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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La Blessure est un livre de mémoire sur la Guerre d'Algérie.

A l'instar de la Seconde Guerre mondiale où il a fallu attendre plusieurs décennies avant que les langues se délient pour faire oeuvre de mémoire, ce n'est que depuis quelques années que le silence des familles se transforment en témoignages donnant aux écrivains des outils pour construire des romans sur la Guerre d'Algérie.

C'est ainsi que Jean-Baptiste Naudet s'empare de son histoire personnelle pour réparer les silences, les non dits sur la Guerre.

Pour sauver son fils ,Jean-Baptiste, qui sort d'un séjour en hôpital psychiatrique où il était soigné pour des troubles post traumatique de guerre, son père lui remet la correspondance que sa mère a eu avec son fiancé de l'époque pendant la guerre d'Algérie. Cet échange épistolaire l'aidera à comprendre sa blessure et les raisons qui le pousse à participer aux grands conflits de notre époque en tant que grand reporter.

C'est avec émotion que je referme ce roman qui nous fait réfléchir sur l'absurdité de la Guerre . Malgré l'atrocité des combats , les hommes continuent à se battre. Est-ce le propre de l'homme?

Merci Jean-Baptiste Naudet pour ce beau roman. Je lui souhaite un beau succès en librairie. Pour ma part, je le conseillerai vivement à tout mon entourage.
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« La guerre, c'est la vérité de l'homme mise à nu, dans toute son horreur, dans toute sa bassesse, toute sa grandeur, toute sa beauté. »


Danièle, la mère du narrateur perd la raison. Elle sombre dans une profonde dépression. Quand elle avait vingt ans, Robert, son fiancé est mort en Algérie lors de la guerre du même nom.
Des années plus tard, le narrateur, est lui-même reporter de guerre et en plein questionnement sur lui, son métier, ses choix…Il est hanté par le destin du fiancé de sa mère, jusqu'à s'identifier à lui.

Roman protéiforme, et à trois entrées, la blessure pose un regard général sur la guerre, son absurdité et ses horreurs.
La blessure, est également le magnifique portrait d'un jeune couple promis à un avenir heureux, deux jeunes gens amoureux dont la correspondance ici intégrée au roman montre la force et l'éclat d'un amour de jeunesse brisé lors d'un conflit qui les dépasse.

En outre, on y découvre comment Robert va "investir" ce conflit, on va appréhender son regard sur l'Algérie et ceux qu'il est sensé combattre. Robert, tout en étant un soldat loyal, a son propre ressenti, son humanité, et sa culpabilité à fleur de peau.

Enfin, ce roman est aussi le repositionnement d'un homme, le narrateur, qui au travers de cette correspondance découvre le parcours de sa mère, "son jardin secret", "sa blessure". Sans doute que cela lui permet de comprendre son choix que d'être reporter de guerre, "l'envie d'aller au casse-pipe"

De ce livre j'ai tout aimé ; la grandeur d'âme De Robert, la beauté presque candide mais si profonde des amours ente Robert et Danièle ; la mise à nu du narrateur qui cherche à comprendre autant la dépression de sa mère que son propre mal-être. La force de Danièle, qui même détruite saura à nouveau aimer et reconstruira une vie.

