AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,56

sur 94 notes
5
8 avis
4
9 avis
3
4 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un récit inspiré de faits réels, voilà un roman qui ne pouvait que me plaire. Et je dois dire que je n'ai pas été déçu par ce roman passionnant.

Cimetière de Pantin François accompagne son père Zohar jusqu'à sa dernière demeure. Zohar est né en Égypte, un homme du peuple, issu de la glaise du Nil, un homme secret, après une enfance trépidante dans la ville du Caire, le voilà qui débarque à vingt-sept ans dans le port de Naples, seul, sans famille, sans amis, sans un sou, la seule force de ses bras et ses yeux pour pleurer.

Huit mois plus tôt, le Caire avait brûlé, le petit peuple s'était révolté infiltré par les frères musulmans, et les militaires avaient suivi emmenés par le lieutenant-colonel Nasser. Tous réclamaient la tête de l'énorme roi Farouk ramolli par les plaisirs, et comme toujours, depuis des temps immémoriaux, les juifs étaient devenus la cause de tous les malheurs.

Tobie Nathan va donc nous entraîner à la suite de Zohar dans les heures sombres de l'Égypte, puis dans l'après-guerre à Paris.

L'auteur nous dresse un portrait sans concession du roi Farouk, un roi de carnaval et son régime pourri, les petites gens l'avaient aimé à la folie lors de son accession au trône, quinze ans après il s'était transformé en monstre de cauchemar, se compromettant avec les Anglais, un roi glouton de cent cinquante kilos aux plaisirs pervers. Laissant les caisses vides et un pays rongé par la corruption.

« L'amour avait toujours été l'allié de Zohar. Il lui avait ouvert les portes des univers, et les femmes avaient été ses passeuses. »
Livia qui le recueille que les quais de Naples, cela fait dix ans qu'elle bat le pavé, c'est une professionnelle expérimentée.
Thalia une femme d'une beauté à faire pleurer qui espionne les Égyptiens pour le compte des Juifs.
Paulette évadée de Ravensbrück, « aimer qui on veut quand on veut » est sa devise
Marie, avec ses yeux verts, une femme libre, fille du pêché.

L'Egypte a été une terre d'accueil pour les anciens nazis dont Dieter le bourreau de Nathan, leur but reste d'anéantir les juifs jusqu'au dernier. Nous retrouverons Zohar à Paris associé dans un commerce de fourrures avec Aaron et Lucien. Trois rescapés de l'enfer, une fratrie douloureuse, ils partagent leurs repas, leurs secrets, leurs amours et leur désir de vengeance.
L'auteur nous décrit l'agitation de l'après-guerre, les petits groupes de vengeurs qui n'hésitent pas à mettre deux balles dans la tête des salauds, des collabos, les traites, les fumiers. Les repentis de la collaboration sont employés par l'état dans d'autres tâches, tout aussi clandestines.

Et puis il y a « la société des belles personnes » une confrérie de femmes, dans un quartier populaire du Caire avec leurs chants, leurs musiques, leurs rites, leurs magies
« Elle a dit : Souviens-toi qu'au moment de ta naissance tout le monde était dans la joie et toi dans les pleurs. Prends exemple sur ton père. Fais en sorte qu'au moment de la mort, tout le monde soit dans les pleurs et toi dans la joie ».

Un livre d'une grande richesse, des personnages marqués par leur passé tragique. Un roman porté par une écriture fine qui sait bien retranscrire toutes les émotions et rendre les personnages tellement réels.

Merci aux éditions Stock pour leur confiance et ainsi de m'avoir permis de lire ce roman en avant-première.
#Lasociétédesbellespersonnes #NetGalleyFrance



