Hermétique et froid.
Comme souvent dans les romans de
Ryû Murakami. Mais poussé à son extrême ici.
L'auteur nous déverse sa rage d'un Japon où les rêves et l'espoir sont formatés voire annihilés par une société stricte, élitiste et sans repères.
Mais ce Japon souffre.
De tous les traumatismes liés à la seconde guerre mondiale et surtout de l'Unforgettable Fire" qui mit le pays à feu et à sang, liquéfiant les chairs et les esprits, obligeant la société à se durcir pour survivre, à s'imposer des règles et des codes rigides pour se reconstruire.
Plus de 50 ans après, les ravages, peurs, phobies se font toujours ressentir dans la société nippone.
L'individualisme, le positif, celui qui crée les rêves et oblige l'individu à se dépasser, à se nourrir d'espoirs pour se construire des promesses d'avenir plus éblouissantes devra être la réponse selon l'auteur.
Du coup, on appréciera le parcours symbolique du personnage principal, vivant reclus chez lui au début du roman, pour devenir l'explorateur des déchirures du passé nippon et qui se servira du meurtre pour se transcender et changer le cours de sa vie, passant du statut de chenille apeurée à celui de papillon mortel.
Pour en arriver là, il faudra néanmoins subir une lecture glacée, éprouvante, clinique, sans passion, pleine de digressions sentant le remplissage qu'il conviendrait de dégraisser pour rendre plus digeste.
L'histoire passionne peu, Uehara, le personnage principal, n'étant pas d'un charisme fou et ses pérégrinations guère passionnantes.
Heureusement ce bouquin est souvent traversés de fulgurances littéraires, de phrases d'une poésie déchirante et somptueuse. Ça sauve du néant. 2/5