J'ai aimé la forme de ce roman : multiple, sur plusieurs plans ; tantôt sur le mode du "Je", tantôt sur le mode épistolaire et intime ou sur le mode plus journalistique.
Sans oublier cette plume précise, ciselée, qui sait se faire cruelle ou violente, et à contrario tendre et câline.
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Je suis tombée par pu hasard sur ce livre et je ne regrette pas ! Je n'en avais jamais entendu parler et je me demande «mais Pourquoi on en parle pas ??? » Peut être parce que dans ce livre, est retranscrit des détails tabous sur la guerre l'Algérie ? Soit. Je l'ai lu, l'ai dévoré. J'ai adoré. 😉 « La blessure » est en fait, plusieurs blessures.
Ce livre est touchant de par l humanité qui s'en reflète, de tout l'amour retranscrit à travers les lettres échangées entre Robert et Danielle, mais également l'amour qu'un fils porte à sa mère. ❤️ Ces 3 vies sacrifiées par l'horreur de cette guerre d'Algérie.... des vies bousculées, des esprits tourmentés. La guerre étant le fil rouge du récit, on ne parle pas seulement de ça. Mais de ce qu'il y a après. de ceux qui la subissent encore, dans leur tete, dans leur coeur.... 😔
Ce livre est dans la catégorie roman, mais en fait, c'est une histoire vraie. Elle a existé.
J'en ressors avec de l'émotion, de l'amour, du pardon, de la compassion et de nouvelles connaissances sur cette guerre. Je vous le conseille vivement. Se serait bien que ce récit soit plus connu. Il le mérite amplement !
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Ce n'est pas un roman de plus sur la guerre d'Algérie, c'est une introspection cruelle, une plongée dans l'âme humaine. "La blessure" se lit comme un polar mais on n'en ressort pas indemne.

Au départ, il y a ce jeune homme de vingt ans, Robert, mobilisé pour l'Algérie, fiancé à Danielle. En se quittant les amoureux promettent de s'écrire pour rester ensemble. Jusqu'au jour où Robert tombe dans le Djebel, fauché par un tir de chevrotines.

Danielle va sombrer dans la folie devant les yeux de son fils, Jean-Baptiste. Pendant des années, Jean-Baptiste devenu grand reporter de guerre va courir après la mort, au Kosovo, en Afghanistan, en Irak, il affronte ses traumatismes jusqu'à échouer à l'hôpital psychiatrique.

Alors il décide de commencer un carnet de reportage "sur moi-même " La nuit, écrit-il, je sens souvent deux yeux noirs, écarquillés de terreur, qui me fixent. Je suis dans un taxi dans le sud de la Serbie, on avait décidé de couper les lignes pour aller plus vite, mais le chauffeur devait emmener sa fille comme une sorte de garantie... Elle a 7ans. On se fait allumer à l'arme automatique, le chauffeur fait demi tour. On fait alors un long et très couteux détour. Au retour, le journal se plaint de ma note élevée de taxi !

Au long de sa quête, Jean-Baptiste a récupéré les lettres des fiancés , ces lettres le bouleversent, elles ont la même odeur de mort que ses cauchemars, comme s'il s'identifiait à Robert dans le Djebel quand ses hommes perdaient les pédales, "ceux que cette guerre des nerfs avait rendu fous, ceux qui ne disent même pas les felles, mais les crouilles, les melons, les bougnoules, ceux qui sont aveuglés par la peur et par la haine. Robert sait qu'il est impossible de les arrêter, ils lui tireraient dessus. Ils l'ont déjà fait."

La guerre fait plus que des morts.
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Ce roman m'a profondément bouleversée. Il s'agit d'un réquisitoire contre la guerre. L'incipit évoque une blessure, celle de la mort De Robert, jeune appelé durant la guerre d'Algérie. Celui-ci était le fiancé de la mère de l'auteur, Danièle. Une blessure qui se transforme en folie lorsque les souvenirs de sa mère sont insurmontables. Jean-Baptiste NAUDET subira cette blessure de plein fouet et partira sur des zones de guerre en reportage, frôlant la mort, narguant le danger, spectateur de tueries d'une sauvagerie inouïe. Il affrontera sa propre folie, interné à son tour pour affronter ses démons. Pour remonter le temps et comprendre l'origine de ce gâchis, l'auteur publie les lettres échangées entre sa mère et Robert. Pour une fois, le conflit algérien est vécu de l'intérieur, et donne la parole à un jeune appelé, sacrifié comme beaucoup d'autres dans une guerre absurde et perdue d'avance.
Cette écriture est lucide et émouvante. Dans ses lettres à Danièle, Robert s'interroge et ses doutes résonnent en chacun de nous. D'un côté, il déborde d'amour pour Danièle, un amour qui le fait tenir. Mais il fait aussi le douloureux constat qu'il est capable lui aussi de tuer par peur, par réflexe, pour sauver ses camarades. La guerre peut transformer chacun d'entre nous en tortionnaire ou une sorte de héros prêt à se sacrifier pour les autres.
Ce livre décrit beaucoup d'horreur de massacres, de sang... âmes sensibles : s'abstenir! Un texte remarquable qui résonnera longtemps en moi!
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Je sais que les barbaries guerrières engendrent de graves blessures. Alors, mes bleus à l'âme ont-elles ajouté aux émotions -belles ou tristes- qui m'ont submergées tout au long de ce « roman vrai » ?

