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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La guerre d'Algérie ?
Un tabou pour tous les appelés qui en reviennent ; c'est ce que ressent leur entourage proche.
Des jeunes gens de 20 ans qui n'ont pas demandé à y aller "pour défendre les intérêts du gouvernement Français" et qui reviennent le visage fermé et incapables de raconter ce qu'ils ont vécus ou faits.
Des familles des deux côtés de la méditerranée qui ont soufferts ou ont été dévastées.
Jean-Baptiste Naudet décrit bien dans son livre, avec des passages très durs et crus, les ravages de cette guerre ; on pourrait dire de toutes les guerres d'ailleurs car il sait de quoi il parle ayant été reporter dans plusieurs pays en guerre.
Dans ce roman il raconte un drame intime, la mort de Robert le premier amour de sa mère, à la guerre d'Algérie.
Celle-ci, quand ses souvenirs reviennent, s'enfonce de plus en plus dans la douleur devant un fils qui assiste impuissant à la déchéance de sa mère ne comprenant pas ce qui lui arrive.
Jean-Baptiste à son tour perd bien et se retrouve en Hôpital Psychiatrique quand son père, pour essayer de le sauver, lui confie la correspondance entre Robert et sa mère.
Après la lecture de leurs lettres il recherche et trouve le demi-frère De Robert à qui il se confie "Je lui raconte mon histoire, la quête de son frère, ma mère, sa folie, ma folie, l'amour, la mort et la guerre. C'était un peu confus parce que je ne comprend pas vraiment tout moi-même, encore aujourd'hui".
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1960 Danielle et Robert s'aiment quand survient la guerre d'Algérie et la mobilisation du sergent Robert S.....Avant le départ , défiant les conventions mais laissant parler le coeur, ils "le font", une fois,une merveilleuse fois...Et c'est la séparation. ..
S'instaure alors entre eux une belle et émouvante
correspondance, touchante, belle, pudique, enjouée ou de plus en plus mélancolique au fur et à mesure que le temps passe, que les événements se succèdent, que les horreurs minent le moral.
Et puis, il y a la description de cette guerre qui ne voulait pas dire son nom, cette guerre qui allait faucher des jeunes dont la seule aspiration était de vivre. Attention, âmes sensibles, l'atrocité fait "dégueuler","chier" dans leur froc ces jeunes bleus qui ont si peur de mourir dans des décors de rêve .
L'histoire de Danielle et Robert survivra-t-elle à ces atrocités ?
Jean -Baptiste, lui, vivra plus tard, dans l'ombre De Robert. Reporter de guerre, il sillonne le monde en quête d'informations mais ne pourra jamais échapper aux démons qui l'assaillent,l l'alcool, la drogue et la folie...
C'est l'âme humaine qui est "décortiquée " dans ce roman. Incapable de "voir plus loin que leur bout de leur nez", c'est "la fleur au fusil" que les jeunes se précipitent, au nom de "la défense de la patrie"aux mains des politiques.....
Au delà du conflit en Algérie, ce sont tous les conflits du monde qui sont " montrés du doigt".
Quand donc l'homme civilisé ne se contentera-til plus du tant prononcé ,"quelle connerie,la guerre" ?
C'est un beau roman qui se lit vite tant sont belles les lettres d'amour échangées entre ces deux extraordinaires personnages.Les mots y traduisent une foi touchante en la vie à deux....
Certes, les descriptions des combats, des embuscades, des exactions sont cruelles, dures.Mais si, à force de ne pas vouloir les lire, on les occultait de nos mémoires?
J'aurais aimé pour ce livre une couverture plus émouvante, plus forte, plus belle, comme l'histoire, plus incitative pour le message. Je ne l'aime pas, elle condamne ce livre remarquable.
A défaut de jeter votre dévolu sur ce livre, feuilletez- le chez votre libraire. Ce pourrait bien être plus qu'une simple découverte.