Commenter  J’apprécie          294
Ce roman commence par un enterrement : le père de François, Zohar, est emmené à sa dernière demeure aux sons de musiciens égyptiens, et en suivant les traditions juives. Qui est Zohar ? François qui a très peu connu son père, disparu quand il avait deux ans et revenu à Paris alors que François a déjà 49 ans, va le découvrir en même temps que nous grâce aux récits de Livia qui l'a naguère accueilli à son arrivée en Europe.
Tobie Nathan nous fait voyager de l'Égypte, pendant les quelques mois qui entourent le renversement du roi Farouk, au Paris de l'après-guerre, où Zohar va faire la connaissance et vivre avec des rescapés de la guerre qui tous ont souffert et perdu leur famille pendant celle-ci.
C'est un roman foisonnant, qui regorge de détails sur la société égyptienne, la lente dégradation de la situation, la montée des frères musulmans, l'infiltration d'anciens nazis dans l'armée égyptienne, la montée de la colère contre les juifs et la préparation du coup d'état de Nasser. En parallèle des événements historiques, l'auteur nous décrit dans un style flamboyant les différentes couches qui constituent la population du Caire, leurs traditions, leurs façons de vivre: : c'est très imagé, cela part un peu dans tous les sens et reste passionnant. Et puis Zohar se retrouve à Paris. J'ai été frappée par la différence de style de l'auteur: celui-ci devient plus lisse à l'image de ce pays où les gens sont plus réservés. Cette deuxième partie est moins flamboyante, mais tout aussi intéressante, montrant la difficulté pour les survivants à la guerre de continuer leur vie, et enfin tourner le dos à leur passé.
Merci aux éditions Stock pour le partage de ce roman grâce auquel j'ai appris certaines choses sur l'histoire récente de l'Égypte #Lasociétédesbellespersonnes #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          200
Cinquième lecture dans le cadre du Prix du Roman Fnac 2020

Roman au titre énigmatique dont nous ne comprenons véritablement le sens que dans son dernier quart, La Société des Belles Personnes est une fresque historique passionnante qui nous mène à travers plusieurs époques, plusieurs lieux, par l'intermédiaire de deux voix narratives.

Nous entrons dans le vif du sujet avec François qui, après l'enterrement de son père, Zohar Zohar, va découvrir qui celui-ci était réellement – il n'a en effet été que peu présent dans sa vie – grâce à Livia, prostituée italienne vivant désormais en France, également présente à son enterrement, et étant celle qui l'a recueilli à son arrivée catastrophe d'Egypte en 1952. 1952, année charnière pour l'Egypte, qui voit la destitution du roi Farouk et l'arrivée au pouvoir de Nasser. Période sombre de l'histoire du pays pendant laquelle les frères Musulmans prennent de plus en plus de place, pendant laquelle également d'anciens nazis ont rejoint l'armée, ce qui entraîne nombre pogroms contre les juifs, notamment dans le quartier juif du Caire dont fait partie Zohar. C'est à partir de cet exil traumatisant que la vie du jeune homme va prendre un tout autre tournant, et ce jusqu'à la fin de ses jours : le désir de vengeance sera en effet le plus fort…

Alternent ainsi, tout au long du roman, des épisodes du présent vécus et racontés par François, dans lesquels le fantôme du père est toujours au centre, et des épisodes du passé de Zohar transmis par Livia, garante de sa mémoire depuis son arrivée d'Egypte, d'abord pour l'Italie. Peu à peu, et de manière tout à fait pertinente, se forment sous nos yeux non seulement la vie du père, mais aussi celle de son pays de naissance, enfin celle de son pays d'accueil, la France, pays où le passé finira par refaire surface pour mieux aider Zohar à parvenir à ses fins.

L'histoire rejoint magistralement L Histoire, et donne lieu à de grandes descriptions d'évènements clés, comme par exemple la nuit qui a mené à la destitution de Farouk, de ses préparatifs à sa mise en oeuvre, en passant par ses conséquences directes. le romanesque du récit n'en est pas pour autant laissé de côté, comme le montrent autant les portraits des principaux personnages, tout en profondeur, que le déroulement tout en contraste de l'intrigue, entre moments intenses, souvent dramatiques, voire violents, et passages plus « légers », permettant au lecteur de reprendre sa respiration au milieu de toute cette intensité parfois pesante.

J'avoue que j'ai eu du mal pendant le premier quart du roman, le temps que tous les éléments se mettent en place, et que je prenne toute la mesure, et du personnage de Zohar, et de l'Histoire dont il nous est présenté comme le témoin. Je n'arrivais pas à entrer pleinement dans le récit, me sentant comme exclue de celui-ci car trop à distance de son personnage principal, exactement comme son fils, François, qui, finalement, ne le connaît que bien peu au début. Ce qui était donc, au départ, pour moi, une lecture bien plate, est devenue au contraire, au fil des pages, remarquable, d'une grande qualité de plume comme d'intrigue.
Lien : http://lartetletreblog.com/2..
Commenter  J’apprécie          120
Le roman conte l'histoire de Zohar Zohar, père de François, et débute en Égypte, quartier juif du Caire, dans les années 50.
On y découvre plusieurs personnages de son entourage, tant au Caire qu'à Paris.
Le récit mêle romanesque et références historiques avec le roi Farouk, la rébellion, les frères musulmans, les tortionnaires nazis... ; et les sentiments humains avec l'attachement aux traditions séculaires, la vengeance, la cruauté et la terreur des hommes, les mystères spirituels, la recherche d'apaisement..
Légèrement déçue par une fin un peu précipitée que j'aurais souhaité plus aboutie, mais qui malgré tout ne gache rien à la verve et au talent de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          80
Tobie Nathan nous emmène en Égypte début des années 50. On y suit l'effondrement d'un roi, l'antisémitisme qui empoisonne l'armée et la vie de ceux qui n'ont rien ou presque rien. Il nous emmène aussi rapidement à Rome où on rencontrera Livia mais surtout à Paris à différentes époques. Dans la ville lumière on y rencontrera François, le fils de Zohar, Lucien, Aaron et Paulette. le point commun de tous ces personnages, du roi Farouk à François, en passant par Zohar, est qu'ils ont tous étaient touchés par l'antisémitisme, de près ou de loin.

