La littérature consiste à traduire les cris et les chuchotements de ceux qui suffoquent, privés de mots.
La frontière entre la normalité et la folie devenait floue. Je ne savais plus ce qui était bien, ce qui était mal. C'était angoissant mais en même temps je ressentais une sorte d'étrange sentiment de libération inconnu jusqu'alors. Je me sentais enveloppé d'une sorte de gelée visqueuse où se fondaient les limites de moi et autrui, où je n'avais plus besoin de penser à toutes ces choses compliquées dont la vie était remplie.
[...] les gens qui ont l'esprit sain présentent tous un certain degré de confusion et de contradiction, au contraire ceux qui affirment dur comme fer qu'ils adorent telle chose et détestent telle autre sont les plus dangereux, on ne sait jamais de quel côté va pencher la balance, l'état normal est un état d'hésitation et de souffrance, c'est comme ça que tout le monde vit.
L’être humain ne peut survivre que s’il pense avoir une valeur personnelle quelconque
"La littérature consiste à traduire les cris et les chuchotements de ceux qui suffoquent, privés de mots... En écrivant ce roman, je me suis senti dans la position de celui qui se voit confier le soin de traiter seul les ordures. »
Les Espagnols comme les Américains ont massacré un bon nombre d'indiens, mais ils n'avaient sans doute pas vraiment de mauvaises intentions. Ils étaient inconscient de ce qu'ils faisaient. Et parfois l'inconscient a des conséquences bien pires que celle de la véritable intention de nuire.
Le sang coulant de la gorge de la fille numéro cinq ne m’avait évoqué que de la sauce soja, comme si elle n’était pas vraiment humaine.
Le pire progresse toujours comme s'il n'avait rien à voir avec vous, puis un beau jour il vous tombe dessus sans crier gare. Et quand le pire est devenu réalité, il est déjà trop tard pour y remédier. Voilà ce que m'avait appris la mort de mon père.
Ce n'est pas facile de vivre normalement. Les parents, les professeurs, l'Etat, tout le monde nous enseigne comment mener une vie fastidieuse d'esclave, mais ils ne nous apprennent jamais ce que c'est qu'une vie normale.
Pour un Américain, rire d'un rire insouciant en tenant un verre de bière, c'est aussi naturel que pour un Japonais de faire une courbette avec un appareil photo à la main.