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Citations sur La rose détachée et autres poèmes (102)

XLVIII - p. 192

Les conques, marines rondeurs,
sont-elles les seins des sirènes ?

Sont-elles vagues pétrifiées ?
Jeu immobile de l'écume ?

Le feu des lucioles sauvages
n'a t-il incendié la prairie ?

Les coiffeurs de l'automne ont-ils
ébouriffé les chrysanthèmes ?
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AUTRE CHATEAU

Je ne suis pas, je ne suis pas de braise ardente,
je suis fait de linge et de rhumatismes,
de papiers déchirés, de rendez-vous manqués,
de modestes signes rupestres
sur ce qui fut pierres d'orgueil.

Que reste-t-il du château de la pluie,
de cette adolescente avec ses tristes rêves,
de cette intention entrouverte
d'être aile déployée, d'être un aigle en plein ciel,
une flamme héraldique ?

Je ne suis pas, je ne suis pas l'éclair de feu
bleu, planté comme un javelot,
dans le coeur de quiconque échappe à l'amertume.

La vie n'est pas la pointe d'un couteau
ni le heurt d'une étoile,
elle est vieillissement dans une garde-robe,
soulier mille fois répété,
médaille qui rouille
dans les ténèbres d'un écrin.

Je ne demande ni rose nouvelle ni douleurs,
ni indifférence, elle me consume,
chaque signe a été écrit,
le sel avec le vent effacent l'écriture
et l'âme est maintenant un tambour muet
au bord d'un fleuve, de ce fleuve
qui continuera de couler où il coulait.
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(p.211)

Peux-tu m'aimer, abécédaire,
m'offrant un baiser substantif ?

Un dictionnaire est-il sépulcre
ou rayon de ruche fermée ?

A quel balcon suis-je resté
à regarder le temps enfoui ?

Ou ce que de loin je regarde
est-il ma vie encore à vivre ?
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ENIGME POUR LES TOURMENTES

Un jour parmi les jours de l'année à venir
je trouverai une heure différente :
une heure à chevelure cataracte,
une heure jamais encore écoulée :
comme si le temps, se cassant,
ouvrait une fenêtre :un orifice
par où nous glisser vers le fond.

Bon, ce jour là avec cette heure
arrivera et laissera tout transformé :
on ne saura plus si l'hier s'en est allé
ou si ce qui revient n'était jamais passé.

Lorsque de ce cadran une heure tombera
à terre, n'étant pas quiconque recueillie,
lorsque, enfin, nous aurons le temps bien amarré,
nous saurons vraiment où commencent
ou encore où s'achèvent les destins
car dans le tronçon mort ou simplement éteint
nous verrons clairement la matière des heures
comme on voit clairement la patte de l'insecte.

Et nous disposerons d'un pouvoir diabolique :
reculer dans le temps ou activer les heures,
regagner la naissance ou rejoindre la mort
avec un moteur dérobé à l'infini.
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XLVII - p.191

Entends tu des détonations
jaunes au milieu de l'automne ?

Quelle raison ou déraison
fait que la pluie pleure sa joie ?

Quels oiseaux dictent l'ordre à suivre
par la bande au cours de son vol ?

Où le colibri suspend-il
sa symétrie éblouissante ?
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(Si chaque jour ....)

Si chaque jour
tombe dans chaque nuit
il existe un puits
où la clarté se trouve enclose.

Il faut s'asseoir sur la margelle
du puits de l'ombre
pour y pêcher avec patience
la lumière qui s'y perdit.
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PIC SAUVAGE

Il est un pic sauvage
ici, sur le rivage ;
le vent en sa furie,
le sel et la colère,
depuis toujours, hier
et maintenant, et chaque siècle
l'ont attaqué :
il a des rides,
des antres, des crevasses,
des profils, des gradins,
des joues de granit,
et la mer sur le roc éclate,
elle y brise, amoureuse,
son baiser pervers, ses
éclairs d'écume,
son éclat de lune rageuse.
C'est un pic gris,
couleur d'âge, austère, infini,
lassé, puissant.
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(PARDON SI PAR MES YEUX ....)

Pardon si par mes yeux il n'est pas arrivé
d'autre clarté que l'écume de mer,
pardon mais mon espace
se déploie sans abri
et sans extrémité :
mon chant est monotone,
ma parole est un oiseau sombre,
faune de pierre et mer, désolation
d'une planète hivernale et incorruptible.
Pardon pour ce cheminement où se succèdent
l'eau, la roche, l'écume, le délire
de la marée : telle est ma solitude :
des bonds brusques de sel contre les murs
de mon être secret, si bien
que je suis un fragment
de l'hiver,
de l'étendue qui se répète
de cloche en cloche en tant de vagues
et d'un silence imitant une chevelure,
un silence d'algue, un chant sous les eaux.
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XXIX - p. 173

Quelle distance en mètres ronds
sépare soleil et oranges ?

Qui donc réveille le soleil
quand il dort sur son lit brûlant ?

La terre chante t-elle comme
un grillon dans le choeur céleste ?

La tristesse est-elle si vaste,
si ténue, la mélancolie ?
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LA BRANCHE VOLEE

Dans la nuit nous allons entrer
voler
une branche en fleur.

Nous allons franchir le mur,
dans les ténèbres du jardin de quelqu'un d'autre,
deux ombres dans l'ombre.

L'hiver n'est point parti encore
et l'on dirait que le pommier
brusquement s'est changé
en cascade d'étoiles parfumées.

Dans la nuit nous allons entrer
jusqu'à son tremblant firmament,
et tes petites mains avec les miennes
voleront les étoiles.

Alors, et en catimini,
chez nous,
dans l'ombre et dans la nuit,
entrera avec tes pas
le pas silencieux du parfum
et avec des pieds constellés
le corps lumineux du printemps.
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