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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Offert par une amie de fac, en juin 1988- Paris- FNAC des Halles- Redécouverte décembre 2023


Lecture interpellante, brillante et acide !

Lu de nombreux textes de cette grande Dame des Lettres, tragiquement disparue en 1942....Lectures lointaines, étant restées vives dans mon souvenir...dont " le Bal" et " David Golder", etc.

En cette fin d'année 2023, entrepris une nouvelle fois des grands tris dans mon envahissante bibliothèque, afin d'offrir des compléments de surprises aux amis...

J'ai ainsi retrouvé, à ma grande honte, ce " petit délaissé ", qu'une amie d'université m'avait offert en 1988 !!

J'ai lu rapidement ce roman dont le style et l'esprit très mordant m'ont saisie...et laissée dans une certaine perplexité !

Et surtout, ce qui m'a vraiment interpellé c'est l'esprit cruellement incisif et polémique, frisant parfois la
" Caricature " lorsqu'elle parle de ses origines juives, dont elle peint quasiment au vitriol les comportements excessifs
de " sa race "... Troublant !

Ce qui était déjà très présent dans " David Golder" (*** choix significatif du patronyme, avec l'inclusion du mot " Gold / Or )

"Mais chacun , sans doute, porte en soi des rêves aussi insensés. Ou, peut-être, les Juifs seulement sont ainsi ? Nous sommes une race avide, affamée depuis si longtemps que la réalité ne suffit pas à nous nourrir.Il nous faut encore l'impossible. "

Roman qui parle des horreurs des ghettos, puis des pogroms, en Ukraine...Deux pauvres petits cousins, Ada et Ben, appartiennent à une célèbre famille: la famille Sinner; eux font partie de la branche pauvre et malchanceuse; un jour où désespérés, sans abri, affamés, les deux gamins se retrouvent à frapper la porte de l'autre partie de la famille ; la célèbre et la richissime, vivant sur les hauteurs de la ville, comme inacessible, où vit confortablement un autre cousin de leur âge : Harry...Cette confrontation de mondes diamétralement opposés va représenter le Choc absolu dans la tête de la petite Ada, sous le charme de ce petit cousin...vivant comme sur une planète étrangère...!

Un attachement indéfectible, absolu est né dans le coeur de la petite Ada....Cela va impacter désormais toute sa vie...
de multiples rebondissements amèneront Ada à recroiser, plus grande, ce cousin vénéré...Comme une Histoire d'Amour impossible...qui aura une brève chance...

Avec cette dichotomie entre les " bons Juifs", idéalistes, avec de nombreux talents artistiques, spirituels et les autres " Juifs", caricatures vivantes, cupides, prêts à tout pour réussir et survivre, cruels même avec leur parentèle pauvre !

Un roman - coup de poing, au contenu tranchant, à l' ironie grinçante, qui frappe là où ça fait le plus mal...

Lecture marquante , d'une acuité saisissante...qui interroge en profondeur...tous les racismes basiques et les images préconçues qui stigmatisent des groupes d'individus...mais aussi, ce qui est moins fréquent, c'est qu' Irène Nemirovsky analyse avec subtilité les ambivalences de ce même groupe discriminé envers les plus faibles d'entre eux...

Ce roman est comme une magnifique gravure sur bois, avec son relief âpre et contrasté.

Irène Nemirovsky décrit, revient en détails sur toutes les discriminations infligées aux Juifs, que cela soit sous le régime tsariste, ou après !!

"Ils avaient choisi ce quartier à cause de l'air pur que l'on y respirait, mais surtout parce que, en Russie, au commencement de ce siècle, sous le règne de Nicolas II, les Juifs n'étaient tolérés que dans certaines cités, dans certaines rues, et même, parfois d'un seul côté d'une rue, tandis que l'autre leur était interdit. "

Sur ce retour enthousiaste à l'oeuvre de cette brillante auteure, j'ai passé commande en livre de poche de son célèbre texte autobiographique, sauvé par une de ses filles, publié six décennies, après sa mort...Je voulais nommer " Suite Française "...




