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Citations sur Lignes (12)

Les personnes qui ont été maltraitées durant leur enfance éprouvent de grosses difficultés à s'accepter telles qu'elles sont. Elles se détestent et cherchent toujours inconsciemment à se punir.
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Mukai se souvient parfaitement de la première fois ou il a rencontré Akiko Mochizuki. Lorsqu'il lui avait présenté une sélection d'une cinquantaine de diapos et une centaine de photos noir et blanc sur planches-contact, elle avait déclaré : " C'est différent !". Elle n'avait pas dit " c'est bon " ou " c'est mauvais ", mais " c'est différent. ". " C'est différent.". Mukai n'avait pas compris ce qu'elle voulait dire et lui avait demandé des explications. Il avait une appréciation très personnelle de ses photos et s'entendre dire " c'est différent " l'irritation profondément. Un choc.
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Fumi adorait cet instant. L'instant où l'interlocuteur se rendait compte qu'elle ne s'intéressait pas à ce qu'il disait. Non pas la déception qu'il pouvait éprouver, mais la sensation d'avoir réussi à disparaître sans que son interlocuteur se rende compte de rien.
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"Je ne sais pas pourquoi, mais sa mère, elle la frappait jusqu'à lui laisser des hématomes sur le corps, parfois elle cognait même jusqu'au sang. Puis elle éclatait en sanglots et commençait à s'excuser. "Pardon, pardon, pardon." ça manquait jamais de se produire. Elle l'avait massacrée et puis : "Pardon, pardon, pardon." Elle l'avait battue jusqu'au sang, la fille avait le visage tuméfié, mais la maman : "Je t'ai frappée parce que t'es si mignonne, tu sais", sanglotait-elle en la prenant dans ses bras. Et puis, après la scène, comme si ça avait été convenu, elles mangeaient toutes les deux un onigiri. Les onigiri, on les fait comme ça, hein, dans le creux de la main, et on dit que toute la tendresse des sentiments passe de la paume de la main à l'onigiri. Eh bien, toutes les deux, en pleurant, elles mangeaient un onigiri."
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Lorsque Yûko se masturbe, elle imagine qu'elle est violée par des hommes qui la détestent. Et même quand elle fait monter un homme chez elle, elle lui demande toujours de lui dire qu'il la déteste. Certains êtres humains lui ont aussi dit : "Je t'aime." Mais Yûko ne comprend pas ce que peut bien vouloir dire aimer un être humain. C'est un sentiment qu'elle ne comprend pas. Et même si c'était un sentiment semblable à celui qu'elle éprouve pour la peinture de Kandinsky ou la musique de Wagner, elle a l'impression que personne au monde ne serait capable d'éprouver pour elle un tel sentiment. Les sentiments qu'elle a pour Kôji, par exemple, n'ont rien à voir avec ceux qu'elle éprouve pour la musique de Wagner. Si Kôji disparaissait, elle n'en souffrirait pas. Mais si la musique de Wagner disparaissait, elle croit bien qu'elle ne pourrait plus vivre. "Les être humains ont besoin des autres pour se prouver qu'ils existent", avait dit l'homme qui habitait dans une niche de chien. Yûko se demanda ce qu'il faudrait en conclure si c'était exact.
"Pour moi, les autres n'existent pas."
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Akemi pensait se protéger du mauvais sort en ramassant des filles larguées, à la dérive, des filles laides et sans argent, avant de les rejeter à la rue. Après avoir été cajolées, certaines filles finissaient par prendre pour de l'affection cette forme de sévices qui consistait à se voir plonger le visage dans l'eau, à avoir les cheveux brûlés au briquet, à se retrouver ligotée, le sexe offert, ou à supporter des piqûres d'épingles de nourrice dans les fesses. Ce genre de filles, celles qui ont été élevées dans des familles douées pour le malheur, sont en général les plus débiles. Akemi les gardait auprès d'elle jusqu'à ce qu'elle en soit lassée. Elle les rejetait ensuite à la rue et l'important était alors de donner à la fille un prénom choisi par elle.
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En regardant cet homme pleurer pour la deuxième fois de la journée, elle se rendit compte qu'elle l'avait ramené chez elle non pas pour coucher avec lui mais pour le voir pleurer à nouveau. A la longue, elle finit par le guérir de son impuissance. Cela n'avait pas été une chose bien difficile. Il aimait qu'on lui lave les cheveux. Quand elle lui savonnait les cheveux, il se détendait, fermait doucement les yeux et se mettait à bander.
Lorsqu'ils commencèrent à vivre plus ou moins ensemble, Minako s'aperçut qu'il sortait aussi avec une autre fille. Une fille de vingt ans qui bossait pour un salon de massage ou un club de rencontres. Il lui avait donné leur numéro de téléphone et un jour, c'est Minako qui répondit lorsque la fille appela. "Vieille pute, dit la fille. T'es qu'une salope, la prochaine fois, j'fous le feu à ta baraque."