J'avoue avoir était un peu déçue par ce roman. Déjà, je trouve le résumé un peu trompeur. On ne parle de la traque des tortionnaires qu'au dernier tiers de l'ouvrage. L'avant étant consacré à la chute du roi Farouk et aux mésaventures de Zohar, traqué par un ancien SS convaincu de son rôle d'exterminateur.
L'auteur m'a parfois perdu dans les méandres des ruelles et du mysticisme. Il a voulu raconter énormément de choses mais, même si sa plume est excellente, l'ensemble ne se raccorde pas toujours bien. J'ai parfois un peu décroché et parfois j'ai été happée. C'est une lecture un peu en dent de scie qui me marquera mais sans vraiment m'avoir convaincue.
Commenter  J’apprécie          80
J'avais lu récemment un essai d'ethnopsychiatrie de Tobie Nathan, c'est avec curiosité que je l'ai découvert ici en tant qu'écrivain.
Ce livre est une épopée foisonnante, sensible et sensuelle ( = qui fait appel aux sens,odeurs,sons,touchers, goût) retraçant à la fois l'histoire de l'Égypte principalement après 1950 mais aussi pendant la guerre de 39/45 ( j'ignorais que ce pays avait été un temps allié avec l'Allemagne hitlérienne pour des raisons stratégiques)et l'histoire dans l'histoire du narrateur.
J'ai été sensible au style échevelé,ici et là aux petites phrases -sentences que je retrouve dans les contes yiddish,qui prennent sens en contexte,aux apports historiques expliquant une société jadis relativement ouverte à la différence et qui devient ostracisante et opprime les Juifs lors de la montée de l'intégrisme musulman.( Ne connaissant pas suffisamment l'histoire géopolitique de l'Égypte je m'en remets donc au récit et à l'analyse de l'auteur).
J'ai également apprécié la description d'une partie de la société française au lendemain de la guerre,dont la principale volonté était d'oublier ce qu'il venait de se passer.
Le père du narrateur,lui, n'oublie pas et se donne un devoir de vengeance qui sera le principal moteur de sa rédemption.
Enfin j'aime ce récit parce qu'il est à la frontière du mythe et de la grande histoire .
Une belle découverte pour moi.



Commenter  J’apprécie          50
Le roman commence en fanfare : en fanfare au Cimetière de Pantin! Fanfare avec crotales et tambourins, simsimiyya - lyre égyptienne -   procession tourbillonnante et dansante. 

Corne de bélier des Juifs qui suivent, hommes vêtus de noir, barbes des Juifs religieux  - la société sacrée des morts pour le Kaddish.

L'homme qu'on porte en terre est un Juif égyptien. Une femme se lève pour l'éloge funèbre

Il était l'ami des princes et des rois. Mais il savait le plaisir des femmes. La pierre qu'il touchait devenait de feu...

Tobie Nathan nous conte dans ce roman l'histoire de cet homme Zohar Zohar doublement splendide, né dans le misérable quartier juif du vieux Caire 'Haret el-Yahoud qui avait commencé sa carrière comme ramasseur de mégots pour devenir le patron d'un établissement "la Compagnie de l'Eau Bleue" recevant le gratin du Caire et même le roi Farouk. 

L'histoire commence en janvier 1952 avec l'incendie du Caire et les émeutes qui ont précédé le coup d'état des Officiers Libres de Nasser, Sadate le 22 juillet 1952 

"La mère de toutes les nuits"




Zohar Zohar est pris en otage par les militaires qui s'attaquent aux Juifs après la défaite des Egyptiens contre les Israéliens, parmi les soldats un curieux homme blond à l'accent allemand. Dieter Boehm, ancien SS qui veut poursuivre la Solution Finale au Proche Orient. Dans le conte oriental débridé nous faisons connaissance avec ces anciens nazis cachés de la justice occidentale, et du Grand Mufti de Jérusalem qui a fait allégeance à Hitler dans sa lutte contre les Britannique. Sinistres personnages.