A partir des correspondances retrouvées, se livrent non-dits et secrets que l'auteur va extirper pour comprendre enfin la maladie de sa mère, le silence d'un père dont les efforts ne parviennent pas à combler un certain mal-être et enfin pour mettre des mots sur ses propres maux.

Les mots percutent autant que les actions et exactions des troupes françaises. Jean-Baptiste Naudet n'y va pas de plume morte pour nommer ce qu'aujourd'hui encore, à tous les niveaux de la société, certains préfèrent toujours nommer « conflit » plutôt que « guerre ».
Au coeur de cette guerre d'Algérie, il livre avec détails les sévices et tortures auxquels se livraient les soldats français, certains à regrets, d'autres sans scrupule puisqu'il s'agissait d'hommes et de femmes au teint et à la culture différents, d'un peuple inférieur colonisé. Au nom de quoi ?

Puis, il confie l'enfer quotidien, celui d'une mère qui a fondé une famille sur les ruines d'un amour détruit. de cette famille, il est le fils. Ignorant les raisons de ce profond malaise maternel, il bâtit sa carrière sur les théâtres qui ont dévasté leur vie. Sommes-nous dans ce que la psychologie nomme « la reproduction du schéma parental » ?
Au fil des pages, j'ai pensé à Picasso et à Guernica, et j'ai retrouvé une phrase qui aurait pu, je pense, être la sienne. « La guerre, c'était une chose horrible, et pourtant sublime. Il me fallait y être à tout prix. Il faut avoir vu l'homme dans cet état déchaîné pour le connaître un peu. »
A partir de la trilogie « amour, folie, guerre », il compose une oeuvre grave et poignante qui pourtant n'a pas la lourdeur d'un requiem. Malgré les souffrances exprimées et violemment assénées, l'amour joue le personnage principal du roman.
Sur la forme, la plume du journaliste reporter de guerre se confond avec celle du poète. Alger la blanche sous une harmonie de couleurs fraîches et d'odeurs est autre. C'est l'Algérie de Camus dans le Premier homme qui s'invite, belle, accueillante même meurtrie, même dans « le merdier » dit-il. Il en est de même de Mostar et d'autres ailleurs où des pères de famille ou de jeunes gens plein d'espoir de le devenir sont morts pour leur patrie ou marqués à vie par la folie d'autres hommes.
Enfin, avant de lire les dernières pages, je pensais à certains lecteurs de la troisième génération -indigènes, harkis…, transplantés en France dans des conditions précaires, qui pourraient s'emparer des allégations de l'auteur pour apporter de l'eau au moulin de leurs vengeances. Mais avec panache, l'auteur s'excuse au nom du peuple français.
De forts sentiments exprimés par une écriture ciselée, et sincère.
Lien : https://mireille.brochotnean..
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Comment ne pas être bouleversé par une vie brisée en pleine jeunesse, au début d'une grande et belle histoire d'amour ?
Jean-Baptiste Naudet raconte le passé de sa famille, et plus particulièrement de sa mère Danièle pour comprendre la tristesse qui la conduit vers la folie.