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" Elle l'interrompit violemment:
- Tu disais tout à l'heure que vous vous ressembliez!
- Comme le chien et le loup se ressemblent , fit-il en haussant les épaules."

Elle, c'est Ada, une jeune juive immigrée à Paris, après la Révolution d'octobre, peintre passionnée, fantasque, solitaire. Il, c'est Ben, son cousin qu'elle a épousé pour échapper comme lui à un destin désespérant. Et le troisième personnage évoqué est Harry, un lointain cousin riche, qu'elle a aimé passionnément , de loin, en rêve, dès sa plus tendre enfance à Kiev, vivant lui aussi maintenant dans la capitale française, au sein des beaux quartiers.

Ce triangle amoureux pourrait sembler banal, mais on se doute que sous la plume sensitive, minutieuse, acérée aussi de l'auteure, il va prendre une autre envergure, bien plus riche.

Irène Némirovsky sait comme personne restituer une ambiance, une époque. le Paris des années 20 et 30, au sein de la communauté juive, rappelle son propre passė. Elle fait preuve d'une lucidité extrême en ce qui concerne l'exil douloureux, l'impression d'être à jamais apatride, tout en égratignant au passage les travers des siens. Elle croque de façon saisissante les portraits de ses protagonistes, ils s'animent sous nos yeux.

Mais c'est le personnage complexe et attachant d'Ada qui a retenu surtout mon attention: réservée et entière, rêveuse et acharnée, elle reste elle-même, malgré les obstacles, les désirs fous. On la suit depuis ses jeunes années aux confins du ghetto pauvre de Kiev jusqu'à son arrivée à Paris, puis sa fuite ailleurs...

" Elle compta sur ses doigts , comme un enfant dénombre ses richesses: la peinture, le petit, le courage: avec cela, on peut vivre. On peut très bien vivre".

Ada la battante, Ada l'âme magnifique.