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Coup de coeur !
09 juin 1960. Algérie. Je meurs de la blessure d'être sans toi. Tu crèves d'une brûlure qui est en moi.
Un livre à fragmentations d'étoiles. Des éclats d'amour, des échardes létales. L'onde d'un choc. Un terrible piège mental.
Quelle connerie la guerre. Quels effroyables crimes.
Quelle force l'amour ! Et quels incroyables possibles!
Vient le temps de refermer les plaies, de remonter le fil d'une histoire saccagée.
Des lettres retrouvées qi forment un recueil d'une juste et très profonde humanité.
Un livre touchant et bouleversant, Jean- Baptiste Naudet nous permet de comprendre un peu mieux ce que " reporter de guerre" signifie.
Opération Furet du Nord. Club des lecteurs - Rentrée littéraire 2018.
Astrid Shriqui Garain
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Les blessures causées par les guerres ne guérissent pas avec l'arrêt de celles-ci.
Jean-Baptiste Naudet, l'auteur, en sais quelque-chose lui qui à parcouru les différents conflits ayant jalonné le globe à la fin du 20e siècle et début du millénaire.
Les couvrant en tant que journaliste, reporter de guerre « jouant » à raconter les dégâts collatéraux et risquant sa vie au plus proche de la mort, là, où et quand, personne n'écoute plus.
Mais ce livre est plus intime car il s'agit en substance du drame vécu par sa mère avant même qu'il soit né.
Drame qu'il a assumé sans même le connaître ou que tard dans sa vie, tout du moins, s'agissant de le comprendre.
Il nous rapporte entre autre, les échanges épistolaires de sa mère, Danielle et de son premier amour, le sergent Robert Sipière, appelé en Algérie pendant les « événements » débutés en 1954.
Il sont alors tous les deux jeunes et follement amoureux, la guerre les sépare physiquement mais allume cette étoile en eux. L'étoile s'éteindra à la mort De Robert un dimanche de 1960.
Danielle ne s'en remettra jamais et plongera inexorablement dans un deuil sans fin et où la folie devient un rempart contre l'oubli de cet amour premier et véritable.
La répétition du fait de ne pas s'appartenir semble guider cet auteur tout du long de sa vie de journaliste, comme le sergent Sipière, mélangés entre dégoût et attraction pour la guerre.
Il y a aussi l'Algérie, belle parmi les belles, témoin malgré elle de la folie des hommes.
Un livre comme aboutissement d'une résilience empreinte de la tragédie et du traumatisme familial qui touche les générations suivantes.
Sensible témoignage sur ces « événements » dont l'incidence, les conséquences ainsi que les réponses ou non-dits rejaillissent peut-être aujourd'hui sur notre société qui semble avoir voulu lâchement oublier.
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Un livre empli de violence.
Celle de la guerre d'Algérie vécue par un jeune appelé pour "nettoyer" la Kabylie.
Celle de toutes les guerres couvertes par le narrateur devenu reporter dans les pays en feu.
Celle de la folie qui emporte la mère et que le fils adolescent ne comprend pas, ne supporte plus.
Il faut l'exorciser cette violence, la vivre avec son corps et sa rage, jusqu'à la folie.
Les exactions, les scènes de torture en Algérie ne nous sont pas épargnées.
L'auteur restitue au plus près ce qu'a vécu le jeune Robert en 1960 et ce qu'il a lui-même choisi de vivre.
Deux hommes, deux périodes de l'Histoire.
Et entre elles, les lettres De Robert à sa fiancée, les réponses de Danielle. L'amour qui les unit : si beau, si doux.
La poésie aussi : Rimbaud et une chanson de Barbara.
"Quelle connerie la guerre ".
Jean-Baptiste Nadaud n'épargne ni l'Etat Major, ni les politiques colonialistes, ni les corrompus de tous bords.