Conte oriental truculent avec tous ces Cairotes originaux, aux pratiques magiques, à la musique et aux danses venant du fond des siècles, magicienne chevauchant un buffle dans une folle procession de soutien à Zohar Zohar. Confrérie de Bab Zouweila - qui accepte aussi bien des Juifs que des Musulmans - les Belles Personnes - qui protègent Zohar et auxquelles Zohar sera fidèle jusqu'à sa mort.

Conte et roman historique qui se déroule ensuite à Paris, dans le Paris d'après Guerre, dans l'amitié et la fraternité de trois amis, un Juif lituanien, un résistant passé par la déportation et Zohar. Unis dans la vengeance contre les Nazis puis dans le commerce de la fourrure. Même quand l'action se déroule en Europe, le roman garde son style oriental par l'usage pittoresque de dictons égyptiens très imagés, titres et conclusion des différents chapitres. 

J'ai beaucoup aimé ce roman dans la même lignée de Ce Pays qui te Ressemble  qui met aussi en scène Zohar Zohar . Tobie Nathan excelle quand il évoque l'Egypte. 
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
Commenter  J’apprécie          40
Je termine à peine ma lecture de ce roman et la première chose qui me vient à l'esprit c'est « c'était un sacré bordel, mais j'ai adoré » . Alors voilà, c'était ma seconde lecture d'un roman de Tobie Nathan après Qui a tué Arlozoroff ? que j'avais lu en 2013, je ne regrette surtout pas de m'être dit « tiens j'avais bien aimé cet auteur, on va remettre le couvert » , mais je vais avoir beaucoup de mal à vous résumer ce livre qui, de la lecture que j'en ai eu, est parti dans tous les sens et m'a souvent perdu entre plusieurs époques et plusieurs personnages.

L'histoire débute dans l'Égypte d'après-guerre, ce qui m'a fait sourire parce qu'il y a deux ou trois livres j'étais dans les rues de Téhéran en 1953, et que là je me suis retrouvé dans les rues du Caire la même année. On y suit donc Zohar Zohar, dont le nom est le prénom, et dont je serai bien incapable de vous dire ce qu'il fait. Il est juif, et le régime égyptien est alors au bord d'un coup d'état orchestré par les Frères musulmans et quelques militaires appuyés par d'anciens nazis vaguement intégrés dans l'armée égyptienne. Ces allumés s'en prennent aux infidèles, aux juifs avant tout, surtout qu'ils ont pu profiter des largesses du roi Farouk dont le train de vie opulent ne plaie plus au peuple qui lutte pour sa survie.

On assiste à la chute de ce roi déchu, puis plus tard nous sommes à Paris aux côtés de nouveaux protagonistes, des survivants de l'holocauste qui sont assoiffés de vie et de vengeance. Il y a aura de l'amour, je devrais même dire des amours, plurielles, libres, complexes et fluctuantes. La soif de vengeance, d'éliminer ceux qui ont tué par millions, est là en toile de fond, mais ça n'est pas le roman d'une traque. Plus tard encore, on suivre François Zohar, diplomate français et fils du personnage principal fraîchement mis en terre. C'est en cherchant à connaître ce père qu'il n'a pas vraiment connu, qu'il découvrira la Société des belles personnes, que moi-même je n'ai pas vraiment trouvée.

C'est très étonnant, parce que le livre est superbement écrit et que, pour chaque morceau d'histoire, j'ai été happé par le rythme, le style, l'intrigue, mais j'ai été infichu de faire le lien entre tous les morceaux. Je suis peut-être passé à côté du livre, c'est d'ailleurs sûrement moi qui ai raté quelque chose, mais ça ne m'a pas empêché d'aimer ce que je lisais, et de passer un très bon moment de lecture. Un auteur que je continuerai à lire !
Commenter  J’apprécie          41
On retrouve Zohar Zohar qu'on avait laissé dans "Ce pays qui te ressemble" , il entame son exil et le raconte avec des aller-retours incessants dans cette Egypte de 1952. le coup d'Etat contre Farouk "ramolli de luxure" noie un peu trop le pauvre Zohar et certains passages sont quelque fois répétitifs. Mais les moments de grâce sont plus nombreux que les moments d'ennuis.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (295) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3195 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}