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On ne peut ignorer un titre comme Les Chiens et les Loups et passer son chemin.
Encore une histoire d'exil et de coeurs brisés. Une petite fille Ada nous introduit dans sa famille, dans son monde. Et tout comme Liesel dans La Voleuse de livres, Ada nous fait partager des moments de douceur et de peine aussi.
Une panoplie de personnages l'entoure et seul un rêve empli de couleurs ses jours. le cri lancé par la jeune femme à la page 140 ne peut qu'emouvoir toutes les femmes du monde, celles qui ont prié pour l'amour d'un homme, celles qui ont gardé le fol espoir jusqu'aubout, celles qui ont rêvé si fort et si longtemps.
Magnifiques, les mots d'Iréne Némirovsky. Ils débordent de joie, de tristesse et d'amour et de bien d'autres sensations. Une histoire si émouvante.
Il faut découvrir Ada ne serait-ce que le temps d'une tasse de thé.
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Les Chiens et les Loups
Irène Némirovsky (1903-1942)
Prix Renaudot 2004 (posthume)
L'action de se roman débute dans la ville ukrainienne de Kiev, berceau de famille de la famille Sinner. Dans la ville basse vivent les Juifs « infréquentables » c'est à dire les petits artisans et commerçants ne parlant que le yiddish. Dans la ville haute vivent les hauts fonctionnaires et les nantis. Entre les deux, on trouve une bourgeoisie russe, polonaise et juive : les intermédiaires.
le père d'Ada, fille unique, Israël Sinner fait partie de cette confrérie des intermédiaires. Il achète et revend. La mère d'Ada est morte et oubliée de la famille comme si elle n'avait jamais existé.
Arrivent un jour au pauvre domicile d'Israël Sinner sa belle-soeur Rhaïssa , veuve d'un imprimeur, avec ses deux enfants, Ben et Lilla, qui fuient les persécutions. Ce n'est pas une arrivée souhaitée vu les conditions de vie difficiles dans ce domicile sombre et inhospitalier. Une employée assure la tenue du ménage : c'est Nastasia une messaline qui reçoit ses amants à la dérobée. Au rez de chaussée se trouve la boutique de bijouterie du grand-père maternel d'Ada, Ezekiel Lvovitch .
Ada qui a alors sept ans a pris l'habitude le dimanche de sortir avec sa cousine Lilla, plus âgée qu'elle. Lilla court déjà les garçons et l'échange de billets doux et de tendres regards n'échappent pas à Ada qui fait ainsi son éducation. Les premiers baisers de Lilla avec ses conquêtes émeuvent profondément Ada. Au cours de ses promenades avec Lilla, Ada découvre la demeure stylée de l'autre famille Sinner, les nantis. C'est là qu'habite Harry, un cousin éloigné dont elle a entendu parler mais qu'elle ne connaît pas.
Lors d'une fête elle voit Harry pour la première fois, un garçon de treize ans qui l'impressionne et la fait rêver.
Survient en mai 1914 une période de terribles pogromes qui contraint les familles juives à s'exiler : les Sinner partent pour Paris. Cependant Israël reste à Kiev et envoie une pension aux enfants qui sont partis avec Rhaïssa. La famille s'installe avec Mme Mimi, une française qui donnait des cours de français aux enfants à Kiev ; elle facilite leur installation. Lilla qui a grandi s'active en femme nue dans le music-hall, Ben fait le livreur, et Ada qui à dix sept ans est devenue une jeune fille au caractère bien trempé, fantasque et solitaire, et les relations avec la tante Rhaïssa sont mouvementées.
Ada découvre un peu plus tard que Ben est amoureux d'elle. Bien qu'elle n'éprouve rien pour lui, elle accepte un mariage qui lui perme d'échapper à sa tante.
La famille d'Harry, lequel a maintenant vingt et un ans, est aussi à présent installée à Paris. Sa mère est désespérée car il fréquente une certaine Laurence Delarcher, dix huit ans, fille de banquier, mais catholique. Les deux banques Delarcher et Sinner entretiennent de bons rapports mais de là à penser à un mariage, il y a un pas qu'aucune n'envisage de franchir. Les Sinner restent des « étrangers » et les Delarcher sont des goïs. Mais l'amour sera le plus fort et les parents consentiront au mariage au bout de deux années de lutte des deux jeunes.
Lilla qui a fait une connaissance argentée fait profiter Ada, qui a maintenant vingt ans et travaille dur, et Ben qui se déplace beaucoup pour son travail, de cette aubaine. Cette opportunité va être à l'origine d'un stratagème de la part d'Ada pour attirer l'attention de Harry, sachant bien qu'il est lié à Laurence qu'elle ne connaît pas encore. Trois années passent. Ada se livre à fond dans sa passion, la peinture, et ce penchant va être lui aussi déterminant pour conquérir Harry auquel elle n'a jamais renoncé malgré son mariage à elle et celui de Harry.
La suite va voir des vies bouleversées avec les disputes, les reproches, les regrets pour que puisse triompher un amour insensé. Et Ada, toujours dans son rêve et son désir se confie à Harry avant qu'un destin funeste ne fasse son oeuvre :