Ce livre "comme une offrande, comme une supplique, comme un chant à la mort, à l'amour" se termine par une page écrite par Gilles Nadaud, l'amoureux fou de Danielle, le père du narrateur, le gardien de la mémoire .
Et là, j'ai fondu en larmes.
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C'est un récit autobiographique que nous livre ici Jean-Baptiste Naudet. Robert, le fiancé de sa mère Danielle est mort en Algérie en 1960 trois mois avant son retour, à l'âge de vingt ans. La date du mariage De Robert et Danielle était fixée... Vingt ans plus tard, mariée avec Gilles, le meilleur ami De Robert, mère de trois enfants, Danielle sombre dans la dépression et la folie. Personne ne sait pourquoi, Gilles ne comprend rien, Jean-Baptiste adolescent est désespéré de voir sa mère dans cet état....

Jean-Baptiste va devenir grand reporter de guerre et côtoyer la mort dans différentes zones de guerre en Afghanistan, en Bosnie, au Kosovo... Victime de stress post-traumatique il recherche les origines de son cheminement et réalise qu'il s'est inconsciemment identifié à Robert dont il a longtemps ignoré l'histoire. Il va alors reconstituer l'histoire De Robert et prendre connaissance des lettres que les deux fiancés ont échangées de février à juin 1960, date de la mort au combat De Robert en Kabylie. Des lettres dans lesquelles Robert confie tout à Danielle, le départ la fleur au fusil, le voyage en bateau à partir de Marseille, l'arrivée en Algérie, la première attaque, les opérations de "nettoyage", les soldats qui perdent les pédales, les exactions commises de part et d'autre, la torture dans cette "pacification " aux allures d'extermination... Des lettres dans lesquelles transparaissent l'amour de ces deux jeunes gens et leur confiance en leur avenir commun.

" La guerre, ce n'est pas seulement la "drogue du combat", cette addiction aux sensations fortes, cette soif d'action qui l'emporte sur la peur, ce concours idiot de machisme. C'est surtout une irremplaçable intensité des rapports humains, portés à leur incandescence."

Les histoires De Robert, Danielle et Jean-Baptiste sont entrelacées tout au long de ce récit très puissant. Jean-Baptiste nous apporte son regard particulièrement affûté de reporter de guerre pour nous immerger dans les horreurs des conflits avec des scènes très réalistes, très dures. Il nous fait ressentir la peur que le soldat a de prendre goût à la violence, de se laisser griser par les salves des mitraillettes. La crainte de se durcir, de se laisser séduire par le côté cow-boys de la guerre est la même pour Robert et pour lui, le combat qu'ils livrent contre eux-mêmes pour ne pas devenir des monstres est identique. le contraste est saisissant entre les passages sur les combats et les très belles lettres d'amour De Robert et de Danielle dont l'auteur a eu la bonne idée de parsemer son récit. Ce roman empreint de rage donne une impression d'urgence, il évoque des destins tragiques, il raconte le lourd héritage pour Jean-Baptiste qu'aura été l'histoire de sa mère, le poids qu'aura été pour lui ce secret de famille. Il est aussi beaucoup question de culpabilité dans ce récit, culpabilité de Danielle envers le peuple algérien, culpabilité de Gilles envers son ami...
Ce roman est une sorte de cri qui, je l'espère, permettra à l'auteur d'accéder à la résilience, de se délivrer de ce passé qui l'obsède. J'ai eu l'occasion de l'entendre parler de son livre à Nancy et ai été impressionnée par l'émotion qui l'étreint encore quand il parle de son histoire familiale.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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La blessure, de Jean-Baptiste Naudet, c'est le roman de trois vies qui n'en font qu'une, de tant de guerres multiples et cependant uniques, un roman de mort, d'amour, de vie.
Année 80, la mère de l'auteur, la douce Danielle, sombre dans la folie, un chagrin, une culpabilité, la rongent et la détruisent peu à peu. Son mari, Gilles, n'aura d'autre issue que de la placer en hôpital psychiatrique, pour sauver son fils de cette relation destructrice, intime, douloureuse. Mais pourquoi cette folie précisément à ce moment de sa vie, pour cette femme mariée qui a élevé ses trois enfants ?
En 1960, Robert l'alpiniste est en Grande Kabylie, en Algérie, impliqué dans cette guerre, qui fera tant de morts inutiles. Entre Danielle et Robert, c'est l'amour fou, celui des étoiles qui brillent la nuit, celui d'un avenir serein à deux, celui de la douceur et du bonheur. Alors Danielle attend le retour du conscrit qui se bat et s'efforce de rester un Homme sur ces terres de l'AFN (Afrique Française du Nord). Attendre et s'écrire, souvent, des mots d'amour et de vie, d'espoir et de projets, de caresses et de baisers tendres… Mais Robert ne rentrera pas, Robert est mort là-bas comme tant d'autres jeunes hommes de vingt ans à peine.
Et Jean-Baptiste, qui ne sait pas va vivre des années de douleurs, à se chercher, à tenter de comprendre qui il est. Reporter de guerre, il part sur les fronts les plus sanglants, les plus dangereux, pour affronter sa propre mort. Avant de comprendre enfin que c'est la mort d'un autre qu'il a inconsciemment endossée, recherchée, espérée.
A travers les mots De Robert, si puissants dans leur humanité et qui montrent son désir profond de rester un homme droit, humain, mais aussi à travers son expérience de journaliste, l'auteur parle de la guerre dans ce qu'elle a de plus absurde, de plus violent, de plus inhumain, de plus stupide.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/09/01/la-blessure-jean-baptiste-naudet/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Difficile de ne pas être bouleversé par cette lecture. Par les images de guerre tout d'abord, terribles, choquantes, plongeant le lecteur dans une réalité dérangeante, que ce soit dans l'évocation de ce que vit Robert, jeune appelé de 20 ans, quelque part en Kabylie, envoyé là comme beaucoup d'autres pour le « maintien de l'ordre » lors des « événements » d'Afrique française du Nord, ou à travers les souvenirs de Jean-Baptiste qui a couvert en tant que reporter les conflits les plus terribles de la planète.

