Un très beau livre, tout en poésie et en finesse, qui prend le prétexte de la disparition du chat de la famille pour aborder des thèmes d'une grande profondeur : l'absence, la mélancolie, le temps qui passe, la mort. Mais aussi, il est question de la vie, de la beauté de la nature, de moments de joie à partager.
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Parle-moi d'un lambeau de nuages, de l'arbre qui monte vers ce moineau assis sur la dernière feuille de la dernière branche, de la brume dissoute jusqu'au prochain hiver, dis quelque chose, dis un mot, même un mot qui chavire dans les flots, qui dérive et se noie ; ta douleur, tonnerre en roulement, confins vertigineux, est la mienne, et j'aimerais me glisser dans ton soupir et dans ta douleur, dormeuse éveillée, pour apaiser la bouche du volcan, et éclaircir l'ombre du dedans qui t'oppresse, pour animer ce silence inamovible.
Dans l'haleine océane qui nous couvre le temps d'un été, et je te vois dans la déroute des vagues éperonnées par le vent. Je te vois dans la fleur sans nom, mais malgré tout admirée, dans le silence corps dressé, regards murés, fleuves sans rives. Je te vois dans les franges de ce nuage qui esquisse un pas de danse puis s'enfuit, et dans les lignes d'horizon si claires, si vives. Je te vois dans les fugaces rayons de soleil d'octobre, et dans le soir frissonnant d'un hiver d'automne.
[...] car ici l'aurore est toujours fidèle, et il faut que tu t'habitues à la clarté, et à boire la lumière à petite gorgée.