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EAN : 9782072735639
240 pages
Gallimard (15/02/2018)
4.58/5   6 notes
Résumé :
«Ma trajectoire est bizarre, de la petite gardeuse de vaches dans sa vallée jusqu'à l'hôtel de ville de Stockholm. Comme bien souvent, je me sens à côté de moi-même.»
C'est par ces mets, illustrant ses origines et l'itinéraire d'une vie consacrée à la littérature, qu'Herta Müller a commencé son discours de réception du prix Nobel de littérature en 2009. Un parcours qu'elle retrace dans ce long entretien avec l'éditrice Angelika Klammer, où elle évoque pour l... >Voir plus
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Judas par Oz

Judas

Amos Oz

3.74★ (648)

Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Avec cette série d'entretiens Herta Muller revient sur sa vie et son oeuvre. Des paysages de l'enfance aux journées bornées aux travaux domestiques et agricoles à l'hostilité du climat elle se livre avec délicatesse. Si tout commence plus ou moins par une fascination pour les plantes, qu'elle étudie en autodidacte, très vite l'écriture entre dans le quotidien de la jeune fille. Son enfance en Roumanie, sous la dictature, va laisser de nombreuses traces et déterminer son comportement pour toujours. Les notions de solitude et d'angoisse qui lui pèsent alors ne la quitteront jamais... Herta Muller, habituée à s'autocensurer en permanence, commence à écrire pour oublier l'usine, son village natal, la maladie de son père et la surveillance constante des services secrets. Entre les interrogatoires, les accusations farfelues et les arrestations arbitraires la jeune femme se sait surveillée, mais n'imagine pas alors que des micros ont été installés dans son propre domicile. Son témoignage est en ce sens effarant, elle explique ainsi comment les services secrets poussaient les opposants au suicide, s'ils ne les faisaient pas disparaitre dans la nature tout bonnement. Cette surveillance constante et le culte de la personnalité voué à Ceausescu iront chez elle jusqu'à l'écoeurement et la convaincront du bien fondé de sa résistance.
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Ce livre est une série d'entretiens entre Herta Müller et son éditrice allemande.
Les questions sont précises, intelligentes. L'ecrivaine se raconte et décrit avec lucidité et minutie
son enfance pauvre dans la campagne roumaine
le quotidien angoissant de la minorité germanique, en pays souabe,
la peur continuelle, à Timisoara, sous la surveillance des services secrets de Ceausecu
Son arrivée douloureuse, vers 1980, en Allemagne de l'ouest.
Pas un mot de trop, pas une phrase à supprimer, dans ces dialogues profonds et réfléchis entre les deux femmes.
Un ouvrage qui, grâce au talent du prix nobel de littérature, rappelle à nous lecteurs, les heures terrifiantes et les années sombres vécues par les peuples de l'Europe de l'Est.
Un « Monde d'hier » à ne pas oublier.
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critiques presse (5)
Liberation
27 juillet 2018
"Tous les chats sautent à leur façon" montre comment l’œuvre de Herta Müller se nourrit de l’existence réelle, de la violence infiltrée partout.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeFigaro
27 avril 2018
La romancière allemande d'origine roumaine, prix Nobel 2009, retrace ses engagements, l'oppression du régime de Ceausescu, son exil dans les années 1980. Une grande leçon de résistance et de littérature.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaLibreBelgique
19 mars 2018
Herta Müller se livre dans "Tous les chats sautent à leur façon". Elle lève un coin du voile sur son écriture, imprégnée du passé de la Roumanie.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaLibreBelgique
13 mars 2018
Herta Müller se livre dans "Tous les chats sautent à leur façon". Elle lève un coin du voile sur son écriture, imprégnée du passé de la Roumanie.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
16 février 2018
L’écrivaine allemande, Prix Nobel 2009, évoque sa vie et son art dans un livre d’entretiens envoûtant, « Tous les chats sautent à leur façon ».
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Au bout du compte, dans chaque famille, même les relations muettes et machinales les plus personnelles ont une dimension politique, puisqu’elles sont une réaction au système politique environnant. Le politique a provoqué bien des maux, sur le plan moral, il a eu des retombées funestes sur toutes les choses, sur tous les êtres. Chaque histoire familiale est aussi, accessoirement, la décalcomanie privée de l’histoire contemporaine.
Certainement, le politique est toujours là, mais on décide soi-même ce qu’on fait ou non : c’est ce qu’on appelle la responsabilité personnelle. Même après coup, ce qu’on va retenir des expériences vécues relève de notre décision. Je crois que les parents, l’origine, le bonheur ou le malheur de l’enfance ne peuvent pas servir de prétexte. On est à coup sûr un résultat, mais son propre résultat. Personne ne peut vous forcer à devenir ce que votre éducation a fait de vous, ni à le rester. L’enfance a une date de péremption assez rapide. Ensuite, on est livré à soi-même, et durant toute sa vie, on doit s’éduquer tout seul, que ça nous plaise ou non. Je ne sais pas comment on s’y prend : pour soi-même, on est d’une telle opacité… Ces choses, on les connaît du dehors, mais leur effet reste une énigme. On ne sait pas comment le vécu fonctionne en nous.