Mais également en découvrant les lettres que s'écrivent Robert et sa fiancée Danielle, des missives émouvantes, poétiques, voire lyriques, pleines d'espoir et d'amour, mais aussi de peur, de doutes, Robert ayant l'intuition qu'il ne sortira pas vivant de l'enfer de cette guerre qui ne dit pas son nom, qu'il ne comprend pas, persuadé d'être un intrus qui affronte ceux qui défendent la cause la plus juste.

Les allers-retours sont fréquents dans l'espace et le temps, le récit débutant à Fontainebleau des années après la mort du jeune Robert. Danielle, qui a cru pouvoir oublier son premier amour et refaire sa vie avec Gilles, l'ami fidèle, l'épaule sur laquelle elle a pu s'appuyer pour fonder une famille dont fait partie Jean-Baptiste, est rattrapée par son passé et sombre dans une profonde dépression. Elément à l'origine - peut-être – du choix de son fils, apprenant l'existence de ce fiancé tragiquement disparu, de parcourir de façon addictive, presque maladive, les endroits les plus dangereux pour un journaliste, l'amenant lui-même aux limites psychologiques du supportable.

Un texte d'une grande puissance émotionnelle, dans lequel on ressent la nécessité pour l'auteur de mettre sous forme de phrases cette histoire familiale, comme une sorte de thérapie, et son besoin de dénoncer en son nom, celui de sa mère, de son père, sans oublier Robert, l'absurdité de la guerre qui les a meurtris, de la guerre en général et de la folie des hommes qui la provoque, et de rendre hommage à Danielle en citant Prévert : « Quelle connerie la guerre ! »

