Je n'avais jamais lu de livres d'Irène Némirosky et je me suis fixée sur «
le bal » après la lecture du billet de Berni_29 que je remercie pour m'avoir donné l'impulsion qui me manquait.
«
le bal » est une nouvelle marquante. En une petite centaine de pages, Irène Némirosky décrit les tourments de l'adolescence et nous livre un récit percutant, dérangeant et presque malsain sur les relations très tendues entre une mère et sa fille. C'est donc un roman d'ambiance servi par des personnages peu sympathiques.
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Paris 1928
Les Kampf, nouveaux riches, décident d'organiser un bal pour montrer au beau monde leur richesse et asseoir leur nouvelle position sociale dans l'élite de la société.
Leur fille Antoinette, âgée de 14 ans, se fait une joie d'assister à son premier bal, mais Mme Kampf brise ses rêves romantiques en lui interdisant d'assister au bal et la bannit dans la buanderie.
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La tension monte entre la mère et sa fille, le malaise nous enveloppe. La violence psychologique est marquante.
Face à la froideur et le narcissisme de sa mère, la jeune fille décide de se venger.
« Une espèce de vertige s'empara d'elle, un besoin sauvage de bravade et de mal. »
Le dénouement est brillant et m'a totalement surprise.
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L'écriture d'Irène Némirosky saisit avec une rare justesse les émotions et les sentiments des
deux femmes.
Mme Kampf, ambitieuse, superficielle, égoïste et vaniteuse, veut vivre d'artifices. Elle est obsédée par l'argent, la position sociale et sa beauté qui s'envole avec l'âge.
« Comme il fallait se hâter de vivre, mon Dieu, de plaire aux hommes, d'aimer… L'argent, les belles toilettes et les belles voitures, à quoi bon tout cela s'il n'y avait pas un homme dans la vie, un beau, un jeune amant ?… »
Antoinette submergée par un sentiment de révolte, de haine, de jalousie.
Le désespoir d'être refoulée loin de la fête, l'envie de briller, d'attirer les regards, mais aussi la jubilation d'avoir sa vengeance.
« Elle marchait vers le salon, comme un assassin novice qu'attire le lieu de son crime. »
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Pour conclure, j'ai aimé cette ambiance qui s'alourdit au fil des pages, l'écriture toute en nuance de l'auteure. On ressent comme une souffrance teintée d'amertume qui se diffuse et qui nous prend pour ne pas nous lâcher, jusqu'au dénouement qui m'a laissée une impression troublante et pathétique.
Deux papillons attirés par la lumière, jusqu'à se brûler les ailes…
« Et maintenant, c'était la dernière chance, les dernières années avant la vieillesse, la vraie, sans remèdes, l'irréparable… Elle ferma les yeux, imagina de jeunes lèvres, un regard avide et tendre, chargé de désirs… »