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EAN : 9782226156761
334 pages
Albin Michel (24/11/2004)
4.09/5   75 notes
Résumé :
Témoin des bouleversements de son siècle, Irène Némirovsky, morte à Auschwitz en 1942, est l'auteur d'une œuvre étonnante qui fait d'elle un des plus grands écrivains de l'entre-deux-guerres. À la croisée des cultures juive, française et slave, cette romancière ne cesse de surprendre par sa modernité. Comme la plupart des romans d'Irène Némirovsky, Les Chiens et les Loups (1940) n'est pas étranger au destin personnel de son auteur. Le sentiment d'un inconsolable exi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Offert par une amie de fac, en juin 1988- Paris- FNAC des Halles- Redécouverte décembre 2023


Lecture interpellante, brillante et acide !

Lu de nombreux textes de cette grande Dame des Lettres, tragiquement disparue en 1942....Lectures lointaines, étant restées vives dans mon souvenir...dont " le Bal" et " David Golder", etc.

En cette fin d'année 2023, entrepris une nouvelle fois des grands tris dans mon envahissante bibliothèque, afin d'offrir des compléments de surprises aux amis...

J'ai ainsi retrouvé, à ma grande honte, ce " petit délaissé ", qu'une amie d'université m'avait offert en 1988 !!

J'ai lu rapidement ce roman dont le style et l'esprit très mordant m'ont saisie...et laissée dans une certaine perplexité !

Et surtout, ce qui m'a vraiment interpellé c'est l'esprit cruellement incisif et polémique, frisant parfois la
" Caricature " lorsqu'elle parle de ses origines juives, dont elle peint quasiment au vitriol les comportements excessifs
de " sa race "... Troublant !

Ce qui était déjà très présent dans " David Golder" (*** choix significatif du patronyme, avec l'inclusion du mot " Gold / Or )

"Mais chacun , sans doute, porte en soi des rêves aussi insensés. Ou, peut-être, les Juifs seulement sont ainsi ? Nous sommes une race avide, affamée depuis si longtemps que la réalité ne suffit pas à nous nourrir.Il nous faut encore l'impossible. "

Roman qui parle des horreurs des ghettos, puis des pogroms, en Ukraine...Deux pauvres petits cousins, Ada et Ben, appartiennent à une célèbre famille: la famille Sinner; eux font partie de la branche pauvre et malchanceuse; un jour où désespérés, sans abri, affamés, les deux gamins se retrouvent à frapper la porte de l'autre partie de la famille ; la célèbre et la richissime, vivant sur les hauteurs de la ville, comme inacessible, où vit confortablement un autre cousin de leur âge : Harry...Cette confrontation de mondes diamétralement opposés va représenter le Choc absolu dans la tête de la petite Ada, sous le charme de ce petit cousin...vivant comme sur une planète étrangère...!

Un attachement indéfectible, absolu est né dans le coeur de la petite Ada....Cela va impacter désormais toute sa vie...
de multiples rebondissements amèneront Ada à recroiser, plus grande, ce cousin vénéré...Comme une Histoire d'Amour impossible...qui aura une brève chance...

Avec cette dichotomie entre les " bons Juifs", idéalistes, avec de nombreux talents artistiques, spirituels et les autres " Juifs", caricatures vivantes, cupides, prêts à tout pour réussir et survivre, cruels même avec leur parentèle pauvre !

Un roman - coup de poing, au contenu tranchant, à l' ironie grinçante, qui frappe là où ça fait le plus mal...

Lecture marquante , d'une acuité saisissante...qui interroge en profondeur...tous les racismes basiques et les images préconçues qui stigmatisent des groupes d'individus...mais aussi, ce qui est moins fréquent, c'est qu' Irène Nemirovsky analyse avec subtilité les ambivalences de ce même groupe discriminé envers les plus faibles d'entre eux...

Ce roman est comme une magnifique gravure sur bois, avec son relief âpre et contrasté.

Irène Nemirovsky décrit, revient en détails sur toutes les discriminations infligées aux Juifs, que cela soit sous le régime tsariste, ou après !!

"Ils avaient choisi ce quartier à cause de l'air pur que l'on y respirait, mais surtout parce que, en Russie, au commencement de ce siècle, sous le règne de Nicolas II, les Juifs n'étaient tolérés que dans certaines cités, dans certaines rues, et même, parfois d'un seul côté d'une rue, tandis que l'autre leur était interdit. "

Sur ce retour enthousiaste à l'oeuvre de cette brillante auteure, j'ai passé commande en livre de poche de son célèbre texte autobiographique, sauvé par une de ses filles, publié six décennies, après sa mort...Je voulais nommer " Suite Française "...




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" Elle l'interrompit violemment:
- Tu disais tout à l'heure que vous vous ressembliez!
- Comme le chien et le loup se ressemblent , fit-il en haussant les épaules."