Minako lui raconta ce qui venait de se passer et l'homme demanda aussitôt pardon en pleurant. Il appela la fille et l'engueula devant Minako. Mais par la suite, il continua de sortir avec d'autres femmes. Toujours des prostituées. Il semblait ne prendre aucune précaution pour lui dissimuler ses aventures. Lorsqu'elle l'interrogeait au sujet de ces femmes, il commençait par nier puis finissait par craquer. Il suffisait par exemple d'un coup de téléphone ou qu'elle prétende l'avoir fait suivre par un détective privé pour que son attitude change brusquement et qu'il s'effondre en pleurs sur le parquet. "C'est elle qui m'a proposé de coucher." "C'est une fille de Yakuza qui m'a menacé." "C'est une ancienne camarade de classe qui vient de s'enfuir de chez elle et qui n'avait personne d'autre sur qui compter." Il donnait toujours ce genre d'explications. Minako commença à se demander s'il ne sortait pas avec d'autres femmes simplement pour être démasqué et pour pouvoir pleurer en s'expliquant devant elle. Il devait aimer pleurer. C'était toujours pareil, elle avait beau le menacer sérieusement, rien n'y faisait. En fait, peu lui importait. Mais quand elle tomba enceinte, elle comprit qu'elle ne pourrait pas faire autrement que de le tuer.
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Il rejoignit la fille à l'endroit où la pente et le terrain de sport se trouvaient au même niveau. Il sortit de sa poche le shun gun et le mit en position on. Il appuya sur la détente en pressant le canon sur le cou de la fille qui venait de se retourner vers lui. Elle s'effondra mollement. Il tira le corps de la fille qui avait perdu conscience dans un coin du terrain de sport, ramassa une pierre à la taille convenable et, s'installant à califourchon sur elle, commença par lui fracasser la bouche. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait appris d'expérience qu'une personne évanouie reprenait conscience dès qu'on lui brisait les dents. Il pensa qu'il n'y avait pas de raison qu'une femme se laisse, consciente, briser les dents. De petites étincelles jaillissaient quand il les lui fracassait. Le bruit que fait une dent en se brisant à la racine est assez semblable au son aigu produit par une patate douce qu'on arrache à la terre. Puis, à mesure qu'elles se brisent, les dents produisent un son plus métallique et plus dur. Le femme qui avait du sang plein la bouche ouvrit les yeux. Mais elle ne parvint à émettre aucun son, bien qu'elle essayât de hurler. Le sang jaillissait de sa bouche comme d'une source et la piqûre du stun gun l'avait engourdie. Et voilà, c'est ça, pensa Takayama. Ce visage. Un visage terrorisé de femme et pas l'ombre d'une réaction autour de soi, alors qu'une chose épouvantable est en train de se produire : ça laissait une impression étrange. Il frappa les yeux et écrasa le nez avec la pierre. Il essuya ses mains tachées de sang avec son mouchoir. " Elle n'est pas morte", murmura-t-il en s'éloignant.
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page 93, après que le personnage d'Akemi se demande si elle va tuer la souris de l'homme qui l'héberge, je me suis dit - excusez moi d'être trivial - "mais qu'est ce que c'est que cette bande de taré-e-s ?" !
Les portraits photographique de Murakami Ryu montrent un homme sérieux, limite austère, presqu'en colère.
Il est vrai qu'on ne rit ni ne sourit à lire ses livres : "on n'est pas là pour rigoler".
Comprenez les personnages de ce roman ont tous eu une enfance difficile, abandonnés, frappés, maltraités. Alors, forcément...

Si la construction du roman est intéressante, on passe d'un personnage à un autre comme une course de relais, la complaisance pour la violence et le sexe est au bout du compte pénible, répétitive : personne qui ne sache ou martyriser son propre corps ou celui des autres.
Un écrivain a bien sûr tous les droits, entr'autres celui obsessionnel de ses sujets, mais, ne peut-on y voir aussi des œillères ? Depuis 40 ans Murakami ne voit-il (ne veut voir) qu'une seule jeunesse ?
Comme dirait ... "c'est un peu court jeune homme !"
Avis bien sûr non définitif ! Juste quelques questions et d'autres livres de Murakami Ryu à lire !
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A cause de cette femme, Toshihiko était arrivé à la conclusion que toutes les femmes aimaient sucer. Par la suite, il avait dû déchanter à plusieurs reprises. La fille qu’il avait connu avant Yoshiki, une lycéenne, une gosse de riches qui donnait l’impression de faire ses études à Hawaï, détestait sucer sans préservatif et c’était pour cette raison qu’il l’avait tellement frappée au visage qu’elle avait perdu l’usage d’un œil. Il lui avait déchiré l’œil avec son index légèrement tendu et se souvenait parfaitement du plaisir qu’il avait éprouvé et de la sensation quand il avait crevé la chair du globe oculaire. Toshihiko recherche depuis ce jour l’excitation qu’a provoquée en lui cet acte : il drague une fille dans la rue et après l’avoir emmenée dans un parc pour la baiser, sous le prétexte que la fille a dit ou fait quelque chose de travers, il se met à la rouer de coups, toujours au visage et en s’efforçant d’atteindre ses yeux. Enfant, Toshihiko s’amusait souvent à tuer des insectes, mais écraser un insecte ne lui avait jamais procuré la sensation qu’il avait éprouvée en crevant l’œil d’un être humain…
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