Citations sur Le Meurtre du Commandeur, tome 1 : Une idée apparaît (113)
En y pensant rétroactivement, je me dis que nos vies sont faites d'une façon vraiment étrange. Elles regorgent de hasards extravagants et difficiles à croire, de développements en zigzag impossibles à pronostiquer. Mais lorsque ces événements nous arrivent réellement, lorsqu'on est plongé en plein milieu du tourbillon, il est possible de ne pas y voir le moindre élément étrange.
Dans le silence du bois, je pouvais presque percevoir jusqu'au bruit de l'écoulement du temps, du passage de la vie.
Dans ce monde, il y a certainement des choses qu'il est préférable de continuer à ne pas entendre. Toutefois, on ne peut rester éternellement sans entendre. Quand vient le temps, aussi hermétiquement qu'on se soit bouché les oreilles, le bruit fait trembler l'air et s'enfonce dans le coeur de l'homme, il est impossible de l'en empêcher. Si vous ne voulez pas qu'il en soit ainsi, il ne vous reste qu'à aller dans le monde du vide.
Durant les six années de notre vie conjugale, nous avions partagé un nombre incalculable de choses : beaucoup de temps, beaucoup de sentiments, beaucoup de mots et beaucoup de silences, beaucoup d'hésitations et beaucoup de jugements, beaucoup de promesses et beaucoup de renoncements, beaucoup de volupté et beaucoup d'ennui.
Chez ce personnage, Menshiki, il y avait quelque chose de soigneusement dissimulé. Un secret enfermé dans une petite boîte fermée à clé, elle-même profondément enterrée. Elle avait été enfouie il y a longtemps de cela et au-dessus poussaient aujourd'hui des herbes folles et ondoyantes.
Je ne comprenais pas pourquoi tout le monde voulait voir la mer. Pour ma part, je préférais observer l’aspect des montagnes alentour. Celles que je voyais de l’autre côté de la vallée prenait toutes sortes d’expressions vivantes selon la saison, selon le temps. Je ne me lassais pas de graver dans mon cour ces changements quotidiens.
(10/18, p.12)
Les montagnes environnantes étaient chargées de lambeaux de nuages bas. Ils s'effilochaient quand soufflait le vent, et telles des âmes égarées venant d'un temps révolu, flottaient sur les pentes dénudées à la recherche chancelante des souvenir perdus.
Les sentiments humains sont fluides et flottants, et ni l'habitude, ni le sens commun, ni la loi ne sont en mesure de les régir. Ils s'envolent librement de leur propres ailes. A l'image des oiseaux migrateurs qui ne possèdent pas la notion de frontière entre les pays.
Lorsque c'est possible, il y a des choses qu'il vaut mieux continuer à ignorer, avait-il dit. C'était peut-être vrai. Dans ce monde, il y a certainement des choses qu'il est préférable de continuer à ne pas entendre. Toutefois on ne peux rester éternellement sans entendre Quand vient le temps, aussi hermétiquement qu'on se soit bouché les oreilles, le bruit fait trembler l'air et 'enfonce dans le cœur de l'homme. Il est impossible de l'en empêcher. Si vous ne voulez pas qu'il en soit ainsi, il ne vous reste qu'a aller dans le monde du vide.
Une connaissance juste ne veut point toujours dire une connaissance enrichissante. L'objectivité n'est point forcément supérieure à la subjectivité. Le fait ne dissipe point systématiquement l'illusion.