des Nobel a bien fait de récompenser.
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Cette lecture là, c'est bien plus que le récit présenté par cette quatrième de couverture; cette lecture là, c'est un saisissant paradoxe littéraire. Herta Müller parvient à dire le cauchemar de la dictature, d'angoisse latente, de délabrement social et humain par une prose à la poétique perçante, par la description des lieux, des images qu'ils font naître, par l'expression d'un sentiment d'irréalité qui rend celui de la réalité si prégnante; cette réalité dans laquelle tous regards, toutes attitudes, toutes émotions, spontanés, naturels, sont bannis. Une autre dimension qui rend toute la dimension de ce qu'ont vécu les Roumains. le ciel est plombé, fuyant, l'air vicié. Densité des mots palpable, sur la page, sur la peau, effrayante; des mots crus sur les visions, des mots de silence, de malaise, de dégoût, d'échos d'égouts… Des sensations physiques, sensations à la fois de poids et de vide, l'oppressant, le métallique – images filées de l'usine « de fer et de rouille » -, de la ville aux angles tranchants, des trous des fenêtres, des chemins perdus, la tension des tempes et des ventres qui cognent, les bruits qui claquent » comme une branche qui casse, mais autrement » sur la rive du Danube …
Lien : http://www.lire-et-merveille..
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J'ai refermé ce roman, impressionnée. D'abord par la langue de Müller, « d'une richesse poétique inouïe » (parfaitement bien résumée sur la quatrième de couverture d'un autre de ses livres). Cette écriture âpre, mais belle comme dans un conte, casse les codes de la composition lexicale pour raconter des vies dépossédées, sous l'emprise d'une dictature. La lecture est exigeante et je ne prétends pas avoir compris le sens de chaque phrase, mais j'ai saisi suffisamment d'éléments pour suivre le récit sans me perdre.

La première moitié du roman plante le décor dans une petite ville roumaine sans âme, par une série de tableaux souvent lugubres. Même la nature y apparait hostile. le soleil est froid et les peupliers pointus projettent des ombres coupantes. Dans la seconde moitié, quelques personnages croisés auparavant de manière furtive s'extraient de cet environnement fantomatique. Certains, menacés par le régime, résistent à la peur, d'autres, du côté du pouvoir totalitaire, en profitent. Une découverte littéraire rare !
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L'écriture d'Herta Müller est déroutante. Sur des constructions simples - sujet+verbe+complément - elle greffe des images poétiques extrêmement fortes qui rendent parfois son texte obscur. Pourtant, il y a dans cette sécheresse une force incroyable, qui met en scène les personnages de cette Roumanie qu'elle décrit. La société totalitaire n'a que faire des adjectifs et des fioritures. Il ya aurait dans la forme comme la volonté de coller aux canons de l'art officiel et autorisé. Mais dans le sujet et l'absurde poésie qu'elle y glisse, la description est impitoyable. Je n'aime pas toujours son écriture, dans laquelle on n'entre pas facilement, mais Herta Müller est un auteur incontournabler de la langue allemande contemporaine.
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Le choc des mots, la roumanie de caucescu mais pas de politique, les gens, les lieux, l'Ambiance, noir austère, grise, la misère, tout ceci décrit par des tableaux visuels et émotionnels, ou du moins non il n'y a plus d'émotion. Ecriture magnifique, un tout petit livre d'une grande puissance. Lisez le
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Je ne sais pas si c'est le confinement qui me tape sur le système ou non mais là, franchement, je n'ai plus la patience avec ce roman. J'en suis presque à la moitié et je n'ai plus vraiment envie de lire. Il est pourtant court.
Et c'était pourtant bien parti, car j'aime les auteurs qui ont une écriture bien à eux et là, il est évident que c'est le cas. Au départ je me suis dit "c'est original, poétique", puis de moins en moins, puis plus du tout.
C'est un récit qui ressemble à un long poème en prose. J'ai déjà lu des romans poétiques que j'ai appréciés mais là, c'est un long poème en prose très hermétique. Bien sûr on finit par comprendre les phrases, mais quand il faut en relire une sur trois deux fois de suite, ça devient énervant. C'est très descriptif, avec des phrases courtes et tranchantes. Remplies de comparaisons et métaphores parfois naïves. Comme si les habitants ne pouvaient que décrire leur vie qu'ils subissent, sans pouvoir avoir un regard réflexif dessus, simplement la décrire, sans pouvoir vraiment réfléchir, englués qu'ils sont dans une vie de misère et de peur. La moindre chose prend donc une résonance poétique car ils n'ont justement pas grand chose pour vivre heureux. À ce titre, je comprends ce style, il transmet une ambiance difficile et pesante, celle de la vie sous Ceausescu.
Mais au bout d'un moment, c'est franchement éreintant pour le lecteur et ça frise l'exercice de style pur. Et l'intrigue n'a toujours pas commencé vers la moitié du roman, et l'on se perd dans les nombreux personnages. Alors non, je n'ai plus la patience. Peut-être une autre fois qui sait ?
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Longtemps il faut mastiquer ces mots, qui ne coulent pas toujours aisément, qui s'accrochent, ne semblent pas toujours s'accorder les uns aux autres, comme dans un monde bancal, où rien ne serait tel qu'on l'attend. Quelques jours passent pour digérer la lecture d'Herta Müller, qui décrit la dictature de Ceaucescu comme un monde différent, où la nature et l'homme s'épient et se répondent, où les gestes quotidiens prennent un sens, où la lenteur semble permanente, réalité observée, scrutée. Et le non-dit - le silence imprègne ces pages, d'une atmosphère pesante. de ces lectures de l'incofort, salutaires.
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D'une écriture simple et poétique, l'écrivaine allemande d'origine roumaine Herta Müller, Prix Nobel de littérature en 2009, nous conte ici dans le renard était déjà le chasseur un récit étrange et cruel...

Suite : Cliquez sur le lien ci-dessous!!!
Lien : http://bibliotheca.skynetblo..
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Tel un renard dans la clairière, je fus pris au piège
Prix et quatrième de couverture alléchant
Le corbeau a gagné le fromage grâce à ce tour de manège
Tout ceci m'a rendu aigre et méchant

Enttäuschung ! Déception !
Imbroglio de mots abscons
Anprangerung ! Dénonciation !
Que suis-je bête, ducon

"Chaque nuit, un village au bord d'une route est une chaussette semblable à leurs cous"
Une prix Nobel de littérature
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