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Il m'a fallu bien plus de 100 jours pour venir à bout de cette Centaine d'amour. Au début, elle ne m'inspirait que des rires bêtes devant les associations de mots bizarres, de l'ironie face à cet amour grandiloquent qui prend toute la place, et même un peu d'ennui. Mais, petit à petit, en lisant un sonnet à la fois, parfois à haute voix et en passant aux thèmes plus sombres du recueil, Le Soir et La Nuit, j'ai été touchée et émue. J'ai pu alors recommencer le recueil et, allant au-delà du persil et des châtaignes hirsutes, en apprécier toute la poésie et la beauté. La centaine d'amour n'a qu'un seul thème, l'amour de Pablo Neruda, écrivain, diplomate et politicien, alors à l'automne de sa vie, pour Mathilde, une chanteuse qui sera d'abord sa maîtresse puis sa troisième femme. Très intimes, ces poèmes étaient probablement au départ des cris d'amour pas du tout destinés à la publication. En 4 parties correspondant aux moments de la journée, ils évoquent le corps et l'esprit de Mathilde, le bien-être à ses côtés, le désir, les doutes, le réconfort, le bonheur... Le style est exigeant, évitant les lieux communs et les comparaisons faciles, pour nous proposer des vers souvent âpres et hachés, un vocabulaire étrange et foisonnant, et des éclairs d'émotion brute. Je ne dirai donc pas que cette lecture a été facile; mais elle a été riche, intéressante et forte. Pour moi, la poésie, surtout la poésie d'amour, est un rappel de ce qui compte vraiment dans la vie : les gens, les émotions, les relations, la nature, le beau, le vrai... C'était d'ailleurs très frappant de lire ces sonnets passionnés et de voir en parallèle le physique de vieux politicien au double menton qu'avait Neruda à cette époque, ou de suivre son engagement communiste. De quoi mettre à mal mes préjugés qui voudraient qu'une telle exaltation s'arrête à 20 ans ou exclue toute vie publique... Challenge Petits plaisirs 30/xx + Lire la suite |