A travers la correspondance amoureuse et badine de Danièle et Robert, son fiancé qui va trouver la mort lors de la guerre d'Algérie, nous découvrons une histoire d'amour prometteuse en tendresse et intellectuellement intéressante.

Parallèlement, Jean-Baptiste Naudet nous parle de sa profession de correspondant de guerre. Son âme déchirée par la douleur infinie de sa mère et le spectacle des conflits qu'il couvre le pousse à consommer drogues et alcool.

Ce livre est un vibrant plaidoyer contre la guerre et plus particulièrement celle d'Algérie.

Il y a de belles pages sur la mort au combat, sur la dignité du rebelle algérien

Un livre inoubliable.
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Très gros coup de coeur pour un roman remarquable, la Blessure de Jean Baptiste Naudet, c'est l'histoire vraie de trois destins, une histoire troublante, bouleversante et douloureuse à l'image de cette blessure qui terrassa une jeunesse en plein vol, à l'image de cette blessure qui foudroya un coeur à jamais inconsolable , à l'image de cette blessure inconsciente qui meurtrit une vie d'adulte.
Récit brûlant, déchirant, dédale de l'esprit en proie à des sources d'angoisses , où l'auteur se met en quête de ce qui l'a conduit à prendre autant de risques pour sa vie et son équilibre psychique.
Une écriture forte , belle , enveloppante, journalistique et néanmoins romanesque
Un roman délivrance pour l'auteur , un roman choral aux voix divergentes, mais aux voies convergentes en une seule voix celles des lettres chargées d'amour, de tendresse échangées entre Robert et Daniele qui conditionnèrent tout le reste .... Un récit dur et accablant sur les militaires , les ravages de la guerre, des propos saisissants de véracité, de lucidité.
Robert et Danièle sont très amoureux, ils ont la vie devant eux, quand éclatent "les événements d'Algérie". Ils doivent se marier à la fin du mois d'octobre. Robert est démobilisé, Danièle l'attend, ils s'étaient choisi une étoile dans le ciel où accrocher leurs pensées, ils s'échangent des lettres mélange de banalités, d'amour, de passion, comme si la guerre ne les avait pas séparé et que chaque feuillet les réunissait
Hélas Robert est fauché par une décharge de chevrotine, le 9 juin, il meurt à 20 ans, loin de celle qu'il l'aime, Danielle se mure dans le silence, épouse Gilles, un ami de son fiancé et donne naissance à trois enfants, dont Jean-Baptiste. Danièle est minée, rongée, détruite par un secret qu'elle garde enfuie au fond d'elle-même , Gilles la soutient autant qu'il peut , petit à petit s'étiole , quant à Jean-Baptiste, son fils il cherche la vie en frôlant la mort.
Une femme étreinte par le poids d'un deuil qu'elle n'a jamais voulu faire, sorte de déni, comme si ne pas le faire deuil, le maintiendrait vivant , sombrant petit à petit dans une folie grandissante et destructrice
Un magnifique roman à découvrir absolument
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La blessure de Jean-Baptiste Naudet
Un visage à peine sorti de l'enfance, un chapeau de brousse, dont les rebords sont relevés, par une lanière plate, une chemisette col ouvert sur un médaillon, à son épaule en bandoulière la crosse d'une arme automatique, que j'identifie comme un pistolet mitrailleur MAT 49. C'est ainsi que je vois sur l'étagère de notre petite bibliothèque de Campagne ce livre en couleur gris et orange : La Blessure de Jean-Baptiste Naudet. Nous sommes en 1960 le 9 juin il est 9 heures. le sergent Robert Sipière du 7e bataillon de chasseurs alpins, patrouille dans le djebel de Djurdjura en Grande Kabylie sur le sol Algérien. « Au détour d'un rocher, Sipière entend du bruit dans les broussailles. IL croit avoir vu bouger