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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Encore une belle découverte. Un matin en allant au boulot, je descends la poubelle. Un carton, au fond, un livre : Les feux de l'automne d'Irène Némirovsky. Je le ramasse et m'empresse de lire la 4ème de couv'. Ça me plaît. La poubelle jaune me sourit de sa béance aux dents caoutchoutées noires étoilées. Je l'emporte, guilleret.
Raté, ce n'est pas elle qui dévorera cette nourriture spirituelle, d'autant que c'est un roman qui se déguste, tout en finesse et en sensibilité où les personnages ont un relief psychologique bien dessiné.
L'histoire galope d'un chapitre à l'autre, les phrases clés tombent comme des couperets attendrissants ou violents. Indéniablement, c'est une écriture féminine d'un être qui a souffert.

Bernard : « Une enfance de petit bourgeois, fermée de toutes parts ; le cercle de la famille dressé entre lui et le monde, formant d'infranchissables barrières ». La Grande guerre, quatre ans infernaux. Désinhibé. Ne peut rester dans la gangue de sa condition, plus rien à perdre, veut se griser…Marié à Thérèse, aimante-mièvre, vie calquée, enfants-carcans.
Les années 20 « chaudes et pleines comme des grappes. Viens et prends disaient les hommes et les femmes. Ne te demande pas si c'est bien ou mal surtout. C'est un temps heureux et sans scrupule. Profites-en.»
Renée-maitresse dessalée. Affaires prospères. Risques-Krach…Orgueil blessé-remords…

Tout le roman est là. Doit-on sauvegarder les valeurs de la famille ou écouter les sirènes de plaisirs exaltants ? Doit-on s'étourdir de faciles moments éphémères ou vivre pour embellir chaque jour le patrimoine d'une existence ?
Ne cherchez pas, la réponse n'est pas dans ce livre. Décidément, quelles que soient les périodes les sentiments humains sont intemporels.
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Roman de facture plutôt classique, qui aurait pu n'être qu'un énième roman réaliste dépeignant précisément les évènements français entre les première et seconde guerre mondiales, sans y apporter un souffle romanesque original, Les Feux de l'automne est, contre toute attente, une superbe fresque qui décrit, par l'intermédiaire de son protagoniste central, Bernard Jacquelain, archétype de la jeunesse sacrifiée pendant 1914-1918 qui décidera de brûler la chandelle par les deux bouts à son retour, et ce jusqu'à la conséquence fâcheuse d'une nouvelle guerre en 1939, toute une époque, celle de l'entre-deux-guerres, bercée d'optimisme pour un avenir radieux qui ne sera finalement qu'illusion.

A ses côtés, bien d'autres personnages, comme Thérèse Brun, jeune veuve de guerre ayant perdu son premier époux pendant la première guerre mondiale et qui épousera Bernard dans les années 1920, pour le meilleur comme pour le pire ; ses parents, les Jacquelain, petits bourgeois chez qui rien ne dépasse, et que Bernard ne supportera plus à son retour de la guerre ; Raymond Détang, connaissance d'avant-guerre qui s'enrichira sur le dos des conflits et qui mènera Bernard sur le chemin des plaisirs fugaces et de l'argent facile que recherche le jeune homme…, eux -mêmes des archétypes qui viennent renforcer, par la qualité et la finesse psychologiques avec laquelle Irène Némirovsky les caractérise, tout ce que Bernard apporte déjà à la compréhension beaucoup plus sombre, et pourtant beaucoup plus juste – le fait que l'auteure elle-même l'ait vécue apporte forcément beaucoup – d'une époque souvent considérée de manière plus noble et positive.

Encerclant cette peinture d'une grande acuité de l'entre-deux guerres, les deux conflits sont bien sûr présents, décrits dans leur violence, dans leurs conséquences désastreuses sur les civils autant que sur les soldats, par l'intermédiaire de descriptions éminemment visuelles et frappantes, qui s'intéressent également à l'individu, à son mal-être, à la façon dont la guerre le forge pour les plus jeunes, ou le transforme pour les moins jeunes, là encore par l'intermédiaire d'une très grande finesse psychologique.

