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Citations sur Beatus ille (21)

Cela avait toujours été comme ça, pensai-je, l'effleurer de mes yeux et de mes mains et ne jamais franchir l'abîme qui sépare les corps quand ils sont si proches qu'un seul geste ou un seul mot suffirait pour déchirer la misérable toile d'araignée qui relie le désir au désespoir, quatre ans tout juste qui étaient réduits en cendres, qui disparaissaient, avec la froide et visible sérénité de ce qui est passé...
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Vous souriez pour faire excuser vos mensonges, même pas pour les dissimuler, parce que vous avez toujours manqué du sens moral nécessaire pour distinguer ce qui est juste de ce qui ne l'est pas, ou pour que vous vous en souciiez. C'est pour ça que mon pauvre mari s'excusait avant de commettre une erreur ou de dire un mensonge, jamais après. Pour lui, il n'y avait rien qu'on ne puisse lui pardonner. Jamais son sourire n'avait été plus candide ni plus charmant que le jour où il m'apprit qu'il avait vendu une propriété de mille oliviers pour s'acheter une de ces voitures italiennes, une Bugatti, comme on les appelait. Il partit avec elle et avec une fille à Monte-Carlo et revint au bout d'un mois sans voiture et sans fille, et bien entendu sans un sou, mais avec un smoking ultra-correct et un bouquet de glaïeuls, en souriant comme s'il n'avait fait le voyage de la Côte d'Azur que pour m'acheter ces fleurs.
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Il n'y avait pas chez lui le prodige doré de la lumière électrique, et quand ses parents montaient se coucher ils emportaient avec eux la lampe dont la clarté jaune et graisseuse tremblait entre leurs voix endormies et allongeait leurs ombres dans la cage de l'escalier, et alors il restait seul dans la cuisine, éclairé par les braises du foyer et par la bougie qu'il allumait pour continuer à lire les aventures du capitaine Grant ou de Henry Morton Stanley, les voyages de Burton et Speke aux sources du Nil, jusqu'à ce que ses yeux se ferment. Il montait à tâtons dans sa chambre et (...) à peine s'était-il endormi, enfoncé dans un matelas de feuilles de maïs comme dans un lit de sable, son père frappait à la porte et l'appelait parce qu'il allait faire jour et que c'était l'heure de se lever pour harnacher la jument blanche et la conduire au champ.
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Alors sa mère, qui était à côté de lui, très raide, s'était couvert la figure des mains, et Minaya avait mis un peu de temps à comprendre que le bruit étrange et sec qu'elle faisait était celui de quelqu'un qui pleure, car jamais jusqu'à ce jour elle ne l'avait fait devant lui. C'était, pour la première fois, ces pleurs sans larmes qu'il devait apprendre à reconnaître et à épier durant de longues années et qui, comme il le sut quand ses parents furent morts et à l'abri du malheur et de la ruine, révélaient chez sa mère une rancoeur obstinée et inutile contre la vie et contre un homme qui était toujours sur le point de devenir riche, de trouver l'associé ou l'occasion qu'il méritait lui aussi, de briser le cercle de la malchance, ou d'aller un jour en prison pour une escroquerie sans envergure.
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Ce qui compte, ce n'est pas qu'une histoire soit vraie ou fausse, c'est qu'on sache la raconter.
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Il n'y a rien d'autre que du temps stérile entre deux battements de cœur, entre une pilule et une gorgée d'eau, entre deux instants aussi dépouillés de substance propre que l'étendue d'un désert, mais lui, Minaya, ne le sait pas, et peut-être qu'il ne le saura jamais, car il croit encore que le temps est fait à la mesure de son désir ou de la négation de son désir et il scrute les horloges comme un astrologue, en cherchant à y découvrir la forme péremptoire de son avenir.
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Indifférent et immobile comme un arbre minéralisé par la lune, Solana ne remarquait pas son approche, et il ne vit Beatriz que lorsqu'elle prononça son nom, presque arrivée au bout du chemin, tout bas d'abord, comme si elle craignait que cette lumière, qui dilatait les formes et leur donnait une dureté de statues de sel, pût aussi amplifier et déformer le son de la voix, puis en criant ou peut-être en entendant sa propre voix comme on entend les cris pâles des rêves, parce que la rumeur de l'eau l'effaçait, et elle s'évanouissait dans la lumière de la lune et dans l'espace courbe des oliveraies et de la montagne liquide et bleue, légère et tendue comme le brouillard.
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Seul celui qui choisit sa mort et l'heure de mourir acquiert en échange le droit magnifique d'arrêter le temps.
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Les choses n'existent que s'il y a quelqu'un, interlocuteur ou témoin, qui nous permette de nous souvenir qu'un jour elles ont été vraies.
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Comme il sortait, il la vit de profil, silhouette sombre et cheveux blancs éblouissants contre la pâle clarté de la baie vitrée et le bleu opaque et pourpré du crépuscule sur les toits.
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