les branchages devant lui. le poison de l'adrénaline lui serre brutalement le coeur. Son doigt se pose sur la détente du PM. Trop tard, Sipière se mange en plein bide un coup de fusil de chasse du fellagha embusqué au milieu des fourrés. La décharge de chevrotine lui déchire le ventre, il pousse un cri sec. Renversé comme un fétu de paille, il est au tapis. Ça pisse sérieux du rouge, dehors et dedans, aussi. Est-ce parce qu'il s'est blessé la veille à la main qu'il n'a pas tiré assez vite ? Sa MAT49 arme de point des voltigeurs a craché à coup secs à vitesse supersonique à près de six-cent coups la minutes, un chargeur entier de 32 balles de 9mm parabellum. Un massacre à cette distance. le jeune fell, âgé de 15 ou 16 ans à peine est presque coupé en deux. Il tient ses tripes sanguinolentes dans ses mains. Son visage est tordu par la douleur, mais lui non plus ne crie pas. » A la radio le capitaine demande au QG un hélico pour une évacuation immédiate. Il est 12h25, le souffle des pales, le bourdon d'acier décolle ? le Sergent Robert Sipière sourit comme un enfant malade, il frisonne. « Nature berce-le chaudement, il a froid. Il est 12h30 le chasseur Alpin expire dans les airs. Adieu Robert, Adieu Mon vieux Robert. » C'est quelques phrases, je les écrits alors que brusquement mes yeux se mouillent et me revient en tête le poème le dormeur du Val, appris il y a bien longtemps en classe primaire. A Paris, la fiancée De Robert est dévastée. Danièle gardera toute sa vie ces lettres, que vous lirez vous aussi, avant qu'elle ne sombre dans la folie. Dès années plus tard, son fils Jean-Baptiste devient un reporter de guerre. Pourquoi ? Alors qu'il voit jour après jour sa mère décliner, affronte-t-il l'horreur des conflits dit actuels. A tant fixer la mort dans sa pellicule, la folie le guette à son tour. L'on dit maintenant qu'il souffrirait d'un syndrome post-traumatique. C'est en découvrant la correspondance de sa mère Danièle et de ce jeune sergent Robert Sipière, son premier fiancé, mobilisé en Algérie, qu'il comprend, qu'il est prisonnier d'un destin qui n'est pas le sien. Dans ce roman trois vies seront sacrifiées. Trois vies qui ne sont qu'une même blessure. Ce récit va beaucoup plus loin qu'une belle romance entre un sergent et sa fiancée. C'est aussi une mise à nu de la guerre d'Algérie, avec tout son cortège d'horreur commis de part et d'autre. Les descriptions que vous lirez sont insoutenables. C'est aussi une réflexion sur ces soldats français, envoyés dans leur jeunesse, sur un territoire qu'il ne connaissait pas quasiment la fleur au fusil. Qui vont devoir se battre, jour et nuit dans des conditions dantesques à la demande des autorités françaises, contre d'autres jeunes qui n'avaient qu'une volonté, celle de vivre dans leur pays. Au-delà de ce conflit, Jean-Baptiste Naudet, comme correspondant de guerre, nous fait vivre de l'intérieur les guerres des Balkans, de Yougoslavie, du Rwanda, du Cambodge, avec force détail, faisant osciller le bien et le mal. La guerre d'Algérie est toujours restée en mémoire de ceux qui ont été appelés à servir. Elle reste une plaie béante pour beaucoup d'anciens combattants, très souvent mutiques sur ce qui s'est passé là-bas. de par les lettres de Danièle et De Robert, bien que censurées par les autorités militaires, avant d'être délivrées à leur destinataire, le voile se déchire sur ces troupes de l'armée Française qui ont violé, tué, massacré torturé en toute impunité. Les faits dans les rapports étant toujours édulcorés. Robert lui parle à Danièle, de l'Algérie de sa culture, de ses paysages dignes du jardin d'Eden, noyés dans le carnage du sang. du dualisme de l'homme qui en raison des circonstances