Cette première incursion dans l'oeuvre de Némirovsky grâce à ce roman ne sera en somme pas la dernière : histoire individuelle et Histoire se mêlent à merveille pour mieux mettre en évidence les mouvements de l'âme humaine face aux contradictions et violences que l'Homme engendre justement dans le monde qui l'entoure. C'est écrit avec justesse, cela m'a donc convaincue.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Je viens de terminer la lecture de ce beau roman qui m'a beaucoup plu. D'une écriture,simple, élégante très visuelle, j'ai pris de d'intérêt à suivre la vie de Thérèse, jeune fille de la petite bourgeoisie parisienne, juste avant la déclaration de la guerre 14-18.
A peine mariée, la voilà veuve d'un mari affectueux et regretté.
Cependant la vie doit continuer; entourée de parents âgés qui lui conseillent de reprendre goût à la vie, elle tombe amoureuse d'un camarade d'enfance, le beau Bernard.
Celui-ci engagé volontaire en 1914 a donné 4 ans de sa vie à la France. Après les souffrances que l'on sait, dans cette période effroyable des tranchées, il est bien décidé à vivre et à rattraper le temps perdu de sa jeunesse par tous les moyens,. Il entre en relations avec un ancien camarade de jeunesse, dans un cercle d'hommes d'affaires trafiquants en tous genres. Engagé dans une vie tourbillonnante : luxe, voyages, femmes légères,argent vite gagné, vite perdu mais avec remords parfois..
Thérèse qu'il revoit de temps à autres espère de lui un amour qu'il semble mettre en réserve,. Sa nouvelle vie de luxe lui semble parfois indigne et superficielle.
La seconde guerre s'annonce, Thérèse est toujours là mais Bernard est de nouveau appelé sous les drapeaux.
Cette seconde partie du roman donne un portrait historique de cette époque et de la drôle de guerre.
Ce roman, très finement écrit, pose des sujets de réflexion, offre le portrait de personnages très vivants; un vrai plaisir de lecture qui réserve des surprises d'intrigues jusqu'à la dernière page.
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Thérèse est une jeune fille sage, qui, dans le Paris de la petite bourgeoisie des années 1910, se marie à son cousin Martial, jeune homme amoureux, sensible, et futur médecin. Mais dès le lendemain, l'heure de la guerre a sonné, les jeunes mariés n'ont pas le temps de s'installer que Martial est appelé dans les tranchées, d'où il ne reviendra jamais... Veuve inconsolable, Thérèse poursuit sa vie de femme seule, avant de prendre conscience du gâchis que la guerre a fait de sa vie. N'a-t-elle pas droit au bonheur elle aussi ? Alors que l'entre-deux-guerres voit les hommes faire avidement fortune et les femmes s'amuser follement, Thérèse est attirée par Bernard, ce jeune engagé, homme cynique et volage, qui a pris goût à l'argent facile. Et si un second mariage devait suivre, Bernard l'aimera-t-il ? Comment croire que ses déceptions ne seront pas immenses ?


Irène Némirovsky nous plonge rapidement dans son époque, romançant ainsi l'histoire de Thérèse et de son entourage familial depuis la guerre de 14 à celle de 39-45. Autant dans les faits, qui nous font revivre nos cours d'histoire, que dans la forme, par ce style classique d'avant, dont on peut être nostalgique parfois, tout contribue à créer cette ambiance du passé. Ensuite, il ressort de cettre fresque romanesque une critique acerbe de la bourgeoisie de l'époque : des gens hypocrites, protocolaires, égoïstes, matérialistes. Leurs choix de vie doivent se faire en considérant les intérêts potentiels. Et la condition des femmes comme Thérèse, elle n'est pas bien glorieuse. Contrairement à celles qui ont peu de scrupules, Thérèse subit, elle subit l'absence puis la perte de Martial son premier mari, elle subit le veuvage qui inquiète les autres, elle subit les frasques de Bernard, ses adultères répétés, elle élève leurs enfants, bien seule, elle subit la mort de son fils, elle attend des années sa libération alors qu'il est fait prisonnier pendant la Seconde Guerre Mondiale, prête à tout lui pardonner. Plus elle s'évertue à être irréprochable, plus le mauvais sort semble s'abattre sur elle. Irène Némirovsky en ferait presque un contre-exemple à ne pas suivre, une vie maladroitement gâchée.