« J'ai vécu sans te voir et presque sans te connaître, et tu étais à moi comme maintenant. Moi, qui redoute sans cesse le malheur, je ne crains pas de te perdre. Tu peux m'oublier, m'abandonner, me quitter, tu seras toujours à moi et uniquement à moi. Je t'ai inventé, mon amour. Tu es beaucoup plus que mon amant. Tu es ma création. C'est pour cela que tu m'appartiens presque malgré toi. »
Un très beau roman sans doute largement lié à la vie personnelle de l'auteure qui, issue de la bourgeoisie ukrainienne de Kiev a connu la douleur de l'exil et la révolution d'Octobre, avant de trouver refuge en France. Elle fut arrêtée en 1942 et déportée pour mourir à Auschwitz la même année à l'âge de trente-neuf ans.
Un texte bouleversant d'Irène Némirovsky sur l'enfance et l'innocence perdues, l'exil douloureux et les travers des siens, qui restitue bien une époque se situant de 1920 à 1930 au sein de la communauté juive. Et le personnage magnifique d'Ada jamais découragée et son âme magnifique dans le sacrifice.
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Le récit débute dans la capitale de l'Ukraine, alors province de l'empire russe, à l'aube du vingtième siècle. Il se concentre sur les destins croisés de deux enfants issus de deux branches opposées d'une même famille juive, les Sinner. La petite Ada et les siens gagnent péniblement leur pain d'humbles expédients au sein de la ville basse, le jeune Harry est quand à lui, l'héritier d'une dynastie de banquiers prospères regardant de haut ces cousins déshérités qu'ils daignent toutefois employer pour des besognes subalternes. Chassés de leur cité natale par la guerre imminente et interdits de retour une fois passée la Révolution d'Octobre, les Sinner s'établissent à Paris, chacun dans son monde. Ada, passionnée d'art depuis l'enfance, se lance dans une carrière de peintre et épouse sans amour son cousin Ben, avec qui elle a été élevée, pour s'assurer une certaine sécurité. Harry, de son côté fait avec succès ses premiers pas dans la bourgeoisie parisienne et parvient à obtenir la main d'une riche héritière. le hasard finira par les réunir et ils s'aimeront sans espoir, unis par le souvenir de leur exil, sans mesurer l'impact de cette liaison sur leur entourage dans une société où, riches comme pauvres, les juifs demeurent d'éternels étrangers, boucs émissaires faciles. Fille de la haute bourgeoisie de Kiev devenue une romancière célèbre dans son pays d'adoption avant qu'il la trahisse, l'autrice a mis beaucoup d'elle-même, de son rapport complexe à sa judéité et à son statut d'immigrée, dans ce très beau roman à l'écriture fluide et lyrique, d'une douceur mélancolique. Un ouvrage conseillé à tous les publics dès le collège.
Lien : https://leventdanslessteppes..
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> disait toujours ma professeur de lettres... En effet, si quelques similitudes viennent parfois se glisser sous les yeux pétillants du lecteur, il semble difficile de ne laisser à Irène Némirovsky l'entièreté de son propre talent. Cette histoire particulièrement témoigne d'un esprit littéraire aiguisé ainsi qu'un sens esthétique développé. Les personnages demeurent chatoyants et langoureux. Une vision quasiment lyrique de l'amour défendu
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Roman sur la douleur de l'exil, de poids de la société, l'amour impossible entre Ada et Harry, attirés l'un vers l'autre mais dont rien ne peut les réunir. Roman avec des sentiments forts et bouleversants.

Chaque livre d'Irène Némirovsky est un enchantement, toujours écrit dans une superbe langue, un écrivain exceptionnel.
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Magnifique roman, merveilleusement écrit, avec une sensibilité qui n'a rien à envier à celle de Zweig, où l'on retrouve la profondeur et le tragique de l'âme juive slave, toute d'exubérance, d'espoir, de peur et de fatalisme mêlés, mais dont la solidarité induite par un destin commun est battue en brèche, comme partout, par d'abyssales différences de classes sociales, qui viendront malheureusement à bout d'un amour fou de jeunesse, dont j'ai suivi de développement et le dénouement avec ravissement.
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Irène Némirovsky est un des plus grands écrivains du XXème siècle. Un génie de l'âme humaine a la plume acérée et subtile. Dans ce roman, il y a d'abord une histoire d'amour impossible entre deux personnages de classes sociales différentes, mais qui va tout de même éclater au grand jour. Les [...]
Lien : http://www.lirezvous.com/ire..
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Deux noms de femmes repris de la Bible et des destins croisés.
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