devient criminel alors qu'avant de partir il n'aurait pas fait mal à une mouche. de la dignité et l'honneur de ses hommes fiers et courageux qu'il devait combattre. du corps de ses femmes utilisés pour le repos du guerrier. de la jeunesse, de la vie de la liberté de ce peuple avant leur arrivée. « C'est la France qui, à ce moment-là, a tout sali, a sali aussi notre nom, qui est devenue hors-la-loi, et qui est à l'origine de l'abomination perpétrée. Nous sommes inéluctablement coupables, « écrit-il. En 2005 Jean-Baptiste Naudet, achète un cahier de brouillon « supérieur sur lequel dit-il j'écris Cahier de reportage sur moi-même. » Il part alors sur les traces de Robert Sipière, le premier fiancé de sa maman, ami de Gilles son père. Les parents de Robert Sipière sont morts, un demi-frère Jean-Paul Rond est retrouvé en Haute-Savoie. Dans cette quête, afin de chasser ses démons qui l'emmène vers la folie, chemin faisant, Jean-Benoit se souvient des paroles de feu Francis Deron, correspondant à Bangkok. « Tu sais quel est le seul bon reportage ? le seul bon reportage c'est celui dont on revient vivant. » A partir de cet instant dit-il « j'arrête mes conneries, d'accord maman, d'accord Francis et je sens que la Mort desserre son étau. » Ce roman se clôt sur une prochaine rencontre de Jean-Baptiste et de son père Gilles avec la famille du jeune fellagha qui a tué Robert et que Robert a tué. « Puisque la France ne s'excusait pas de ce qu'elle avait fait en Algérie, moi, j'irai là-bas leur présenter nos excuses » dit Jean-Baptiste. Alors mon père m'a dit : « Fils tu as raison, ta mère voulait que l'on s'excuse. Ta mère disait Algérie mon amour. Alors je viens avec toi en Kabylie. En attendant, voici ce livre comme une offrande, comme une supplique, comme un chant à la mort, à l'amour. Une étoile dans la nuit, une étoile qui n'a pas de nom mais une étoile qui ne parle que d'amour et qui ne doit pas mourir. » Robert Sipière ce n'est pas un fantôme, c'était un homme, juste un homme, un bel homme. le premier mai sur sa tombe Jean-Baptiste Naudet, dépose un bouquet de muguet et de bleuets et pleure, pleure. Adieu Robert. Adieu mon vieux Robert Sipière. « Ces temps ont connu et connaissent encore de si horribles, de si gigantesques massacres, qu'il est presque inconvenant de vouloir sauver de l'oubli la jeune vie perdue d'un ami allé en Algérie dans une injuste guerre », conclu Gilles Naudet, père de Jean-Baptiste. Voici ce livre pour que l'on nous comprenne, pour que l'on nous excuse, pour que l'on nous pardonne. Algérie, notre amour. » La blessure de Jean-Baptiste Naudet est un roman fait de lettres, de récits de combats, de questionnements, qui j'en suis persuadé, ne va pas vous laisser indifférent. Oh Barbara, quelle connerie la guerre ! Bien à vous.
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Attention âmes sensibles s'abstenir ! Voici un livre poignant, qui vous prend aux tripes.
Jean-Baptiste voit malgré lui sa mère plonger dans la folie. Il est irrésistiblement attiré par la guerre, il devient reporter de guerre. En parallèle de son récit, nous découvrons les lettres de deux jeunes fiancés, Danièle, étudiante à Paris, et Robert, parti faire la guerre contre son gré en Algérie.
A travers ce récit à trois voix le lecteur est confronté à la douleur, à l'inhumanité de la guerre, à la peur des soldats de devenir eux-mêmes inhumains, ainsi qu'à l'amour entre un fils et sa mère et entre deux fiancés séparés par une guerre absurde.
Voici un chef d'oeuvre, que j'ai lu à petites doses pour me protéger et savourer la beauté de l'écriture. Lisez-le, même si c'est dur, c'est nécessaire !
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