[la suite sur le blog]
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Ils ont le même âge. Ils se connaissent depuis l'enfance. Ils ne savent pas encore que chacun de leurs destins portera la marque douloureuse des convulsions de la première moitié du vingtième siècle : pour lui, ce sera une nouvelle guerre qui succède à une première, à laquelle il a déjà consacré quatre ans de sa vie ; pour elle, ce sera un second mari qui remplace un précédent, mort pour la France.
L'histoire se déroule sur une trentaine d'années, de 1912 au début de la seconde guerre mondiale. Thérèse perd son premier mari, Martial, au cours de la première guerre mondiale, et voit partir le suivant, Bernard, mobilisé vingt-cinq ans plus tard. Un mari que le premier conflit mondial a transformé : intègre et patriote, au point de se porter volontaire avant ses dix-huit ans, il est blessé et revient des quatre années de guerre, en rejetant le mode de vie et les valeurs d'avant-guerre. Dans ces années dites folles, nées de la victoire, il est tenté par les combines qui peuvent permettre une vie facile et sans scrupules. Devenu arriviste et jouisseur, il est impliqué dans des malversations financières et, menant une vie dissolue, trompe Thérèse.
L'air de rien, sans fioriture, Irène Némirovsky nous offre ici le beau portrait d'une femme amoureuse, et qui reste digne malgré les épreuves de la vie, notamment celle que constitue l'adultère commis par Bernard. "Son amour n'était pas aveugle : les tendresses clairvoyantes sont les plus tenaces et les plus douloureuses. Elle n'oubliait pas la souffrance, l'abandon, mais de tout son coeur, elle les pardonnait" (Troisième partie - chapitre 10 - page 273).
L'ouvrage ne comporte pas beaucoup d'action. Il s'attarde davantage sur la description des différentes facettes de l'amour : le sentiment amoureux, ses allées et venues, ses incertitudes, l'amour conjugal, l'amour filial, l'amour maternel, l'amour paternel. Il comporte aussi une analyse fine des effets psychologiques de la première guerre mondiale, des années folles, des épreuves de la vie, et de l'échec : "Les quatre visages se tendaient vers l'horizon avec la même expression de joie, d'incrédulité et d'angoisse, car à ceux qui ont souffert, le bonheur, tout d'abord, paraît improbable" (Troisième partie - chapitre 10 - page 280).
Le roman se termine dans les premiers mois de la seconde guerre mondiale. Rédigé "à chaud" (Irène Némirovsky mourra à Auschwitz en août 1942), sans que soit connue l'issue du conflit, et donc sans regard rétrospectif, il constitue par ailleurs un témoignage de premier ordre sur ces années 1939-1940-1941, la "drôle de guerre", l'invasion allemande, la déroute de l'armée française, l'exode et les premiers mois de l'Occupation.
Le tout est raconté avec une écriture finement ciselée, qui en rend la lecture très agréable. Un travail d'orfèvre.
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Depuis toujours , Thérèse semble promise à Martial , un jeune médecin , sérieux, dévoué mais la guerre de 14 est déclarée et il doit partir après un bref mariage . Thérèse se retrouve veuve à 20 ans .Bernard , un ami de la famille , lui aussi part , engagé volontaire , heureux de servir son pays et persuadé que cette guerre durera peu . Il va vivre 4 années d'enfer et lorsqu'il revient , il n'a qu'une idée , profiter de la vie .Grâce à un ancien camarade , il rentre dans le monde du luxe , de l'argent facile , du trafic et des femmes faciles . Bien que très différents , Thérèse tombe amoureuse de lui et va connaitre une vie difficile car Bernard n'est ni fidèle , ni économe . Quand la seconde guerre éclate , il faut repartir au front .
Un superbe roman que j'ai découvert par hasard
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Une petite histoire poignante qui fait comprendre la grande histoire : les deux guerres mondiales, l'entre-deux guerres. Impression de plonger dans le monde de mes grands-parents contemporains de la 1ère guerre dont les récits ont bercé mon enfance à tel point qu'ils m'ont laissé une impression de "déjà vécu" ravivés par Irène Nemirovsky dont l'écriture est incomparable.
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Le livre retrace la vie d'un groupe de Parisiens petits bourgeois d'une guerre mondiale à une autre . Thérèse jeune mariée de 1914 devient très vite veuve et se remarie quelques années plus tard . Son premier mariage était celui de la raison . Dans le second, elle découvre l'amour non partagé . L'entre-deux guerres est décrit sans détours . La condition féminine évoquée ici permet de mesurer le chemin parcouru dans notre société sur une centaine d'années .
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Irène Némirovsky signe un roman d'amour sur fond d'une période de 1912 à 1941 avec une Première Guerre mondiale qui apporte son lot de tristesse et de joie.

Mais cette période compliquée peut-elle ouvrir toutes les routes de l'amour ?
Bernard est un bon vivant qui veut goûter à tous les plaisirs de la vie et qui après avoir mentalement souffert du front, ne pense qu'au jeu, à une vie amusante, passionnante, d'aventures et d'amantes…

De son côté Thérèse veut retrouver un mari, un foyer et des enfants après avoir perdu Martial une semaine seulement après son mariage.

Thérèse ne veut pas aimer sans volupté, sans amour, sans plaisir et Bernard déçu de son amante Renée voudra retrouver des bras aimants.

Mais peut-on à travers cet homme et cette femme y voir un amour complice ?
L'autrice qui est née en 1926 à Kiev et qui s'est exilée en France a connu ces visages que la mémoire n'a jamais oubliés et a réussi à retranscrire avec une belle justesse les instants d'envies, les inquiétudes, les interrogations, les amours éloignées.

Irène Némirovsky place les unions heureuses autour d'une communication en toute confiance, et non fondées sur l'ignorance et des demi-mesures.
Avec une histoire rebelle de bourgeois hypocrites comme l'a pu écrire plus tard Pierre LEMAITRE avec « au revoir là-haut » l'argent facile, la crise économique donne à la morale, le sentiment de vivre plus d'épreuves.
Les lignes ainsi se libèrent de la guerre dans l'emprise de l'amour.
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