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Si je repense à ce village et à cette maison paternelle, je vois de l’histoire partout. L’alcool a tué mon père jeune, à cinquante ans seulement. Quand il était soûl, trente ans après la fin de la guerre, il entonnait des chants nazis avec ses camarades. Petit village, grands mariages : on buvait beaucoup aux longues tables de bois, et on entendait ces chants avinés toute la nuit. Le policier du village était roumain ; il ne comprenait rien à ces couplets qu’on chantait, mais il dodelinait en cadence. Comme ces hommes-là n’ont jamais changé d’avis, je n’ai pas pu voir dans leur période nazie un simple péché de jeunesse.
Mon père était mort depuis longtemps, et j’avais quitté la Roumanie, alors je suis allée à Coventry. Le mot inventé par Goebbels pour dire « raser une ville entière », « conventriser », était tout à fait palpable, comme la ruine de l’église qui rappelait cette dévastation. Le vent s’engouffrait entre les arbres, et moi, je revoyais ces grandes tables de bois, et j’entendais encore dans l’air, entre les arbres, les chants avinés des villageois. Des lieux dévastés comme celui-là, il y en a beaucoup, et en pareil cas je ne peux pas m’empêcher de penser que mon père m’a précédée dans tous les endroits où je vais. Que je le veuille ou non, ma famille me suit en catimini dans le monde entier ou presque. Ou bien c’est moi qui l’emmène dans ces endroits parce qu’on ne pas laisser son front à la maison. Je ne suis pas obligée de me sentir coupable pour mon père, mais je suis obligée d’y réfléchir.
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De la même façon, j’étais en permanence renversée par la beauté de la langue courante, par la concision de ses images magiques. Moi qui restais assise sur les marches de l’escalier à regarder les chats de l’usine par la fenêtre, je repensais souvent au dicton roumain « Tous les chats sautent à leur façon au bord de la flaque ». J’ai longtemps cru qu’on pouvait dire aussi « Tous les chats sautent à leur façon par-dessus la flaque ». Puisque le proverbe dit « au bord » et non « par-dessus », il suggère le chemin que le chat doit parcourir. Il suggère aussi que la flaque surgit à l’improviste, et que le chat surpris n’a qu’à se dépêcher : sans réfléchir, machinalement, il fait un bond différent. Ce dicton, je le connaissais depuis des années, et même depuis toujours ; mais c’est seulement sur les marches de l’escalier que je me suis rendu compte que le chat du proverbe ne saute pas du tout PAR-DESSUS la flaque. Ce mot n’y est pas : le chat la contourne peut-être d’un bond, par la gauche ou par la droite, ou il l’évite en reculant, en revenant sur ses pas.
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L’obscurité est inquiétante parce qu’elle nous enserre ; on se noie, l’atmosphère disparaît, on ne voit même plus sa propre personne. La nuit est un temps indéterminé. Dans le sommeil, on est arraché à soi-même, tout en ayant la chance de ne pas sentir, en dormant, l’indétermination de la nuit. Au réveil, on est de nouveau en possession de soi-même, la nuit est finie et on est comme neuf, après avoir dormi. Si on ne se réveille plus, c’est qu’on est mort. Dans l’obscurité, j’ai toujours eu peur que l’air ne soit de l’encre noire, de la laine noire, une boue épaisse ou un immense pelage. L’obscurité nous montre à quoi ressemblera la mort, plus tard.
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Les dérapages verbaux étaient rarissimes. Le jour où, en rentrant de la messe, j'ai dit à ma grand-mère que le coeur de la Vierge Marie était une pastèque coupée en deux, elle a répondu: "Possible, mais faut le dire à personne."
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Video de Herta Müller (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Herta Müller
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=59753&motExact=0&motcle=&mode=AND
DU TRAUMA À L'ÉCRITURE
Un point de vue sur la création littéraire de Herta Müller
Radu Clit
Études Psychanalytiques
Décelé dans la création littéraire de Herta Müller, le rapport du trauma avec l'écriture se décline différemment en fonction des quatre types de prose qui sont isolés dans la création de la lauréate du prix Nobel de littérature 2009. Dans son volume de début, le trauma est ou physique ou subi par des animaux. Les romans qui décrivent la vie quotidienne sous le régime communiste présentent des traumas infligés par les autorités de l'état. Dans le camp de travail soviétique, le trauma est intégré dans le cadre existentiel. Les essais de l'écrivaine ouvrent la perspective autobiographique et montrent que tous les traumas présentés ont été subis ou par elle, ou par sa famille.
Radu Clit a déjà publié un livre et plusieurs études sur les effets psychiques des phénomènes totalitaires. Psychologue clinicien, psychanalyste, psychothérapeute de groupe, il ajoute cette fois à l'approche interdisciplinaire la grille d'analyse littéraire, ce qui lui permet d'affiner certains points de vue avancés précédemment.
Broché - format : 13,5 x 21,5 cm ISBN : 978-2-343-14532-7 ? 16 mai 2018 ? 230 pages
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