Noeve Grafx semble avoir un faible pour les récits qui versent dans la comédie romantique au masculin. Et sans être tout à fait une série du genre, Arrête de me chauffer, Nagatoro se rapproche pas mal de ce schéma, du fait qu'il se focalise sur la relation entre Nagatoro et son « Senpaï », un lycéen dans la classe supérieure. La série semble d'emblée jouer sur certaines limites, étant sur la corde raide entre la taquinerie gentille et le harcèlement, un élément qui pose question, et qui finalement rend ce premier volume très intéressant, comme nous allons le voir.
Je tiens à remercier Noeve Geafx pour l'envoi du titre.
Je le précise à chaque fois, mais ça me semble utile de le rappeler, dès le volume en mains, on constate encore une fois que Noeve a fait un très beau travail d'édition. Au-delà des habituelles cartes, bandeaux et inserts que l'on trouve dans tous leurs titres, on a aussi une jaquette parfaitement travaillée, avec un vernis sélectif qui donne du relief au titre et au nom de l'auteur notamment. Ainsi, on est toujours dans cette optique de beaux ouvrages, y compris pour des volumes classiques au format poche, ce qui est un point très appréciable. Ceci étant précisé, voyons ce que ce premier tome nous propose.
Nagatoro est une lycéenne de première année, dotée d'un caractère très moqueur et légèrement cruel, dont le passe-temps favori est de martyriser son « Senpai » chaque jour. Ce dernier est un garçon extrêmement timide et effrayé par les remarques et provocations de Nagatoro, qui toutefois est la seule personne à le remarquer dans cet établissement. Peut-être le début d'une attirance…
Le résumé restitue bien les choses, à la manière d'un Quand Takagi me taquine avec des personnages un peu plus âgés ici, ou se retrouve face à une série où chaque chapitre est l'occasion d'une rencontre, d'un échange entre les deux personnages. Et comme dans le manga mentionné, la nature de la relation entre les deux est un peu ambiguë mais fleure quand même bon l'amour qu'on n'ose pas avouer.
La différence principale entre les deux séries, et qui fait que je préfère Arrête de me chauffer, Nagatoro, cest que cette dernière n'hésite pas aller un peu plus loin, et à sexualiser un peu ses échanges avec son Senpaï, laissant apparaitre si et là un morceau de soutien gorge pour le titiller. Et si son comportement est souvent à la limite du harcèlement, on comprend aussi très bien qu'elle cherche en réalité à attirer son attention.
Car elle n'est comme ça qu'avec lui. Alors que les autres garçons l'ennuient et qu'elle se contente de les remettre rapidement à leur place ou les ignorer, elle prend un malin plaisir à mettre son Senpaï mal à l'aise. Et ce dernier est dans un entre-deux, ne sachant pas de quoi il en retourne. Par moments il angoisse à l'idée de la voir, d'autres fois on sent que cela lui fait quelque chose. Car en tant que jeune otaku, il est plutôt mis de côté et Nagatoro est finalement la personne la plus proche de lui, et surtout une personne qui s'intéresse vraiment à lui.
Ainsi, cette relation particulière a vraiment beaucoup de relief et tient en haleine dès ce premier volume, particulièrement rythmé et agréable à lire. Les chapitres courts aident bien sûr cet aspect. Mais c'est surtout le personnage de Nagatoro, assez difficile à saisir, qui charme le plus. Son look n'y est d'ailleurs pas pour rien, le mangaka ayant particulièrement travaillé ses regards et expressions du visage, jusque dans son sourire carnassier qui sera l'occasion d'un petit gag.
De ce fait, si l'on peut avoir quelques réserves quant à la façon de faire de Nagatoro, j'y vois une relation entre adolescents plutôt réaliste, car le fait de titiller une personne pour attirer son attention est chose courante, surtout à cet âge. Et Nagatoro se questionne sans cesse sur le fait d'avoir été trop loin ou non. Ce qui fait que je ne la vois vraiment pas comme une harceleuse, bien qu'elle puisse être maladroite voire blessante dans sa façon de faire, comme peuvent l'être des ados. D'autant plus que son Senpaï, bien que souvent assez gêné, semble rapidement prendre conscience du fait qu'il y a un petit quelque chose de particulier entre eux, et cette relation houleuse l'aide déjà à s'ouvrir un peu. Nul doute de ce fait que le personnage va évoluer grâce à elle, et que ce sera certainement un ressort narratif important par la suite.
Ainsi, si l'auteur arrive à étoffer cette relation intelligemment au fil des tomes (la série en compte déjà 10 au Japon), on peut tenir là quelque chose de vraiment intéressant. Comme je l'ai déjà dit, la lecture est très agréable et fluide, et Nagatoro séduit d'emblée. Reste simplement à voir comment le mangaka va s'en sortir sur la durée pour renouveler les situations et faire évoluer tout cela, mais en l'état, on tient là un premier tome étonnamment réussi, qui donne beaucoup d'espoir pour la suite.
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