Elle, c'est Ada, une jeune juive immigrée à Paris, après la Révolution d'octobre, peintre passionnée, fantasque, solitaire. Il, c'est Ben, son cousin qu'elle a épousé pour échapper comme lui à un destin désespérant. Et le troisième personnage évoqué est Harry, un lointain cousin riche, qu'elle a aimé passionnément , de loin, en rêve, dès sa plus tendre enfance à Kiev, vivant lui aussi maintenant dans la capitale française, au sein des beaux quartiers.

Ce triangle amoureux pourrait sembler banal, mais on se doute que sous la plume sensitive, minutieuse, acérée aussi de l'auteure, il va prendre une autre envergure, bien plus riche.

Irène Némirovsky sait comme personne restituer une ambiance, une époque. le Paris des années 20 et 30, au sein de la communauté juive, rappelle son propre passė. Elle fait preuve d'une lucidité extrême en ce qui concerne l'exil douloureux, l'impression d'être à jamais apatride, tout en égratignant au passage les travers des siens. Elle croque de façon saisissante les portraits de ses protagonistes, ils s'animent sous nos yeux.

Mais c'est le personnage complexe et attachant d'Ada qui a retenu surtout mon attention: réservée et entière, rêveuse et acharnée, elle reste elle-même, malgré les obstacles, les désirs fous. On la suit depuis ses jeunes années aux confins du ghetto pauvre de Kiev jusqu'à son arrivée à Paris, puis sa fuite ailleurs...

" Elle compta sur ses doigts , comme un enfant dénombre ses richesses: la peinture, le petit, le courage: avec cela, on peut vivre. On peut très bien vivre".

Ada la battante, Ada l'âme magnifique.


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Même s'il est loin d'être le meilleur d'Irène Némirovsky, ce court roman mérite qu'on lui consacre quelques heures.
Pour les personnages, trois jeunes cousins Ada, intelligente et artiste, Ben, avec lequel elle est élevée, débrouillard et arriviste, et Harry, riche et sensible, dont Ada tombe éperdument amoureuse dès l'enfance et dont elle parvient à conserver le rêve intact jusqu'à l'âge adulte.
J'ai beaucoup aimé la première partie du livre où Ada et Ben sont encore enfants, dans l'Ukraine des ghettos et des pogromes. Leurs jeux, leurs peurs et leurs rêves sont restitués d'une manière très émouvante. Et les différents membres de la famille sont très bien caractérisés, même si leur rôle est épisodique.
Curieusement, en devenant adultes, et immigrés dans le Paris des années 30, Ada et Ben semblent perdre de leur profondeur et se figer dans des stéréotypes. Quant au personnage d'Harry, c'est une sorte de pantin creux, qui fait à peu près tout ce qu'on attend de lui au moment voulu.
Comme toujours chez Irène Némirovsky, l'écriture est d'une grande limpidité ce qui m'a procuré un agréable moment de lecture.
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On ne peut ignorer un titre comme Les Chiens et les Loups et passer son chemin.
Encore une histoire d'exil et de coeurs brisés. Une petite fille Ada nous introduit dans sa famille, dans son monde. Et tout comme Liesel dans La Voleuse de livres, Ada nous fait partager des moments de douceur et de peine aussi.
Une panoplie de personnages l'entoure et seul un rêve empli de couleurs ses jours. le cri lancé par la jeune femme à la page 140 ne peut qu'emouvoir toutes les femmes du monde, celles qui ont prié pour l'amour d'un homme, celles qui ont gardé le fol espoir jusqu'aubout, celles qui ont rêvé si fort et si longtemps.
Magnifiques, les mots d'Iréne Némirovsky. Ils débordent de joie, de tristesse et d'amour et de bien d'autres sensations. Une histoire si émouvante.
Il faut découvrir Ada ne serait-ce que le temps d'une tasse de thé.
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Encore un texte merveilleusement écrit, avec finesse, sensibilité, douceur,poignant,mélancolique et bouleversant, qui évoque les douleurs de l'exil, pas étranger au destin de la grande Iréne Némirovsky, obligée de fuir Kiev et la révolution d'octobre, avec sa famille avant de se réfugier en France.....
Au centre de ce bel ouvrage se trouvent peints les destins tragiques et douloureux, l'amour fou et insensé entre Ada Sinner, enfant juive, pauvre, exilée à Paris,devenue une artiste peintre révoltée, mariée à son cousin Ben, fille d'Israel Sinner, commerçant veuf, élevée par sa tante Rhaîssa,maigre, vive, séche, et Harry Sinner,le riche cousin lointain, devenu banquier.....inaccessible et pourtant.....
Rien ne peut réunir ces deux là si ce n'est le sentiment de leur propre perte....
Je n'en dirai pas plus....
Un texte bouleversant sur le rappel de l'enfance et l'innocence perdues, sur la puissance et l'exaltation des souvenirs, sur la nostalgie du pays perdu...... sur la notion de sacrifice,sur les apparences et les tromperies, sur l'incapacité totale au bonheur.....
Un bijou de littérature , une écriture fluide, une rare finesse psychologique,sous la plume aiguisée de la grande Iréne Némirovsky , assassinée en 1942 à Auschwitz.
On peut le lire ou le relire, il n'a pas pris une ride mais ce n'est que mon avis!
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Elle avait vendu quelques tableaux.Elle dessinait des caricatures pour des journaux illustrés. Il se faisait un mouvement de curiosité autour de son nom, mais elle décourageait les snobs, les curieux, les enthousiastes professionnels et les spéculateurs de talents nouveaux.Elle eût trouvé ignoble de profiter de sa liaison avec Harry pour se montrer dans le monde, pour se faire des relations ou pour gagner de l'argent.En réalité, elle était restée, elle resterait toujours une enfant timide , à l'aise seulement dans une sauvage solitude. Laurence avait raison.Ada n'était pas une femme; elle n'avait aucun des défauts feminins, ni aucune de leurs vertus; elle ne savait pas faire de sa pauvre chambre un décor accueillant, ni créer autour d'elle une atmosphère aimable et paisible, mais au contraire, l'air qu'elle respirait semblait chargé d'une sourde fièvre et, si étrange que cela fût, c'était cela, avant toutes choses, ce qui attachait Harry à elle; elle lui procurait un aliment qui jusqu'ici avait fait défaut à sa vie mais qui lui était nécessaire sans qu'il le sût ; c'était une ardeur profonde, une passion intérieure qui donnait du prix aux moindres joies et qui parvenait à extraire des déceptions et des chagrins on ne savait quelle gaieté amère et sauvage.

