Je me suis souvent demandé si
Haruki Murakami était un peintre ou un écrivain. Bien sûr, je sais qu'il est écrivain. Mais la peinture n'a certainement pas été dénuée d'intérêt pour lui. En effet, le narrateur, peintre de portraits traditionnels, est en constant questionnements, sur lui-même, sur les personnes de son entourage, sur chaque fait, si minimes soient-il, qui viennent jalonner sa vie quotidienne. Fin observateur, à la mémoire visuelle décuplée de par son métier, il partage avec le lecteur chacune de ses observations, puisées au fond de sa conscience, de son esprit ou de son coeur.
Après plusieurs mois d'inactivité suite à la rupture désirée par son épouse, à un voyage sans but précis, à un enchaînement de faits aussi troublants que mystérieux et quelque peu angoissants, sa peinture prendra un tournant radical, mais n'est en fait que l'évolution d'un peintre toujours à la recherche de sa propre intériorité.
En raison de l'acuité de l'auteur à comprendre le travail de création et à parvenir à le rendre limpide au lecteur, je suis certaine que ce livre doit parler à beaucoup de créateurs.
La poésie et la simplicité de la plume en font une lecture envoûtante, intimiste, que l'on boit par petites goulées pour en profiter pleinement.
Volontairement, je ne dirais rien de plus précis sur l'histoire en elle-même car celle-ci n'est pas terminée. le Livre II m'attend mais il n'attendra pas longtemps car je sais, je le sens, il m'apportera encore pas mal de surprises.
Allez, pour vous titiller un peu, je dirais que d'autres thèmes que l'art pictural font parti de cette histoire hors du commun, tels que l'amour et le sexe, les spectres, le bouddhisme, le meurtre (et oui, tout un programme !), un personnage énigmatique et terriblement séduisant en la personne de Menshiki. Bref, l'auteur m'a souvent surprise par les chemins dans lesquels il m'a emmené.