C'était peut-être cela, l’héroïsme : Le manque d'imagination. On va au devant de son sort d'un pas ferme parce qu'on ne comprend pas bien ce qui vous attend et quand on comprend enfin, il est trop tard.
[...] il comprit que l'Église n'était à l'abri d'aucune des perversions du monde, car elle n'était composée que d'hommes [...]
[...] c'est sa transmission qui fait la grandeur du savoir.
- [...] Je fuis les émotions. Elles émoussent l'esprit, tout comme la graisse émousse le corps...
- La caresse est le plus merveilleux des sens, car elle est vouée à la beauté. Tous les autres sens nous dominent ; nous sommes leurs esclaves. Nos yeux nous font voir l'or et les habits de gala aussi bien que les culs-de-jatte et les lépreux ; nos oreilles nous font entendre les cantiques de la messe comme le braillement des ivrognes et le gémissement des mourants ; notre nez nous fait sentir la rose et la merde, et combien de fois nous avons porté à notre bouche quelque chose d'immonde, que nous avons dû recracher ! Mais nous sommes les maîtres de nos caresses ; nous ne caressons que ce que nous avons choisi : la soie, le velours, la fourrure, la chevelure et la peau des femmes. C'est le seul sens qui soit fait uniquement pour notre plaisir !...
- Le pardon est plus facile à demander qu'à mériter...
- Les nuages sont le spectacle des amants. Ils sont faits pour ceux qui sont couchés le jour...
Le peintre trouvère avisa un mur récemment refait à la chaux, sortit de sa besace un morceau de bois charbonneux et commença à dessiner.
- Regardez comment dansent les morts à la manière de Messire Macabré ! Regardez comme ils rient, comment ils frétillent ! [...] Et maintenant, quel titre allons-nous donner à ce chef-d'œuvre ?
Jean, qui était au premier rang, repondit d'une voix calme :
- Triumphus Mortis.
Le trouvère le regarda avec surprise.
- Voyez-vous cela ! C'est tout jeune et tout maigre et cela sait déjà le latin ! Qui donc t'a appris le latin, petit savant ?
- Un moine.
- Et que penses-tu être plus tard, avec toute ta science ?
- Un mort.
Ils étaient différents de nous, par leur façon de se loger, de se nourrir, de se vêtir, de comprendre le monde, mais ils ont aimé, ils ont souffert, ils se sont battus, en un mot, ils ont vécus comme nous.
Car les époques peuvent changer, mais le coeur humain reste le même.
Jean François Nahmias