Difficile de ne pas être bouleversé par cette lecture, avec comme le sentiment troublant de s'immiscer dans l'intimité de personnes dont les mots étaient uniquement destinés à l'être aimé.
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Jean-Baptiste Naudet est reporter de guerre , il a vécu l'horreur de la guerre au Kosovo , en Bosnie , en Afghanistan ou en Iraq , à tel point qu'il en garde un traumatisme .
Tout comme sa mère , qui sombre d'une façon inexplicable dans la folie . Elle aussi a vécu un conflit , par procuration certes : en 1960 , elle a échangé des lettres pendant un semestre avec Robert , son amant d'une seule fois , engagé malgré lui dans la guerre d'Algérie . On retrouve cet échange épistolaire dans ce roman , mot pour mot .
Nourri de Baudelaire , de Victor Hugo , de Rimbaud et de chansons de Barbara , Robert vit mal les exactions , les viols , l'incendie des maisons des Algériens et la torture , appliquée sans discernement . Il raconte toute cette horreur dans ses lettres . Danièle , la mère de l'auteur , n'en est pas sortie indemne , d'autant plus que Robert est tué au cours d'une mission par un jeune fellagha . C'est l'amour de sa vie qu'elle perd pour toujours .
En définitive , Danièle épouse le meilleur ami De Robert , Gilles , il est en quelque sorte le père de substitution de l'auteur .
Ce roman nous plonge dans les tréfonds de l'âme humaine , il nous fait toucher du doigt l'horreur de la guerre , surtout celle du colonialisme , il condamne l'oppression d'un peuple qui aspire à son indépendance .
Quand donc ces guerres et ces massacres d'innocents cesseront-ils ? Peut-être jamais , car la guerre a aussi à voir avec l'économie : les ventes d'armes sont une source inépuisable de revenus pour les nations qui vivent en paix .
J'ai vraiment beaucoup apprécié ce roman qui raconte une période que nous connaissons mal et une guerre dont personne ne veut parler , certainement à cause de la honte qu'elle représente .
Peut-on vraiment obtenir le pardon pour tous les crimes que notre armée a perpétrés ?
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Il n'est rien de plus difficile que d'oser mettre des mots sur des années de silence entretenu avec soin, rien de plus difficile que d'oser rouvrir des blessures pour en faire sortir des larmes de douleur et de sang, que d'oser en creuser le sillon pour en expulser l'infectieuse amertume qui tue ceux qui les portent. C'est pourtant ce que fait Jean-Baptiste Naudet, dans ce roman qui tient plus du témoignage admirablement organisé en échos successifs, avec une sensibilité et une délicatesse qui n'ont d'égales que la force et le courage qui les accompagnent.
« La blessure », bien sûr, c'est celle de sa mère, portée douloureusement et jusqu'à la folie comme le seul enfant qu'elle aurait jamais de ce beau fiancé arraché à ses bras et à la vie par une guerre qui n'a longtemps pas eu le courage de dire son nom. C'est aussi celle que son grand taiseux de père endossera comme un fardeau choisi, accepté en cadeau de noces par celui qui, par amour, endurera de n'être jamais que celui d'après, celui qui n'est pas parti là-bas avec les autres, ceux qui ne sont pas revenus. C'est celle, violente, physique, cruelle, qui mettra fin à la vie De Robert quelques mois avant le retour espéré de cette guerre qu'il n'a pas comprise, qui n'était pas la sienne, lui, l'homme de paix, l'homme d'esprit, l'homme de vie, mais qu'il a faite au mieux, au moins pire, en s'efforçant de lutter contre cette force barbare qu'il sentait possible en lui comme en tant d'autres.
« La blessure », enfin, c'est celle de Jean-Baptiste lui-même, atteint par-delà les silences par cette force impérieuse et mystérieuse qui fait que, malgré soi, on réécrit l'histoire quand elle n'a pas tout dit. Devenu reporter de guerre, il découvrira, comme Robert avant lui, dans une sorte d'effroyable vertige, que l'on peut se laisser prendre aux pièges (aux charmes ?) de cette violence légalisée et justifiée et cette découverte le mènera, à son tour, au vacillement de la raison.
D'une guerre l'autre, d'une connerie l'autre, d'une blessure l'autre, Jean-Baptiste Naudet nous donne à entendre, à lire, à sentir les échos jamais éteints des déflagrations guerrières dans une vie d'homme, de femme. Néanmoins, par la réflexion philosophique qu'il prête à Robert au regard de sa correspondance, par son propre cheminement de pensée, par les quelques mots de son père qui clôturent son récit, c'est plus à la méditation qu'à la vengeance que nous invite l'auteur, c'est l'émotion qui l'emporte sur l'horreur, l'humain sur le barbare, dans ce très beau texte d'un reporter de guerre devenu romancier de paix.


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