( Bibliothèque Albin Michel, 1993, p.176)
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Ainsi, dans la famille des Sinner, le judaïsme ne donnait plus de joies, mais procurait encore beaucoup d'ennuis.(...)

(****pogroms) .
Ada, à huit ans, n (***)'en avait jamais vu, mais, comme on sait qu'il y a la mort, elle savait qu'il existait deux dangers qui ne ménageaient pas le reste de l'humanité, mais étaient dirigés plus spécialement contre les habitants de cette ville, de ce quartier ; tous deux pouvaient fondre sur elle à l'improviste (...)
Ces deux dangers étaient les pogroms et le choléra.

( Bibliothèque Albin Michel, 1988, p.39)
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Mais une catégorie sociale servait de lien entre les différents quartiers et gagnait durement son pain en courant d'une maison à une autre, de la ville basse à la ville haute.Le père d'Ada, Israël Sinner, faisait partie de cette confrérie des
" maklers", des intermédiaires. Ils avaient pour métier de vendre et d'acheter, pour le compte d'autrui, la betterave, le sucre, le blé, les machines agricoles, tout ce dont trafiquait l'Ukraine, mais ils pouvaient ajouter à leur liste de marchandises la soie et le thé, le rahat- kouloum et le charbon, le caviar de la Volga et les fruits venus de l'Asie, selon les besoins de la clientèle ; ils quémandaient, ils suppliaient, ils dénigraient le lot du rival; ils se lamentaient; ils se parjuraient, ils faisaient appel, pour emporter la commande, à toutes les ressources de leur imagination et de leur dialectique subtile; on les reconnaissait à leur parler rapide, à leurs gesticulations, à leur hâte en un temps et dans un pays où personne ne se hâtait, à leur humilité à leur opiniâtreté, à bien d'autres qualités qui leur étaient propres.

( Bibliothèque Albin Michel, 1988)
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Lorsque tante Rhaïssa l'invectivait, elle parvenait, à force de volonté, à regarder ce visage aigre, intelligent et dur non en fille maltraitée, mais en peintre, et eĺle reproduisait ensuite sur une page arrachée d'un cahier chaque trait qui s'était fixé dans sa mémoire. (..)
Le monde visible était rempli tout entier de formes et de couleurs que l'on ne pouvait retenir à jamais, qui, sans cesse, vous échappaient, mais cette recherche, cette poursuite, voici ce qu'il y avait de plus précieux sur la terre.

( Bibliothèque Albin Michel, 1988, p.87)
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Ils avaient choisi ce quartier à cause de l'air pur que l'on y respirait, mais surtout parce que, en Russie, au commencement de ce siècle, sous le règne de
Nicolas II, les Juifs n'étaient tolérés que dans certaines cités, dans certaines rues, et même, parfois d'un seul côté d'une rue, tandis que l'autre leur était interdit.

( Bibliothèque Albin Michel, 1988)
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Elle fut l'une des romancières les plus en vue des années 30 puis on l'a oublié après sa mort en déportation… jusqu'à sa redécouverte il y a quelques années. Son nom ? Irène Némirovsky;
« Suite française » d'Irène Némirovsky, c'est à lire aux éditions Denoël.
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